Ce polo me gratte la nuque. Je vais finir par en mourir bon sang. Mes faux ongles roses pales laissent des traces rouges dans mon coup.
Je remet en place le col de l'uniforme obligatoire et traverse la cour pour atteindre la piscine. Il est plus de quinze heures, il doit y avoir un monde fou. Cette après-midi je suis chargée du bar.
Sans même regarder les gens autours je ressens la surpopulation. La piscine de l'hôtel est le lieu de réunion de tous les vacanciers après le repas.
Je rejoins ma collègue derrière le bar en bois. Elle est entrain de servir un client.- T'es enfin là !, dit-elle en notant à voix haute mon retard.
- Ça va, je commence à quinze heures. Il est quinze heures zéro huit, je dis en regardant ma montre couleur or à mon bras gauche.
- Thanks you, good afternoon, dit-elle au client dans un anglais à consonance italienne.Une fois parti, elle se retourne vers moi et dégrafe son tablier.
- Tiens met ça.
Je l'attrape le gardant dans la main sachant très bien que je ne le mettrais pas. Déjà le polo, ça suffit, il fait trente-cinq degrés bon sang.
- J'ai rajouté des glaçons dans le bac à glace derrière et normalement j'ai remis des bouteilles pour les cocktails. Tu ne devrais manquer de rien.
Elle n'hésite pas à me rappeler qu'elle fait trèsssssssssss bien son travail.
Contrairement à certaine ! Ta gueule. Je balaie mes pensées intempestives.
Je pose le vêtement dans un coin près du bar et vais pour me rincer les mains au lavabo.
- Bon aller j'y vais, dit ma collègue après avoir checké son téléphone portable.
Elle commence à s'éloigner dans mon dos puis d'un coup se stop et se retourne. Je la regarde.
- Au faite, des gars ont commandé trois coca rhum, un estathé et un gin to. Prépare et apporte leurs. Tu les reconnaitras ils sont sur les transats au bord de la piscine.
Et c'est parti pour une journée à servir des gens qui se la coulent douce jusqu'à vingt-deux heures. J'ai envi de souffler mais je me retiens. Personne ne m'a obligé à postuler ici. Mais seulement il me faut de l'argent. Alors je me tais et obtempère.
Je lui fais un pouce pour lui signifier que j'ai compris et elle part enfin.
Je prépare rapidement les boissons, sors un plateau et y dépose le tout pour apporter leur commande aux clients. Je sors de derrière le bar et m'approche de la piscine. Je repère vite le groupe de garçon. Ils doivent avoir mon âge. Ils sont cinq. Deux sont dans l'eau accoudés au rebord pour discuter avec un qui est juste assis les pieds dans l'eau. Et deux autres sont sur les matelas sous le parasol, dos à moi.
Je m'avance vers les deux allongés. Je me faufile entre deux transats pour déposer le plateau sur la table basse. Je fixe du regard les verres remplis pour éviter de les renverser.
- Ciao, je dis doucement.
Je sens le garçon à ma gauche, qui était dos à moi quand je suis arrivée, se retourner tandis que l'autre qui doit dormir ne bouge pas d'un millimètre. Je pose enfin mon regard sur le premier.
Merde.
C'est pas possible.
Qu'est-ce qu'il fout là ?
Ses yeux foncés me fixent, un sourire malin dévoile toutes ses dents. Sa mèche de cheveux noir tombe sur le coté de son visage.
Sami.
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Orfani
RomanceUn homme, une femme. Lui est le miroir d'elle, elle est le miroir de lui. Comment éviter le destin qui finit toujours par les réunir ? Accident, agression, meurtre, leur chemin emprunte à chaque fois le même itinéraire. Est-elle condamnée à la trist...