Sortilèges croisés - T.1 [Terminée]

Chapitre 1 : Obscurité et Lumière (Partie 1)

Le soleil descendait lentement derrière les collines boisées qui entouraient Ravenswood, peignant le ciel de teintes orangées et violettes. Les derniers rayons du jour s'attardaient sur les façades des bâtiments, créant un jeu d'ombres et de lumière qui semblait presque vivant. C'était dans cette atmosphère crépusculaire qu'Aria Luminosa, 16 ans, arrivait en ville, le cœur battant d'un mélange d'appréhension et d'excitation.

Assise à l'arrière de la vieille Volvo familiale, Aria observait le paysage défiler à travers la fenêtre. Ses doigts jouaient distraitement avec ses écouteurs blancs, un geste devenu presque un tic nerveux ces derniers temps. Elle repensait à tout ce qu'elle avait laissé derrière elle : ses amis, son ancienne école, la vie qu'elle connaissait. Mais surtout, elle pensait à ce qui l'attendait dans cette nouvelle ville.

"Ça va aller, ma chérie ?" demanda Elena Luminosa depuis le siège conducteur, ses yeux inquiets croisant ceux de sa fille dans le rétroviseur.

Aria força un sourire, essayant de paraître plus confiante qu'elle ne l'était réellement. "Oui, maman. C'est juste... différent."

Elena hocha la tête, compréhensive. À 38 ans, elle portait les marques d'une beauté fatiguée par les soucis, ses longs cheveux blonds striés de quelques mèches grises prématurées. Elles savaient toutes les deux que ce déménagement était plus qu'un simple changement de décor. C'était une fuite, un nouveau départ, et peut-être leur dernière chance de mener une vie normale - ou aussi normale que possible pour des personnes comme elles.

"Ravenswood est une belle ville," dit Elena, tentant d'insuffler un peu d'optimisme dans sa voix. "J'y suis venue une fois, quand j'étais plus jeune. C'est calme, paisible. Un bon endroit pour recommencer."

Aria acquiesça distraitement, son regard attiré par les rues qui défilaient. Ravenswood semblait effectivement paisible, avec ses maisons victoriennes bien entretenues, ses rues bordées d'arbres, et son atmosphère de petite ville où tout le monde se connaît. C'était exactement le genre d'endroit où elles pourraient passer inaperçues. Du moins, c'était ce qu'elles espéraient.

Alors que la voiture s'engageait dans les rues résidentielles, Aria sentit un picotement familier au bout de ses doigts. Elle serra les poings, retenant son souffle. Pas maintenant, pensa-t-elle désespérément. Pas ici. Elle ferma les yeux, se concentrant sur sa respiration comme sa mère le lui avait appris. Inspire, expire. Lentement, calmement. Le picotement s'estompa, mais la tension dans ses épaules resta.

À quelques pâtés de maisons de là, Lucas Blackwood, 17 ans, rentrait chez lui après une longue journée de cours et d'entraînement de football américain. Grand et athlétique, avec des cheveux noirs en bataille et des yeux d'un brun si foncé qu'ils en paraissaient presque noirs, il était l'image même du quarterback vedette du lycée. Son sac de sport, rempli de son équipement de football, se balançait nonchalamment sur son épaule alors qu'il marchait d'un pas assuré sur le trottoir.
Mais Lucas portait un secret, un fardeau qui pesait lourdement sur ses épaules malgré son jeune âge. Chaque pas qu'il faisait était calculé, chaque mouvement contrôlé. Car Lucas Blackwood n'était pas un adolescent ordinaire, et Ravenswood n'était pas une ville ordinaire.

Il marchait d'un pas rapide, pressé de rentrer avant que la nuit ne tombe complètement. Les ombres s'allongeaient autour de lui, semblant presque danser à chacun de ses pas. Lucas les ignora du mieux qu'il put, concentré sur le chemin devant lui. Il ne pouvait pas se permettre de perdre le contrôle, pas ici, pas maintenant.

"Hé, Lucas !" Une voix familière le tira de ses pensées. Marcus Steel, son meilleur ami et coéquipier dans l'équipe de football, traversait la rue en courant pour le rejoindre.

Lucas s'arrêta, forçant un sourire sur son visage. "Salut, Marc. Qu'est-ce que tu fais dans le coin ?"

Marcus, un garçon au visage rond et jovial, mais avec la carrure solide d'un joueur de ligne offensive, sourit largement. "Je rentrais de la bibliothèque. Tu sais, certains d'entre nous doivent vraiment étudier pour rester dans l'équipe," plaisanta-t-il, donnant un coup de coude amical à Lucas.