chapitre 5

3 1 0
                                    

Le lendemain, lorsque Philomèle se réveilla, la nounou lui demanda s'il s'était passé quelque chose la nuit précédente tout en arborant un profond froncement de sourcils.

"La nuit dernière ? Non. Pourquoi cette question ? Il s'est passé quelque chose ?"

"Peu importe... Cela n'a pas d'importance."

‘Il se passe quelque chose ?’ Philomèle la dévisagea avec méfiance, mais la nounou changea de sujet.

"Au fait, Sa Majesté vous a envoyé un fruit de l'Arbre-Monde, réputé bénéfique pour récupérer de l'énergie."

"Sa Majesté ?" Philomèle demanda, les yeux écarquillés.

"Oui. Tu devrais le remercier la prochaine fois que tu le verras. Pourquoi gaspiller quelque chose d'aussi précieux pour un simple rhume ?"

L'Arbre-Monde était un arbre sacré qui poussait au centre du continent. Ses fruits étaient extrêmement efficaces pour aider les gens à retrouver leur force. Un remède aussi coûteux, capable de redonner de l'énergie à un homme de quatre-vingts ans, n'était apparemment rien de plus qu'un remède contre la toux pour l'empereur.
Ce n'était pas si surprenant, étant donné que plus de dix de ces fruits lui étaient offerts en hommage chaque année, mais il était totalement inattendu qu'il en ait donné un à Philomèle. Si elle n'avait rien su, elle aurait été ravie, pensant qu'il lui témoignait enfin un peu d'amour paternel. 
Aujourd'hui, elle supposait que Polan l'avait envoyé au nom de l'empereur. Bien qu'elle apprécié le geste du comte, il n'essayait pas d'être gentil avec Philomèle, mais avec la fille de l'empereur. Elle répondit consciencieusement.

"D'accord. Dites-lui que je lui suis extrêmement reconnaissante pour ce remède que je sais ne pas mériter. Apportez-moi le fruit avec mon médicament."

"Hein ? C'est tout ce que tu as à dire ?"

"Pourquoi ? Dois-je en dire plus ?"

"Non... Ce n'est rien."

La nounou sembla décontenancée par sa réponse peu enthousiaste, mais passa rapidement au sujet suivant.

"Oh, et le seigneur Abridon a demandé la permission de venir te voir, après avoir appris que tu étais tombée malade."

Elle parlait de Nassar Abridon, le fiancé de Philomèle.

"C'est vrai ?"

"Il a dit qu'il viendrait te voir au moment qui te conviendrait. Quand veux-tu qu'il vienne ?"

Philomèle se sentait beaucoup mieux depuis qu'elle s'était reposée toute la journée de la veille. Ses symptômes s'étaient également améliorés.

"Pouvez-vous demander qu'il vienne dans l'après-midi, si possible ? Si cela ne lui convient pas, il peux venir demain"

répondit-elle en pensant au garçon qui l'avait dévisagée alors qu'elle se tenait sous la pluie.
Une réponse ne tarda pas à arriver du manoir du duc, l'informant qu'il passerait dans l'après-midi. Philomèle serra ses draps en pensant au beau visage de Nassar Abridon. C'était l'occasion pour elle de connaître ses véritables sentiments, lui qui s'était toujours montré très affectueux à son égard.
Philomèle avait fulminé de colère en apprenant que Nassar était destiné à épouser Ellensia dans le roman. Non seulement la jeune fille lui avait pris son père et son titre, mais elle lui avait aussi volé son fiancé.
Dans le livre, Nassar était romantique, expressif et dévoué, comme le protagoniste masculin d'un roman romantique devrait l'être. Il y avait un bémol : il n'était comme ça qu'avec Ellensia. Cela ne ressemblait pas du tout au Nassar que Philomèle connaissait.
Mais depuis le début il n'a jamais été mien…’ Si elle devait finir par apprendre l'amère vérité de toute façon, il valait mieux en finir rapidement. Retarder l'inévitable ne ferait qu'empirer les choses. Elle se dirigea vers l'endroit où elle avait convenu de le rencontrer.

Philomèle, l'imposteur | Philomel The Fake Traduction FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant