Chapitre 11 - L'East End, ou l'art d'y refaire un petit tour

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Lorsqu'Elysio atterrit sur un sol dur en compagnie de Silver, Severus et Kaïto, ils restèrent silencieux quelques secondes. L'endroit leur était vaguement familier : ils étaient dans une ruelle boueuse où s'empilaient des ordures. Elle était sombre et puait la misère et la pauvreté à dix kilomètres à la ronde. Puisqu'ils étaient dans le souvenir de Diablo, ce dernier était forcément quelque part dans les parages. Le Serpentard se retourna et le vit, marchant sur le trottoir dégoûtant. Il portait toujours les mêmes vêtements que tous les autres fois où il avait pu le voir, mais cette fois, son visage affichait un air passablement répugné.

— Ce n'est pas près de chez ton père ? interrogea Kaïto alors que son conjoint suivait le demi-Wendigo.

— Si... mais on a dû faire un sacré retour dans le passé...

Ils marchèrent derrière Diablo en silence pendant quelques minutes, et il devenait presque certain qu'il venait dans ce coin pourri de Londres pour rendre visite au père de Silver. Ce fut définitivement confirmé lorsqu'il s'arrêta devant une maison qu'Elysio reconnut. Seulement, elle n'était pas aussi moisie que la dernière fois qu'il l'avait vue. Elle restait pourtant très poussiéreuse et miteuse. L'homme aux cheveux blancs leva la main pour frapper à la porte, mais s'immobilisa. Le jeune homme comprit rapidement ce qui avait attiré son attention : un cri. À en juger par la voix aigüe et terrorisée, c'était un enfant qui l'avait poussé. Sentant que son oncle se tendait à côté de lui, le Serpentard se rapprocha de lui. Diablo semblait quant à lui presque indifférent à ce hurlement de douleur. Il se contenta d'un soupir lassé et claqua des doigts. La porte s'ouvrit dans un déclic et manifestement trop dégoûté pour la toucher de la main, il la poussa du bout de la chaussure.

Sans y avoir été invité, il entra dans le couloir crasseux, dont le sol était déjà jonché de débris de bouteilles d'alcool. Sur une petite armoire, un cendrier débordait de mégots de cigarettes, et des emballages traînaient dans tous les coins. La porte de gauche qui menait — selon les souvenirs d'Elysio — à la cuisine était fermée. Mais en revanche, celle de droite, qui conduisait au salon était grande ouverte.

Et c'était de là que s'élevaient des cris de douleurs mêlés à des hurlements de rage !

Il n'était pas difficile de reconnaître Marius Shigaki : sa large silhouette musculeuse n'était plus inconnue du Serpentard. Ses cheveux noirs étaient aussi courts que les autres fois qu'il l'avait vu, et il avait toujours cette apparence sauvagement négligée.

À ses pieds se trouvait un garçon d'à peine cinq ans, qui devait à peine dépasser un mètre. Ses cheveux noirs étaient trop longs, sales et emmêlés. Son nez saignait et dans une puissante quinte de toux, il cracha une gerbe de sang qui éclaboussa le sol. Et lorsque le gamin releva la tête pour regarder le nouveau venu, ce fut une douche froide pour tous les observateurs.

Ses yeux bleu clair remplis de larmes ne laissaient aucun doute sur son identité.

Elysio sentit son grand-père tomber à côté de lui, et il le rattrapa juste avant qu'il ne s'effondre par terre. Kaïto l'aida à s'asseoir contre le mur. Le surveillant se prit la tête à deux mains, la respiration tellement rapide qu'il semblait faire une crise de panique, fixant l'enfant qu'il avait été.

Le petit Silver continuait de sangloter, regardant ses mains ensanglantées avec épouvante. Si Elysio avait pu le faire, il savait qu'il se serait précipité pour aider le garçon, qu'il l'aurait consolé et soigné, qu'il aurait tout fait pour le rassurer.

Mais cela ne semblait pas du tout être la priorité de son père, qui prit simplement sa cigarette entre ses doigts pour expirer un nuage de fumée malodorante en soupirant de bien-être. Diablo ne semblait pas plus concerné que lui, regardant simplement la scène comme s'il était lui-même en train de visionner le souvenir.

Partie 2 - Les ChasseursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant