La menace

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Une fois dehors, je respire l'air frais et cela m'éclaircis un peu les idées.

Mais qu'est ce qui m'a pris ?

Qu'est-ce que je suis allée faire ?

Notre discussion -si on peut appeler ça une discussion- me revient en mémoire.

Sa remarque sur la popularité m'a profondément blessé. Je pensais qu'il me voyait mieux que ça. Il m'a dégouté.

Par sa soeur, je savais précisément comment les filles agissaient avec lui mais pas au point qu'il me prenne pour l'une d'entre elles. Cela, je ne l'accepterais jamais. Je ne leur ressemble pas.

Soudain, une petite alarme sonne. Je regarde ma montre et voit qu'il est 19h. Je dois retrouver Philippine avant qu'elle ne me trucide !

Je cours quand, à mi chemin entre le dortoir des garçons et le dortoir des filles, je reçois une goutte sur mon bras.

Je m'arrête et lève les yeux vers le ciel. De gros nuages noirs terrifiants sont rassemblés. Je sens la grosse averse arriver et je pique un sprint pour rejoindre le bâtiment des filles.

Une fois sous le petit préau qui en longe la façade, l'averse tombe. Il était temps. J'entre et trouve rapidement mon couloir. Philippine sort justement de sa chambre avec Flore. Estelle sort de la mienne.

Je les arrête immédiatement. 

- A vos capuches et parapluies mesdames ! leur dis-je avec un sourire.

Je sais qu'elle vont râler et leur figure me fais toujours rire.

- Non, c'est pas vrai ! gémit Flore en retournant dans sa chambre. Elle en ressort avec son parapluie et celui de Phili.

Je sais que Flore va être grognon toute la soirée à cause du mauvais temps. Je la connais par coeur même si ce n'est pas ma meilleure amie mais celle de ma soeur.

Phili prend le sien et m'attrape par le bras en direction de la sortie que je viens à peine de franchir. Elle marche d'un pas rapide et je sais à son attitude qu'elle veut me dire quelque chose mais qu'elle ne veut pas que sa coloc ni ma soeur nous entende.

Une fois assez loin des oreilles indiscrètes, elle ralentit l'allure.

- Pourquoi as-tu été aussi longue ? me demande-t-elle alors.

Je ne sais pas vraiment quoi répondre. J'essaie de trouver une excuse bidon mais je sais qu'elle ne me croira jamais. Je tente tout de même.

- Je... j'avais oublié quelque chose dans la chambre de ton frère. Il est tombé de ma poche.

- Mais oui, mais oui... dit-elle d'un ton sarcastique.

Je savais que ça n'allait pas marcher.

Mais je ne m'attendais pas à ce que les choses deviennent moins agréable pour moi.

Dans un tournant, Philippine me poussa dans un placard à balais et referma la porte derrière elle. Elle alluma tout  de même la lumière.

Là, je vis un visage que je ne lui connaissais pas : menaçant, méfiant et froid.

- Si tu es l'une de ses garces qui ne veulent faire amie-amie avec moi juste pour avoir mon frère dans sa poche, tu te trompes de personne ma vieille !

Son ton est froid comme la glace et des frissons me parcourt le corps. Me voit-elle vraiment de cette manière ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? lui demandais-je paniquée.

- Dis moi pourquoi tu es restée aussi longtemps avec mon frère ! dit-elle en ignorant ma question.

Cette fois, la peur est remplacée par la colère. Cela fait la deuxième fois de la journée en même pas une heure qu'on me traite de garce.

Je la repousse fermement.

- Je vais te dire pourquoi je suis restée si longtemps avec Timothée, lui dis-je d'un ton où elle pouvait très bien deviner mon humeur actuelle. J'y suis restée parce qu'il m'a aussi comparée avec ces filles et que je ne l'ai pas très bien pris et donc que je lui ai clairement dit que je n'en étais pas une ! Alors maintenant, cessez d'être paranoïaque tous les deux et laissez moi tranquille.

Après ça, je partis sans plus de détail. Heureusement, tout ça s'était passé très vite et Estelle et Flore était encore loin derrière.

J'entendis alors des pas précipités derrière moi.

- Attends, Maria !

C'était la voix de Phili. Elle était radoucie mais inquiète.

Je m'arrêtais mais sans me retourner.

- Je...pardon, me dit-elle. Je ne voulais pas te mettre dans un tel état mais tu comprends, dans mon collège, je n'avais aucune amie et celles qui s'intéressaient à moi, s'intéressaient en fait à mon frère. Si je les invitaient chez moi, elles avaient plus de chances de parler avec lui. Moi, je n'étais rien à part une chance de voir Tim. Je sais bien que je n'aurais pas du douter de toi mais quand je ne t'ai pas vue revenir avec moi, j'ai eu peur que tu me laisses tomber comme les autres le faisaient.

Sa voix se brisa légèrement sur les derniers mots. Cette fois, je me retournais.

Je la vis alors, la tête baissée, se tripotant les mains en un tique nerveux, les épaules voutées. Ma colère s'en alla d'un coup face à son attitude.

- Eh, ce n'est pas grave d'accord ? lui dis-je d'un ton plus doux que tout à l'heure. Il faut que tu saches que même si je parles à ton frère, ce n'est pas pour avoir un quelquoncque avantage comme la popularité du fait de sortir avec lui. Au départ, je...

Mais je m'arrêtais avant de lui dire ce que je voulais réellement au départ de la part de son frère. C'était tellement ridicule !

- Tu ? tu quoi ? me demanda-t-elle soudain intrigué par mon hésitation.

- Rien, laisse tomber ! C'est complètement débile, répondis-je avec un sourire timide en repensant à mon attitude dans la chambre de Timothé.

- Bien sûr que non ! Je veux tout savoir ! répliqua-t-elle ayant retrouvé son énergie et sa bonne humeur habituelle.

- Au fait, dis-je en essayant de changer de sujet. C'était quoi le livre que tu lui as volé ?

- C'est son recueil d'histoire mais ne change pas de sujet trop vite ma coquotte ! Je veux savoir !

Elle avait pris le ton d'une gamine implorante face à ses parents qui ne voulaient pas lui offrir le cadeau de ses rêves.

J'éclatais de rire.

Elle me prit sous le bras et nous continuons notre route vers le réfectoire avec bonne humeur cette fois-ci.

Sur le chemin, je tiens bon face à ses demandes. Mais je sens que je vais bientôt devoir lui dire. Des meilleures amies se disent tout. Et j'ai bien l'intention qu'on le devienne.

La chose la plus effrayante et la plus merveilleuse au monde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant