La chute

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Comme chaque jour depuis sa naissance, Erina Von Delberrine ouvre les yeux sur le plafond de la chambre qu'elle partage avec ses deux jeunes frères. Les rayons du soleil matinaux filtrent à travers les volets en bois, créant des motifs lumineux dans la pièce. Elle se redresse lentement, écoutant les respirations tranquilles de ses frères endormis à ses côtés. Dans cette maison qu'elle connaît par cœur, chaque craquement du plancher, chaque murmure du vent lui est familier. Elle a grandi ici, entourée par l'amour de son père, garde de la Bourgade de Gloomsberg, et de sa mère, couturière dans les manufactures de soie du royaume. Depuis toujours, sa vie n'a été que douceur et amour.


Ses journées se résument à aider sa mère en s'occupant de ses jeunes frères, deux petites tornades toujours en train de se battre ou de créer des soucis à la famille. Leur maison, bien que modeste, est remplie de rires et de chahuts. Chaque matin, Erina prépare le petit-déjeuner pendant que sa mère part tôt pour la manufacture. Elle habille ses frères, les nourrit et les garde occupés, veillant à ce qu'ils ne causent pas trop de dégâts.L'après-midi, elle les emmène jouer près de la rivière, où ils peuvent courir en liberté sous son regard attentif. Parfois, elle les rejoint dans leurs jeux, retrouvant elle-même l'insouciance de l'enfance, oubliant momentanément les responsabilités qui pèsent sur elle. Les habitants de Gloomsberg, bienveillants, la saluent toujours avec un sourire, appréciant son dévouement et sa gentillesse.


Cette vie douce et tranquille est pour Erina une perspective qu'elle ne souhaite pour rien au monde voir changer. Elle se voit continuer ainsi, construisant son propre foyer dans quelques années, peut-être avec un mari attentionné, des enfants joueurs, et une maison remplie de rires et d'amour, tout comme celle de son enfance. Elle rêve de jours paisibles, où elle pourra tisser des liens aussi forts que ceux qui l'unissent à sa propre famille.Cependant, au fond de son cœur, une petite voix lui murmure que le monde extérieur est vaste et incertain. Elle a entendu des histoires de guerres et de créatures magiques, mais cela semble si loin de sa réalité. Pour l'instant, elle se concentre sur le présent, savourant chaque moment de cette vie simple et joyeuse.


Mais parfois, dans ses rêveries, elle se demande ce que l'avenir lui réserve vraiment. Pourra-t-elle protéger ceux qu'elle aime de tout ce qui pourrait arriver ? Pourra-t-elle maintenir cette bulle de bonheur face aux éventuels bouleversements ?

Pour Erina, ces pensées sont rapidement chassées par les besoins immédiats de ses frères, par les sourires de sa mère en rentrant du travail, par les histoires que son père raconte le soir, autour du feu. Chaque jour, elle se répète que tant qu'elle a sa famille, rien ne pourra briser cette harmonie qu'elle chérit tant.


Jusqu'au jour où la Grande Guerre frappa.


Au début, ce n'étaient que des rumeurs venant de marchands lointains. Les premiers murmures se répandaient dans les marchés et les tavernes, apportés par des voyageurs fatigués et des marchands aux visages graves. Ces récits, racontant des villages entiers dévastés par des créatures mystérieuses, semblaient d'abord exagérés, des histoires destinées à effrayer les enfants et à divertir les adultes lors des longues soirées d'hiver.Mais rapidement, ces ragots prirent une tournure plus sinistre. Les marchands parlaient désormais de villes entières englouties par des forces surnaturelles en l'espace d'une nuit, des armées invisibles surgissant sans un bruit des forêts profondes et des montagnes brumeuses .

 Les descriptions des créatures magiques variaient : certains évoquaient des êtres ailés crachant du feu, d'autres des géants de pierre indestructibles, et d'autres encore parlaient de créatures de l'ombre, insaisissables.

Les Sagas VrenneryonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant