Ève
Un an plus tôt, septembreIl ne m'aura fallu qu'un sourire dans ma direction, une paire d' yeux bleus pour que mon cœur s'emballe pour la vedette des hockeyeurs. Entouré de ses groupies, il m'a sans doute adressé ce sourire comme il l'aurait fait avec toutes les filles présentes mais moi, je ne suis pas comme elles.
Je ne vois que lui mais il ne m'a pas vu.
C'est ma première journée à l'université, j'ai l'habitude de passer mes soirées, plongée dans un livre. Habituellement, rien ne vient entraver mon quotidien. J'avance sans me retourner, et surtout pas à accorder du temps à ce genre de futilité.
Mais il faut croire que les arguments de Perséphone ont été convaincants. Première soirée, et me voilà en train d'attendre ma meilleure amie au milieu de la piste. Je ne sais pas danser, je ne sais pas ce que je fais ici et mes yeux ne se décrochent pas de ce brun aux yeux bleus.
— Bois le cul sec, me surprend Pers. Le premier est non-négociable.
Le liquide vert pomme ne me met pas en confiance, mon visage retranscrit mon dégoût mais la blonde ne me laisse pas le choix. Je vais boire ce verre, coûte que coûte.
— Arrête de tirer cette tête, j'en ai déjà bu trois, insiste-t-elle.
Elle rapproche son visage du mien, ses yeux vairons m'envoûtent tandis que les strasses de son haut viennent brûler ma peau fragile. Le contraste de sa peau bronzée et de la mienne me marque, Persephone n'a rien à envier des femmes présentes dans cette maison étudiante. Dans sa mini-jupe, il lui suffit d'agiter les cheveux pour qu'on la remarque. Sa bouche pulpeuse, joliment dessinée d'un crayon rouge, n'attend que d'être dévorée.
Je dévorais bien celle du brun...
Comme une alerte qui me ramène sur terre, je calme ma libido et enfonce son verre au fond de ma gorge. Le rire de Perséphone se mêle à la musique, et le mien ne tarde pas à suivre.
— C'est vraiment excellent ! avalé-je le sien.
Son visage estomaqué m'arrête un court instant, ses bras se croisent et elle finit par me glisser à l'oreille :
— Ce mec te dévore des yeux...
Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui elle parle.
Il aura fallu deux verres pour qu'il daigne planter ses yeux dans les miens. Ma main s'agite dans la direction du brun mais la seconde d'après, son attention est déjà reportée sur d'autres filles.
— Il vient de te snober ? m'interroge ma meilleure amie.
— On dirait bien. Je vais me chercher un verre.
Je n'attends pas qu'elle réponde et m'enfonce au fond de la pièce. Tout à coup, je me rends compte du monde présent, des filles à moitié nues et surtout, de l'odeur de drogue qui plane dans l'air. Toutes mes forces ne se focalisent que sur un but, ne plus regarder dans la direction de ce hockeyeur... bien que mon cœur veuille battre pour lui.
Je me sens seule au milieu de la foule. Je ne ressemble pas à poisson de l'eau, mais plutôt celui qui rebondit sur le bord et qui s'apprête à mourir. Mon livre me manque, mes personnages et mon envie de m'évader de cette réalité aussi. Au moins, dans ces moments-là, je ne suis pas seule.
Cette solitude que je ne supporte plus.
— Scott est un con.
Surpris qu'on me parle, je fais quelques pas en arrière et me tape contre le bar.
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𝙃𝙊𝙋𝙀𝙇𝙀𝙎𝙎
RomanceLa vie est ironique. Quand elle te donne quelque chose, ou quelqu'un, elle finit par le reprendre au moment où tu y attaches le plus d'importance. Ève Murphy n'a jamais reçu d'amour de la part de son père, alors quand Scott, la star de hockey lui a...