Elfes de la Lothlorien

CHAPITRE 03｜❛ L'homme et l'enfant ❜

La nuit tomba lentement sur la forêt de Lothlorien, baignant les environs d'une lumière argentée. Sage restait immobile, les menottes aux poignets. Fidèle à son personnage la change-peau n'avait jusqu'ici montré aucune résistance.

Les membres du convoi avaient été enchaînés à des arbres pour la nuit. La plupart de ses compagnons d'armes avaient déjà cédés au sommeil. Une poignée d'elfe montait la garde, attentif au moindre cliquetis des chaînes.

Les pensées de Sage tourbillonnaient alors qu'elle calculait ses prochaines actions. Patiemment, elle attendit que l'obscurité soit totale et que les gardes baissent leur vigilance.

Alors qu'un nuage obscurcit la lune, des taches de rousseur éclatèrent sur ses joues. Ses traits s'adoucirent ; sa peau pâlit. Sage, désormais sous l'apparence d'une enfant, sentit les menottes pendre, trop grandes pour ses poignets délicats. Avec une dextérité surprenante, elle se glissa hors des menottes et se faufila silencieusement dans l'obscurité environnante.

Sans un bruit, une figure enfantine s'éclipsa entre les arbres de la Lothlorien.

___________

La chemise désormais trop grande pendait sur elle comme une robe. Les petits pieds ne faisaient aucunes traces en frôlant la mousse. Sage avançait rapidement, la peur de se faire rattraper lui donnant des ailes.

Le sort de ces marchands lui importait peu. Sage laissait le rôle du héro aux hommes remplis d'ambition. Elle se contenterait du rôle de second plan, de celui qui observe, témoigne et surtout survit.

La lune s'éleva lentement dans le ciel. Le froid mordant glaçait ses pieds délicats. Sage grimaçait mais ne s'arrêtait ; les elfes n'étaient pas adversaires à sous-estimer. Aussitôt que le campement ne fut plus en vue, ses membres s'allongèrent, ses traits s'affermirent, et bientôt elle se tenait à nouveau sous la peau d'un homme amaigri aux longues jambes.

Sage se remit en route, avançant rapidement grâce à ses nouvelles longues jambes. La nuit, bien qu'hostile, lui offrait une couverture parfaite pour sa fuite. Elle courut sans relâche, déterminée à mettre le plus de distance possible entre elle et ses poursuivants.

___________

Au campement elfique, l'agitation était palpable. Thalion, le capitaine des gardes, ne pouvait que constater le désordre laissé par la fuite de Sage. Les marchands, toujours sous bonne garde, échangeaient des regards inquiets.

Après avoir échangé quelques mots vifs, avec les elfes de garde, le capitaine prit à part un pauvre marchand, qui tremblait de tous ses membres.

-Qui est-il ? Comment avez-vous recruté un magicien ?

L'homme pâlit encore plus sous le regard pénétrant de l'elfe.

-Ce n'est pas un magicien. Ce n'est qu'un homme ordinaire. Un homme d'arme payé pour escorter le convoi. Je ne sais rien, pitié.

-Son nom ? insista l'elfe

-Il se fait appeler Sage.

Thalion évoqua l'image de l'homme qu'il avait croisé la veille. Comment un homme aussi robuste et massif avait pu s'éclipser ainsi sans qu'ils s'en aperçoivent ?

L'elfe fit un signe de la main à un de ses hommes de confiance, qui le rejoignit aussitôt.

-Je te confie ceux-là, lui ordonna-t-il en désignant les marchands. Conduis-les à Caras Galadhon. Je te rejoins aussitôt que nous avons attrapé le fugitif. Il ne sera pas dit que des mortels errent en Lothlorien.

Emmenant avec lui une poignée de gardes, Thalion s'enfonça dans la forêt, leurs sens en alerte, déterminés à retrouver Sage. Le capitaine ne savait pas exactement à quoi il avait affaire, mais il sentait que ce jeune homme cachait un secret dangereux.

Les traces de Sage étaient subtiles, mais les elfes étaient des traqueurs nés. Thalion et ses hommes suivaient chaque empreinte laissée dans le sol meuble, chaque branche cassée. Ils progressaient rapidement, déterminés à rattraper le fugitif avant qu'il ne disparaisse pour de bon.

La traque était lancée.