Chapitre 5 | 𝒜𝒸𝒽𝓁𝓎𝓈

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Nous arrivons les derniers. Il faut croire que c'est devenu une habitude avec moi.

Dès que nous rentrons, Asclépios se rend au côté de Kratos, qui est de dos à tous les membres. Il observe le paysage, ou peut-être le ciel, qui sait.

Les membres sont éparpillés dans cette grande pièce à vivre.

Les jumeaux Paz, Alètheia et Hypnos sont assis sur le canapé, tandis que Ménétios est assis à la table.

Je préfère rester à l'écart d'eux car je sais pertinemment que si je les rejoins sur le canapé, ils vont me poser des questions auxquelles je n'ai pas forcément envie de répondre.

Je m'adosse à l'embrasure de porte, ce qui me permet d'avoir une vue d'ensemble et donc de les observer chacun leur tour.

Hypnos, comme à son habitude, est assoupi sur l'épaule d'Alètheia. Le nom qu'il porte le représente parfaitement bien étant donné que Hypnos, dans la mythologie grecque, est le dieu du sommeil.

Les parents des membres, pour la plupart, n'ont pas tous été des bons parents mais il faut remarquer que leur choix de prénom sied à merveille leur enfant - aux membres -. Je suis, peut-être, l'exception à la règle. 

Alètheia, ma meilleure amie, a elle le nez rivé sur son téléphone, elle est très silencieuse. Ses yeux sont bouffis et rouge, on peut clairement distinguer qu'elle a, beaucoup, pleuré.

J'aimerais m'approcher d'elle, la prendre dans mes bras, pleurer avec elle, mais je n'y arrive pas, c'est au-dessus de mes forces. Mon cœur s'est comme scellé depuis sa mort.

Depuis ce soir-là, aucune larme n'a coulé et je m'en veux, énormément. Je culpabilise, je me sens horrible, comment est-ce que je peux ne pas pleurer la mort de mon meilleur ami, l'une des personnes qui me chérissait le plus et que j'estimais comme ma nouvelle famille ? Je ne sais pas, j'ai beau essayer de trouver une raison à cela, je n'en trouve aucune.

Contrairement à Hypnos et Alètheia, les jumeaux Paz ont leur regard rivé sur moi et je peux percevoir l'inquiétude dans leur regard, surtout dans celui de Thanatos.

Je lis sur ses lèvres qu'il me demande si ça va, je hoche timidement la tête, sachant pertinemment que non ça ne va pas. Je sais qu'il a pleinement conscience que c'est un mensonge, mais il ne dit rien de plus et se contente de me sourire chaleureusement.

Instinctivement, en voyant son sourire, je pense à celui d'Hélios.

Pendant ce temps-là, je sens le regard de Moros descendre vers ma cuisse. Je détourne très vite mon attention de lui pour ne pas avoir à subir ses questions ou même ses réprimandes, et je la porte sur Kratos, ignorant Ménétios et ses nombreux regards mauvais.

Cette fois, Kratos est tourné vers nous, le teint pâle, il est plus qu'évident que nous ne sommes pas réunis ici pour des raisons joyeuses.

- J'aurais préféré qu'on ne se réunisse jamais, ici, pour la perte d'un de nos membres.

Sa voix est calme et posée, pourtant, je pense distinguer un léger tremblement dans sa voix.

Son regard vient accrocher le mien.

- Je sais combien vous étiez attaché à lui -

- Hélios, le coupai-je.

Je refuse qu'on n'ose plus dire son prénom juste parce qu'il est mort.

- Tiens, cette fois, tu ne l'as pas oublié, me dit Ménétios.

Je ne cherche pas à comprendre ce qu'il sous-entend, je n'en ai pas la force. Je l'ignore une fois de plus.

HécatombéonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant