Sortilèges croisés - T.1 [Terminée]

Chapitre 15 : Une amitié mise à l'épreuve (Partie 2)

Le soleil commençait à décliner, baignant le terrain de football d'une lueur orangée. Lucas suivit Marcus jusqu'à un coin isolé, loin des oreilles indiscrètes de leurs coéquipiers. L'air était chargé de tension, comme l'électricité avant un orage. Lucas pouvait sentir son cœur battre la chamade, conscient que les prochaines minutes pourraient bien définir l'avenir de leur amitié.

Marcus s'arrêta brusquement et se retourna, croisant les bras sur sa poitrine. Son visage, habituellement si ouvert et amical, était fermé, presque hostile. "Alors ?" dit-il, sa voix tranchante comme une lame. "Tu as finalement décidé de me parler ?"

Lucas prit une profonde inspiration, cherchant ses mots. Il avait répété ce moment dans sa tête des dizaines de fois, mais maintenant qu'il y était, toutes ses explications préparées semblaient inadéquates. "Écoute, Marcus," commença-t-il, "je sais que j'ai été distant ces derniers temps, et je suis désolé. Ce n'était pas intentionnel, je te le jure."

Marcus laissa échapper un rire amer. "Pas intentionnel ? Tu te moques de moi, Lucas ? Ça fait des semaines que tu m'évites, que tu annules nos plans, que tu disparais sans explication. Et maintenant, tu me dis que ce n'était pas intentionnel ?"

La culpabilité serra le cœur de Lucas. Marcus avait raison, bien sûr. Il avait été un ami terrible ces derniers temps, trop préoccupé par ses propres problèmes pour voir la douleur qu'il causait à son meilleur ami. "Tu as raison," admit-il. "J'ai été nul. Je... Je traverse une période difficile en ce moment, et je n'ai pas su comment gérer ça."

"Une période difficile ?" répéta Marcus, l'incrédulité perçant dans sa voix. "Et tu ne pouvais pas m'en parler ? Je croyais qu'on était meilleurs amis, Lucas. Je croyais qu'on se disait tout."

Lucas sentit sa gorge se serrer. Comment pouvait-il expliquer à Marcus que ce n'était pas un manque de confiance, mais une question de protection ? Comment lui faire comprendre qu'en gardant ses secrets, il essayait de le protéger, lui aussi ? "C'est compliqué," dit-il finalement, sachant à quel point cette réponse était insuffisante.

"Compliqué ?" Marcus secoua la tête, la colère montant dans sa voix. "Tu sais ce qui est compliqué, Lucas ? C'est de voir son meilleur ami s'éloigner sans raison. C'est de se demander ce qu'on a fait de mal, ce qu'on aurait pu faire différemment. C'est de se sentir remplacé sans même savoir pourquoi."

Ces mots frappèrent Lucas comme un coup de poing. Il n'avait jamais réalisé à quel point son comportement avait blessé Marcus. "Remplacé ? De quoi tu parles ?"

Marcus leva les yeux au ciel. "Ne fais pas l'innocent. Je parle d'Aria, bien sûr. Tu passes tout ton temps avec elle maintenant. Vous disparaissez ensemble, vous chuchotez dans les couloirs. Tu crois que je n'ai rien remarqué ?"

Lucas sentit la panique monter en lui. Il ne s'attendait pas à ça. "Ce n'est pas ce que tu crois," dit-il rapidement. "Aria et moi, on est juste amis. On travaille sur un projet ensemble, c'est tout."

"Un projet ?" Marcus laissa échapper un rire sans joie. "C'est l'excuse la plus bidon que j'ai jamais entendue. Depuis quand les projets scolaires impliquent des rendez-vous secrets dans la forêt ?"

Lucas sentit son sang se glacer. Comment Marcus pouvait-il être au courant de ça ? "De quoi tu parles ?" demanda-t-il, essayant de garder une voix calme malgré la panique qui montait en lui.

"Ne me prends pas pour un idiot, Lucas," répondit Marcus, la colère perçant dans sa voix. "Je vous ai vus. L'autre jour, après l'école. Vous vous êtes faufilés dans la forêt derrière le lycée. J'étais curieux, alors je vous ai suivis. Et tu sais ce que j'ai vu ?"

Lucas retint son souffle, craignant ce qui allait suivre. Avait-il vu leurs pouvoirs ? Savait-il pour la magie ?

"J'ai vu mon meilleur ami et une fille qu'on connaît à peine disparaître dans une clairière," continua Marcus. "J'ai attendu, pensant que vous alliez ressortir rapidement. Mais vous êtes restés là pendant des heures. Qu'est-ce que je suis censé penser, Lucas ?"