Hécatombéon

Chapitre 6 | 𝒜𝒸𝒽𝓁𝓎𝓈

Ménétios lève sa main jusqu'à son oreille droite et j'arrive à percevoir du sang.

Je n'ai pas réussi à me contrôler. J'ai complètement perdu le contrôle.

Mon flingue toujours dans la main, je peine à distinguer qui s'approche de moi.

Je sens une main se poser sur mon épaule, je reconnais donc Alètheia, qui a pris l'habitude de faire ce geste pour me signaler sa présence. Son autre main se glisse le long de mon bras droit et prend mon flingue qu'elle tend à quelqu'un derrière elle, à un des membres, je suppose. Peut-être Hypnos ou Moros, je ne sais pas trop. Je n'arrive pas à distinguer ce qui se trouve autour de moi.

Ma vue est trouble, je ne vois plus rien. Le coup de feu résonne toujours dans mes oreilles.

Je me sens vaciller néanmoins, je ne tombe pas. Les bras d'Alètheia m'enlacent avec douceur, tendresse et c'est à ce moment précis que je craque, je lâche prise totalement.

Mes jambes cèdent, je me retrouve les genoux à terre, pourtant, Alètheia me tient toujours dans ses bras.

Je hais au plus au point le contact physique, mais je ne me recule pas, j'en ai besoin, ça me fait du bien.

La dernière personne qui m'a enlacé est Hélios, quelques heures avant sa mort.

Je me sens en sécurité entourée par ses bras, j'oublie tout ce qui nous entoure et je me mets à pleurer, pleurer et encore pleurer.

Pourquoi je n'ai pas réussi à lui dire que moi aussi, je l'aime ?

Pourquoi je pense à ça maintenant ? Je n'arrive pas à réfléchir clairement.

Je ne sais pas si c'est à cause du trop-plein d'émotions que j'ai ressenti avec tous les événements qui viennent de se passer dernièrement ou alors parce que je n'ai pas autant pleuré depuis des lustres, mais je me sens partir, puis plus rien.

***

Lorsque je commence à émerger, je sens des odeurs qui me sont familières. D'abord une première odeur boisée puis une seconde, fruitée. J'essaye d'ouvrir les yeux pour voir d'où proviennent ces odeurs, mais je n'y arrive pas, tout du moins pas assez longtemps pour me permettre de distinguer ce qui m'entoure. Mes yeux sont lourds, je tente une énième fois d'ouvrir les yeux, mais c'est peine perdue.

Je sombre, alors, encore une fois.

Je me réveille une seconde fois, et je parviens cette fois à ouvrir les yeux. En les ouvrant, je découvre Thanatos et Alètheia assis de part et d'autre du lit dans lequel je me trouve. Je suis, très probablement encore chez Kratos, je dois donc être dans une chambre d'ami ou peut-être dans l'ancienne chambre de sa fille, vu la petite taille du lit.

Les odeurs familières étaient donc les leur puisqu'ils ont leur tête posée sur mon ventre pour l'un, et sur mon bassin pour l'autre.

Tous les deux dorment à poings fermés. Il faut croire que Morphée à ses préférences.

Je regarde par la fenêtre et remarque qu'il fait déjà nuit, ce qui explique pourquoi j'ai deux marmottes sur moi. J'ai une vue en hauteur sur des acacias et des chaînes, j'en déduis donc que je suis dans une des chambres à l'étage.

Il y a quelques mois de cela, j'ai souvenir de Kratos qui racontait que l'étage de sa maison était divisé en deux, un côté pour les visiteurs et l'autre pour sa famille. Je ne sais pas vraiment de quel côté je me trouve, mais je suppose que je le découvrirais bien assez vite.

- Bordel, pendant combien de temps suis-je restée inconsciente, chuchotai-je.

Je caresse gentiment leurs cheveux pour qu'ils se réveillent et qu'ils m'expliquent ce qu'il s'est passé quelques heures auparavant.