La suite de la semaine se déroule sans évolution majeure : Le Conducteur me confie des tâches sans intérêt et s'adresse à moi sous forme de réparties cyniques aussi tranchantes que des lames de couteau, je n'ai ni revu, ni entendu parler de cette fameuse Kate, tous les hiboux m'évitent de peur que la colère du Conducteur ne soit contagieuse... On ne peut pas vraiment parler d'une vie de rêve pour l'instant mais j'ai bonne espoir qu'une amélioration se fasse sentir prochainement si je poursuis mes efforts. En attendant je fait de mon mieux toute la journée et puis je rentre chez moi manger des bonbons devant un livre pour me changer les idées.
Nouvelle semaine, nouveau départ. Après m'être préparée je saute dans mon train pour arriver en avance au travail. Arrivée dans le hall je salut le réceptionniste avant de me rendre directement chez les scénaristes récupérer les dossiers du jour, puis à la salle de pose préparer les cafés pour toute l'équipe centrale. J'ai rigoureusement mémorisé les goûts de chaque chef de service afin de gagner du temps, de toute manière je n'avais pas grand-chose à faire d'autre. Mon plateau sur les bras je me dirige vers le plateau principal où se tiens la réunion d'organisation hebdomadaire. Je marche la tête haute, ne dit-on pas que si vous avez confiance en vous- mêmes, vous inspirerez confiance aux autres ? Ce n'est pas en baissant les yeux que je vais remonter dans l'estime de la direction !
Mes efforts sont récompensés lorsque j'apporte les cafés à l'équipe et que Le Conducteur m'apostrophe pour m'investir d'une nouvelle mission :
— Tu n'es peut-être pas si empotée que ça gamine, tu vas pouvoir te montrer utile finalement. Va voir ce cul-blanc de DJ Grooves pour lui donner les horaires de la cérémonie, et évite de nous faire passer pour des idiots en faisant quelque chose de stupide comme tu en a le secret. Ne prends pas ça comme une marque de confiance, plutôt comme un test.
Il retourne à ces occupations alors que je me dirige d'un pas décidé vers le hall, petit à petit l'oiseau fait son nid ! J'arrive enfin à rattraper mes boulettes et à travailler pour de vrai, plus qu'à continuer sur cette lancée.
Je traverse le hall pour rejoindre le second studio de chez DeadBird : celui de DJ Grooves, l'autre fondateur de l'enseigne, ancien associé du Conducteur et maintenant son grand rival à la renommée tout aussi exceptionnelle. Personne ne sait vraiment pourquoi ces deux là se détestent tellement aujourd'hui, mais peut-être que travailler dans l'œil du cyclone pourrait m'en apprendre plus ?
C'est la tête pleine de théories toutes plus farfelues les unes que les autres je pénètre sur le territoire du plus excentrique des pingouins que le monde n'ai jamais vu.
Lorsque l'on dit que ces deux drôles d'oiseaux sont différents c'est un bel euphémisme ! Tous les oppose jusque dans leur lieu de travail : à peine ai-je posé un orteil dans le studio que flashs lumineux et spots colorés me transperce la rétine, après une semaine passée à travailler dans l'atmosphère sombre et feutrée de chez Le Conducteur on peut dire que le changement est brutal ! Les boules discos et combinaisons à strass empilées ça et là semblent attester l'originalité du maître des lieux qui, plus encore que parmi les grosses pointures du cinéma, se distingue de ses propres semblables aux mêmes cheveux de jais et peau claire par son goût pour les couleurs et les paillettes.
Lorsque je m'annonce comme porteuse d'un message du Conducteur on le fait venir en personne, ils doivent vraiment attendre cette date pour qu'il s'en occupe lui-même. Arrive donc la vedette des magazines, perchée sur ses talons compensés d'une hauteur vertigineuse, vêtue d'un manteau de velours vermillon et avec une coiffure digne des années 80. Il me dévisage à travers ses lunettes de soleil scintillantes et... m'apostrophe avec un entrain déconcertant.
— Salut petite ! Quel bon vent t'amène de l'autre côté de ces portes ? J'ai cru comprendre que tu t'étais vu adressé un message à mon attention de la part de ce vulgaire personnage qu'est ton patron, va donc m'attendre dans la salle de pose, j'arrive dans cinq minutes.
Il s'éloigne déjà lorsqu'il s'écrie :
— Julius ! Escorte donc cette jolie demoiselle et tient lui compagnie jusqu'à mon retour !
A ce nom un jeune homme s'avance, les bras tellement chargés de chapeaux qu'on ne le voit même plus. Il dépose son chargement sur une pile de costumes avant de m'adresser un sourire et de me demander de le suivre. Je lui emboîte donc le pas à travers les couloirs, il y a quelques chose d'étrange chez lui, mais quoi ?
Je n'ai pas encore réussi à mettre le doigt sur le problème lorsque l'on arrive devant la salle, il m'invite à m'asseoir et me propose un café avant de s'assoir à côté de moi.
— C'est sympa ici, pas vrai ?
Il est vrai que les murs vitrés offrent une vue imprenable sur l'ensemble des installations et des employés qui s'agitent en tout sens.
— C'est vrai que c'est magnifique...
— Et donc c'est toi la nouvelle recrue du Conducteur ? Il paraît qu'on est arrivé en même temps, c'est vrai qu'il a l'air d'avoir mon âge
— Oui c'est moi, même si pour l'instant je suis pas sûr de servir à grand-chose haha... et toi ça ce passe bien ?
— C'est incroyable, tout le monde est trop sympa avec moi, pouvoir enfin travailler là où on à toujours rêvé d'aller c'est irréel. Et toi comment ça ce passe ?
Comment dire...
— On vas dire que je fais avec, j'ai enchaîné les boulettes le jour de mon arrivée alors le Conducteur me déteste et tout le monde me fuit, mais bon j'essaye d'arranger les choses comme je peux...
— Et ben dit donc... c'est vraiment pas la même ambiance qu'ici, courage en tout cas, si ça ne va pas tu pourras toujours venir prendre un café ici. Ça ne dérangera personne pas d'inquiétudes !
Il m'adresse un sourire avant de se lever pour aller laver les tasses. Je me replonge dans ma contemplation du paysage en cherchant désespérément ce que ce Julius a d'étrange... ÇA Y EST ! J'ai enfin mis le doigt sur ce qui me perturbé tant : si ses cheveux blonds paille n'ont pas attirés mon attention c'est pas qu'ils sont courants chez les hiboux, mais pas chez les pingouins ! Pourtant aucun doute possible quand à son espèce : entre le costume impeccable, les yeux bleus glaciers, les cheveux lisses et la peau claire le doute n'est pas permis. Et puis de toute manière DJ Grooves n'engage que des pingouins, exception faite des acteurs.
— Je connais ce regard, sa voix m'arrache à mes réflexions, c'est bien la première fois qu'on ne me fait pas de remarque sur mes cheveux, t'avais pas remarqué avoue !
Ça se voyait tant que ça ? Les joues rouges de honte, je tire mes cheveux pour me cacher derrière un rideau de boucles blondes mais ma réaction le fait rire... pas méchamment au moins.
— T'inquiètes pas, c'est plutôt sympa de pouvoir discuter avec quelqu'un qui ne pose pas milles questions. Bon bah je vais garder mes questions pour moi alors... Le patron est de retour, je te laisse, à plus peut-être ?
— J'espère !
Sérieux t'as rien trouvé de mieux à dire ? Bon peu importe voilà DJ Grooves.
— Désolé pour l'attente chérie, que voulais-tu me dire ?
— Le Conducteur m'envoie vous annoncer le lieu et l'heure de la cérémonie d'inauguration des 50ème Birds Awards, ma voix tremble d'excitation à l'idée d'assister à l'ouverture du plus grand concours cinématographique depuis l'intérieur, si cette célébration resplendissante est impressionnante derrière un écran de télévision qu'est-ce que cela doit être d'y assisté en personne ! Rendez-vous samedi prochain avec toute votre équipe a l'Opéra du Grand Cygne dès 10 heures pour débuter la diffusion de la soirée à 20 heures !
Malgré mes efforts pour rester professionnelle un sourire enfantin étire mes lèvres à l'idée d'assister à cette soirée magique. Par chance DJ Grooves ne semble pas s'en formalisé, les yeux brillants d'impatience derrière ses lunettes étoilées.
— C'est MER-VEI-LLEUX ! Depuis le temps que nous attendions cette soirée ! Va donc chercher la boîte de chocolat posée sur la table et prend-t-en un, une annonce pareille cela ce fête !
Je m'exécute et apporte l'écrin à mon hôte avant de mordre moi même dans un chocolat au cœur coulant absolument divin. C'est donc ça le goût des créations de grands chocolatiers ? Malheureusement je n'ai pas vraiment le temps de profiter des gourmandises, je dois me remettre au travail ! Je salut donc DJ Grooves avant de regagner les studios du Conducteur.
Alors que je ramène des caisses d'accessoires du hangar on m'apprend que l'intégralité des équipes sont convoquées sur le plateau central pour un briefing du Conducteur. Toutes les équipes ce n'est pas rien, on sent bien que la compétition approche.
Je m'empresse de rejoindre l'attroupement qui se forme autour du directeur avant le début de son discours.
— Mes chers hiboux, comme vous le savez peut-être la cérémonie d'inauguration des 50èmes Birds Awards aura lieu samedi prochain à l'Opéra du Grand Cygne à 20 heures ! Une foule d'exclamations s'élève à cette annonce tant attendue, Vous n'êtes pas sans savoir que le tournage de la majorité des scènes aura lieux après l'ouverture, cependant nous devons avoir un trailer à présenter ainsi qu'un scénario fin prêt pour respecter notre planning serré. Vous savez ce que cela veut dire ? Que nous allons devoir redoubler d'efforts pour écraser cet insolent DJ Grooves et ses pingouins ! Alors au travail, et n'oubliez pas que vous êtes tous tenus de vous présenter à 10 heures à l'Opéra pour vous préparer à assister à la cérémonie.
On peut dire bien des choses du caractère du Conducteur, mais ce qui est sûr c'est qu'il sait motiver des troupes !
La foule se disperse peu à peu tout en parlant des préparatifs en cour et des montagnes de tâches qu'ils reste à accomplir. Au milieu des hiboux agités j'aperçois des cheveux noirs : Kate ! Je me fraye un chemin jusqu'à elle pour la saluée et lui poser une question ou deux.
— Kate ! Elle se retourne et me sourit gentiment,
— Salut toi ! Tu a survécu à ta première semaine à ce que je vois ! Quel bon vent t'amène ?
— Je voulais te saluer et te demander si tu viendrai à la cérémonie, je ne t'ai pas vue de la semaine alors je n'étais même pas sûr que tu travail ici...
Je lui adresse un sourire gêné lorsqu'elle s'esclaffe avant de me répondre :
— C'est gentil à toi d'être venu me voir, pour répondre à tes questions, oui je serai là samedi, et oui je travaille ici mais pas tout le temps, je ne viens que lorsque le Conducteur m'appelle.
— Tu vas participer au film pour les Birds Awards ?
— Je vais même jouer dedans figure toi ! Elle affiche un sourire fier alors que je la regarde avec des yeux ronds, le Conducteur n'embauche que les meilleurs pour jouer dans ses chefs d'œuvres, d'autant plus pour ceux présentés aux Birds Awards, décidément, je ne sais rien de cette Kate ! Allez file tu a du travail, ne gâche pas tes efforts en prenant du retard.
— Euh... oui oui tout à fait, elle a raison, je n'ai pas le droit à l'erreur ! Au revoir Kate, à bientôt !
Je lui souris en m'éloignant, j'ai du pain sur la planche !
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Once upon a time in the Dead Bird Studios
Ficção AdolescenteSalut tout le monde ! Cette histoire est inspirée de l'univers incroyable du jeu vidéo A Hat in Time (Que je vous recommande sincèrement !) Certains personnages ainsi que les grandes lignes de l'histoire appartiennent donc à Gears for breakfast ! Ow...