Sortilèges croisés - T.1 [Terminée]

Chapitre 3 : Secrets et Soupçons (Partie 2)

L'après-midi semblait s'étirer interminablement pour Lucas. Chaque cours était une torture, son esprit ne cessant de revenir à Aria et aux mystères qui l'entouraient. Il prenait des notes machinalement, son stylo griffonnant des mots qu'il ne lisait même pas, tandis que ses yeux cherchaient constamment la silhouette familière d'Aria dans les couloirs entre les cours.

Enfin, l'heure du cours de sciences arriva. Lucas entra dans le laboratoire, son cœur battant un peu plus vite à l'idée de revoir Aria. Elle était déjà là, assise à leur paillasse habituelle, ses yeux fixés sur le manuel ouvert devant elle. Quand Lucas s'approcha, elle leva les yeux, un petit sourire nerveux jouant sur ses lèvres.

"Hey," dit-il doucement en s'asseyant à côté d'elle.

"Hey," répondit-elle, sa voix à peine audible par-dessus le brouhaha de la classe qui s'installait.

Lucas ouvrit la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi, mais le professeur Chen choisit ce moment pour commencer le cours. "Aujourd'hui," annonça-t-elle, "nous allons étudier les réactions chimiques exothermiques. Vous travaillerez en binômes pour observer et noter les changements de température lors de différentes réactions."

Alors qu'ils commençaient à rassembler le matériel nécessaire, Lucas ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à Aria. Elle semblait tendue, ses mouvements un peu trop précis, un peu trop contrôlés. Il se demanda si elle ressentait la même tension que lui, cette électricité presque palpable qui semblait crépiter entre eux.

"Passe-moi le thermomètre, s'il te plaît," demanda Aria, le tirant de ses pensées.

Lucas tendit la main pour saisir l'instrument, au même moment qu'Aria. Leurs doigts se frôlèrent et... rien. Pas d'étincelle, pas de courant électrique. Juste le contact ordinaire de deux peaux. Lucas fronça les sourcils, déçu malgré lui. Avait-il imaginé toute cette histoire ?

Ils travaillèrent en silence pendant un moment, chacun concentré sur sa tâche. Lucas versait soigneusement les produits chimiques dans le bécher tandis qu'Aria notait les changements de température. C'était un travail routinier, presque ennuyeux, et pourtant Lucas ne pouvait s'empêcher de sentir une tension sous-jacente, comme si quelque chose d'important était sur le point de se produire.

"Aria," commença-t-il finalement, incapable de supporter le silence plus longtemps. "À propos de ce qui s'est passé l'autre jour, dans le couloir..."

Aria se raidit visiblement. "Quoi donc ?" demanda-t-elle, sa voix soudain tendue.

Lucas hésita. Comment pouvait-il formuler ça sans avoir l'air complètement fou ? "Tu n'as pas remarqué quelque chose de... bizarre ? Avec les lumières, je veux dire."

Aria le regarda un long moment, ses yeux scrutant son visage comme si elle cherchait quelque chose. Finalement, elle secoua la tête. "Je ne vois pas de quoi tu parles, Lucas," dit-elle, mais il y avait quelque chose dans sa voix, une note de... quoi ? Peur ? Mensonge ?

Lucas était sur le point d'insister quand soudain, le bécher devant eux commença à fumer de manière alarmante. "Oh non," murmura Aria, reculant instinctivement.

Sans réfléchir, Lucas tendit la main pour éloigner le bécher fumant. Au moment où ses doigts touchèrent le verre, une douleur fulgurante lui traversa la main. Il laissa échapper un cri étouffé, retirant brusquement sa main.

"Lucas !" s'exclama Aria, saisissant sa main blessée entre les siennes.

Et c'est là que ça se produisit. Pendant une fraction de seconde, Lucas aurait juré voir une douce lueur émaner des mains d'Aria. La douleur dans sa main diminua presque instantanément, remplacée par une sensation de fraîcheur apaisante.