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en mars 2024 (ca a un peu changé entre temps)
J'ai toujours pensé que j'étais une fille, ou du moins c'est ce que je me forçais à croire. On ne m'a jamais dit qu'il existait plus de deux genres et pas seulement la binarité homme/femme qui est la norme dans cette société très binaire et dans laquelle on se base sur les stéréotypes pour reconnaître une personne. On m'a toujours mis dans la tête que le sexe assigné à la naissance était forcément le même que son identité de genre. On ne m'a jamais appris qu'il existait des personnes n'étant pas en accord avec le sexe attribué à la naissance, ou bien des personnes en dehors de la binarité et plein d'autres identités . Je ne savais rien de tout cela et je l'ai appris moi même en m'instruisant avec mes propres moyens sur des sites, témoignages traitant de ces sujets. On va dire que j'ai commencé à m'intéresser à ces sujets quand j'avais 16 ans, mais je refusais de croire que je n'étais pas une personne cisgenre parce que tout simplement c'est difficile d'accepter de ne pas être dans la "norme". A ce moment là, j'avais aussi un problème avec mon attirance sexuelle, mais ca j'en parlerai plus tard.
Donc ce que je voulais dire c'est que je rejetai cette idées de ne pas être en accord avec mon sexe. Je crois que je ne me suis jamais vraiment senti.e une fille mais je ne me posais pas vraiment la question. Pour moi c'était une évidence que j'étais une fille, car je suis né.e ainsi et mon apparence prouvait bien que j'en était une. Je ne faisais pas attention à ce que je ressentais en fait. Je me forçais à être une fille, on va dire. D'ailleurs j'étais différent.e des autres filles car n'ayant pas les mêmes goûts. Par exemple je n'aimais pas porter des robes, ou encore je ne voulais pas me maquiller. J'étais différent.e d'elles et ca je l'ai compris réellement en sixième. J'étais mis.e à l'écart et je me sentais rejeté.e parce que je n'étais pas comme elles. Je voulais leur ressembler juste pour me faire accepter, mais vu que mes parents ne me laissaient pas porter n'importe quels vêtements ni me maquiller, j'étais resté.e ainsi. En y repensant je me rend compte que j'avais plus de facilité pour m'entendre avec les garçons. Je n'avais pas vraiment d'amis en sixième et cinquième mais je m'entendais bien avec les garçons et je discutais souvent avec eux pendant les pauses.
Puis, quand j'ai changé de collège pour la quatrième et que je suis arrivé.e au lycée français international de Tokyo, je me suis fait.e des amies avec qui je suis resté.e jusqu'en seconde et avec qui je me sentais bien. C'est à partir de la quatrième que j'ai appris ce qu'était la vraie amitié, mais .... oui il y a un mais. Il y a des moments ou je me sentais mis.e à l'écart sur certains sujets comme le sexe et des choses de "filles" (par exemple le shopping, le maquillage, les soirées, etc .. ). Je crois que c'est à partir de la troisième que mes amies discutaient de ce genre de choses. C'est là que je veux parler de mon attirance sexuelle, parce que justement je n'en ai pas, mais à l'époque je ne savais pas que ca s'appelais l'asexualité mais je ressentais un certain dégoût, malaise quand elles évoquaient ce sujet. Elles pensaient que j'étais une personne innocente alors que j'en ai vécu des choses, mais je n'ai pas envie d'en parler et je ne leur ai jamais dit que les sujets de sexe me dérangeaient parce que j'avais peur qu'elles me rejettent ou le prennent mal. J'a découvert le terme "asexualité" quand j'avais 18 ans et je me suis reconnu.e directement dedans mais avant ca, j'ai toujours pensé que je n'étais pas normal.e parce qu'on est dans une société ou le sexe est hyper présent. Ça a été rassurant de savoir qu'il existait des personnes comme moi pouvant vivre sans sexe.
Ce qui est des choses de "filles", je n'était vraiment pas intéressé.e quand mes amies parlaient de shopping pour s'acheter de nouveaux vêtements . Je n'ai pas envie de dire que le shopping est exclusivement pour les filles car j'en connais des garçons, des personnes qui ne sont pas des filles qui aiment renouveler leur garde robe, mais j'ai constaté que la plupart des "filles" faisaient attention à leur look. On est dans une société ou l'apparence est importante ce que je n'aime pas parce que personnellement tant que j'avais de quoi mettre, de quoi porter je m'en foutait complètement de l'image que je montrais aux autres, mais malheureusement on me rejetait parfois pour ca. Je trouvais que mes amies étaient très féminines (maquillage, vêtements féminins, robes, sac à main) comparé à moi, je ne savais pas ce que j'étais face à elles. Je me sentais intrus.e et du coup quand elle parlait de ca, bah je n'étais pas concerné.e et je voulais leur ressembler parce que je voyais qu'elles étaient bien comme ca. Elles étaient dans la norme contrairement à moi. D'ailleurs, je n'ai jamais pu sortir avec les filles en dehors de l'école parce que mon père ne voulait pas et ca me rendait encore plus mal car je me sentais exclus du groupe, non seulement je n'étais pas comme elles et en plus de ca je les voyais sortir sans moi. Mais heureusement, elles ne m'ont jamais rejeté.
Le temps est passé, je ne me posait pas la question de si j'étais une fille ou pas. Je me suis intéressé.e vers 16 ans à la communauté LGBTQ+ (je ne me rappelle plus du tout dans quel contexte) mais je suis vite passé.e à autre chose pensant être une personne hétéro et cis. Je ne cherchais pas à savoir ce que j'étais, qui j'étais. Ça n'avait pas vraiment d'importance pour moi à l'époque. A 18 ans, j'ai découvert mon asexualité comme je l'ai expliqué plus haut, j'ai découvert ensuite que j'étais biromantique en tombant amoureux.se d'une fille pour la première fois, mais je n' étais toujours pas clair.e avec mon identité de genre. Je pensais toujours être une fille. J'ai 19 ans maintenant et il y a quelques mois, j'en avais marre de ne pas savoir qui j'étais (déjà que j'ai des crises identitaires à cause de mon métissage), donc j'ai refais des recherches sur les différentes identités de genre existantes, et là j'ai senti, j'ai trouvé la réponse à mon questionnement de toujours. J'ai redécouvert les termes "genderfluid" et "non binaire" et je me suis dit "Mais c'est ca en fait, il n'y a plus aucun doute" et c'était en quelque sorte un soulagement, une libération. Je peux enfin dire ce que je ressens, mettre des mots vis à vis de mon identité de genre. Je n'aurais pas pu avant. Il m'arrive de me sentir fille, mais ce n'est pas ce qui me définit vraiment. Je me sens aussi garçon à des moments précis. Mais ce que je suis la plupart du temps c'est ni l'un ni l'autre, c'est à dire non binaire. J'utilise généralement les pronoms iel et elle, très rarement il mais j'ai une préférence pour iel.
