Chapitre 2 : réveil

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     Une énorme migraine. C'est la première sensation qui m'envahit tandis que je reprends doucement conscience. Je garde les paupières étroitement closes et je respire profondément à plusieurs reprises dans l'espoir de faire passer la nausée. Cependant, l'odeur fétide qui m'agresse me fait immédiatement grimacer et m'arrache un haut le cœur. Pendant un instant, je ne me rappelle pas ce qui s'est passé ni pourquoi je me sens aussi mal. Puis tout me revient : la voiture, l'enlèvement ! J'ouvre les yeux, terrifiée à l'idée de ce qui m'attend.

    Je reste bouche bée devant le spectacle qui s'offre à moi, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. La pièce dans laquelle je me trouve est sombre et rectangulaire. Il n'y a pas de fenêtres et l'unique source de lumière provient d'une ampoule dénudée qui pend tristement du plafond, diffusant une lueur faible et incertaine. Ma première pensée cohérente est que je suis entièrement nue. Il s'agit toutefois du moindre de mes problèmes puisque je suis également solidement entravée. Mes poignets sont attachés au mur, à cinquante centimètres de part et d'autre de ma tête, par des sangles en cuir. Et comble de l'horreur, je suis assise sur une sorte de chaise en forme de V, si bien que mon sexe est largement ouvert et visible. D'autres sangles, au niveau de mes cuisses et de mes tibias, m'obligent à garder cette position vulgaire et humiliante. Je reste figée d'horreur, les sens assaillis de toute part. La chair de poule me gagne et je me mets à claquer des dents, autant de peur que de froid. Mon souffle forme de petits nuages de condensation, preuve de la température glaciale qui règne dans cette geôle. Pour ne rien arranger, la chaise en métal sur laquelle je suis fixée et le mur de pierre dans mon dos semblent l'un et l'autre vouloir aspirer ma chaleur corporel. A l'inverse, les zones de mon corps entravées par le cuir sont soumises à une brûlure particulièrement douloureuse. Les frottements et la pression exercée par les liens depuis une durée indéterminée ont provoqué une inflammation, et la souffrance qui en résulte me fait monter les larmes aux yeux.

    Mais pire encore que d'être nue et attachée, pire encore que d'être prisonnière d'un sadique dont je ne connais pas le visage, c'est de m'apercevoir que je ne suis pas la seule dans cette situation. Sur le mur à ma droite se trouve une porte métallique, seule sortie de cette pièce. Et sur les trois autres murs sont prisonniers une douzaine d'autres jeunes, filles et garçons, dont la moitié sont encore évanouis. Malgré la lueur hésitante de l'ampoule, il me semble apercevoir huit filles et trois garçons. Aucun d'eux ne semble avoir plus de vingt ans. Les gémissements d'horreur et de terreur qui secouent les prisonniers réveillés m'arrachent un frisson d'effroi. Un hurlement, aussi bref que strident, me perce les tympans et je sens mon cœur s'emballer, contaminé par la peur ambiante. Certains des autres prisonniers, tout aussi incapable de bouger que moi, se sont soulagés à même le sol sans que je ne sache si c'est à cause de la peur ou parce qu'ils sont là depuis longtemps. L'odeur qui en résulte est presque insupportable.

     Mue par l'épouvante et la souffrance, je commence à tirer sur mes liens de façon complètement désordonnée, la respiration rendu haletante par la panique

« C'est inutile, les liens sont trop solides. »

Je me tourne vers la voix. À ma droite se tient une très belle jeune fille. Ses cheveux blonds lui tombent sur les épaules et dans le dos en cascade, elle possède des yeux vert clair magnifiques, bien que noyés de larmes pour le moment. Et sa position, similaire à la mienne, me force à constater qu'elle a un corps superbe et des formes voluptueuses.

« Ça fait un moment que je suis réveillée, impossible de me libérer. » Sa lèvre tremble sous l'effort qu'elle doit faire pour ne pas sangloter.

    Puisant dans mes maigres réserves de courage, je me calme et observe avec attention les sangles qui maintiennent mes mains en hauteur. Larges de cinq ou six centimètres, elles sont étroitement serrées et attachées au mur par une courte chainette. Je prends quelques courtes respirations et lutte contre l'instinct qui me hurle de me débattre en tous sens : la jeune fille blonde a raison, je ne pourrais pas me libérer seule, inutile de me blesser davantage en ruant inutilement. Je me redresse tant bien que mal et lance un rapide coup d'œil dans la pièce. En face de moi se tient un jeune homme noir. S'il a entendu ma voisine, il ne tient aucun compte de ce qu'elle vient de dire et continue de se débattre violemment contre ses liens. Même dans l'obscurité, j'aperçois le sang qui coule de son poignet droit à son biceps. J'ignore depuis combien de temps il se bat ainsi mais sa peau semble avoir cédé bien avant la menotte de cuir. À sa gauche est assise une jeune fille à l'allure étrange. Elle se tient très droite sur sa chaise, ne tente pas de débattre et paraît très calme malgré la situation actuelle. Elle nous contemple avec curiosité et un brin de mépris.

L'école des soumisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant