Chapitre 12

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Nils

Ça y est, c'était enfin les vacances. Depuis la veille au soir, nous étions enfin libres. Et nous avions commencé en beauté avec l'anniversaire de ma mère. Elle avait été tellement heureuse après les vacances de Noël d'avoir à nouveau une place dans la famille qu'elle avait décidé de réinviter tout le monde. Malheureusement, son frère Maxime ne pouvait pas venir cette fois-ci pour cause de vacances en famille, ainsi que la femme de mon oncle Luc car elle avait un voyage d'affaires d'une semaine à Toulouse. J'avais hâte de revoir mes cousins et cousines. Mais je n'avais pas eu de nouvelles de Clémence depuis la rentrée, j’espérais qu'elle allait bien. De plus, ma mère m'avait proposé qu'Emma déjeune avec nous pour faire connaissance.

Lorsque Clémence arriva enfin, accompagnée de son oncle et sa tante, je vis que sa tête était recouverte d'un bandage. Elle ne souriait pas et elle portait un gilet alors qu'il faisait relativement chaud, pour un mois de février. Elle me lâcha un sourire timide et puis s'en alla s’asseoir avec les grands. Je fronçai les sourcils et fis comprendre à Emma que je ne savais pas ce qu'elle avait.

Je présenta Emma à toute la bande, puis ma mère nous proposa de monter dans ma chambre en attendant l'apéro. Il fallu qu'elle s'y reprenne à deux fois pour que Clémence se décide à nous rejoindre.

Je la vis hésiter à prendre son téléphone mais finit par le déposer sur

la table. A la place, elle récupéra un livre ; je n'osai pas lui demander pourquoi.

Une fois tous dans ma chambre, j'installai Ange dans le petit parc que ma mère lui avait acheté, j'allumai la télé pour Solange et j'invitai Gabin, Clémence et Emma à se mettre sur mon lit. Ils s'exécutèrent mais Clémence s'isola et commença à lire. Nous restâmes pendant quelques minutes sans rien dire. Puis je brisai ce silence en proposant de faire un jeu de société.

-Clémence, tu ne veux pas jouer ? Lui demandai-je.

Elle évita mon regard et me répondit qu'elle n'en n'avait pas envie. Mais Gabin ne l'entendait pas de cette façon.

-Clémence, excuse-moi de t'interrompre dans ta lecture, qui a l'air vraiment passionnante mais t'as pas l'impression que t'es avec tes cousins et la copine de l'un d'eux, que tu peux attendre d'être chez toi pour lire, et qu'on aimerai bien savoir pourquoi tu nous ignore depuis que tu es arrivée !

Gabin n'y était pas allé de mains mortes mais elle releva doucement la tête pour plonger son regard dans celui de Gabin. Ses yeux brillaient et des larmes se formèrent. Elle bafouilla :

-Excusez-moi...je... ce n'est pas contre vous.

Emma, qui n'avait rien dit jusque là, s'interposa :

-Bon les gars, laissez-la tranquille. Si vous êtes pas capable de comprendre qu'elle ne va pas bien et qu'elle n'a peut-être pas envie d'en parler, vous n'êtes pas non plus capable d'entendre ce qu'elle a !

Gabin voulu lui répondre mais je l'arrêta d'un geste et dis :

-Et moi je pense que nous avons tous faim et que l'on devrait reprendre cette discussion tout à l'heure.

Clémence hocha la tête et descendit sans se le faire répéter deux fois.

Le joie et le bonne humeur de fut pas à plaindre pendant toute le durée du repas. Emma était très joyeuse et fit rire tout le monde. Clémence, elle, ne parlait que lorsqu'on lui adressait la parole et elle fit bien attention à éviter mon regard. Je ne la reconnaissait pas, cette façon d'être de lui ressemblait pas du tout. Gabin avait l'air d'être de mon avis car il ne l'a pas lâché du regard de tout le repas. Elle, elle était avec nous mais son esprit était ailleurs, il semblait redouter quelque chose. Elle ne souriait pas, elle avait les yeux fatigués et tristes. Cela me désolais franchement, ma cousine me manquait. Je me promis de lui parler dès la fin du repas.

Malheureusement, après avoir fini de manger, Emma avait visiblement prévu son programme car elle proposa, sans vraiment attendre de réponse, de regarder un film.

Elle se cala dans mes bras, contre mon torse, tandis que Gabin était assis par terre, avec le canapé en guise de dossier, et Clémence à l'opposé de nous, assise sur le lit. Le film était si captivant qu'aucun de nous deux ne remarqua la disparition des filles, mais quand elles réapparurent, toutes deux avaient le sourire aux lèvres. J'échangeai un regard avec Gabin ; nous étions aussi perdu l'un que l'autre.

Après le film, je ne pus toujours pas parler à Clémence car nous sommes tous allés dans la piscine et Emma gardait bien précieusement ma cousine à ses côtés. Mais Clémence avait l'air de s'amuser, alors je décidai de ne pas gâcher ce moment et je m'amusai au maximum. Nous rigolâmes tellement que j'en eu mal au ventre.

Alors que je cherchai de quoi nous remplir l’estomac, Clémence sortit des toilettes en même temps que je relevai la tête du frigo. Son sourire s’effaça et elle baissa le regard. Alors que je voyais l'occasion parfaite pour l'interroger ; Emma débarqua et entraîna Clémence avec elle. Elle me jeta un regard triste par-dessus son épaule, mais disparue dans la seconde qui suivit. La fin d'après-midi se déroula tranquillement, nous papotâmes dans ma chambre de nos amis, de nos collèges... Là-dessus, Clémence ne parla que très peu et fut un peu triste, mais personne n'insista pour la faire parler.

Puis, vint l'heure de se quitter, chacun remercia ma mère pour la journée, le repas, etc...

Emma fut la dernière à partir : en attendant que son père vienne le récupérer, nous nous installâmes sur mon lit pour parler.

-Alors, hum, ça a été aujourd'hui, tu ne t'es pas sentie exclue ?

-Ne raconte pas de bêtises, tes cousins sont supers !

Pendant qu'elle m’énuméra les nombreuses qualités de ma famille, je l'observai, et je me demandai comment elle faisait pour être aussi exceptionnelle. Pour éclairer mes doutes, je lui posai directement la question. Elle me regarda d'un air malicieux et me lança, un sourire aux lèvres :

-Hmm, je sais pas trop, tu vois c'est naturel chez moi, je suis parfaite et...

Je l'embrassai pour stopper sa vantardise. Lorsque je lui dis, elle éclata de rire sous mes lèvres. Je m'écartai d'elle et pris un air sérieux :

-Non mais sérieusement,comment t'as fait, de quoi lui as-tu parlé !

-De quoi tu parles ?

-Qu'est-ce que tu as dit à Clémence pour qu'elle change d'humeur comme ça !?

-Ahah, secret de professionnelle.

Je fis la moue. Elle rigola et m'embrassa de nouveau, lorsque ma mère nous appela pour nous dire que le père d'Emma était arrivé.

En descendant les escaliers, elle m'avertit :

-Écoute, ce que Clémence et moi nous sommes dit n'est rien d'exceptionnel, je ne connais pas la raison de sa mauvaise humeur de ce matin, elle n'a rien voulu me dire. Je ne sais pas non plus quelle est la raison de son bandage. Je lui ai juste assuré ma confiance, nous avons échangé nos numéros et je lui ai changé les idées. Mais Nils, si elle décide de me dire quoi que ce soit, je ne garantis pas que je te le dise ensuite.

-Mais...

-Pas de mais, elle posa délicatement sa main sur ma joue, ta cousine a quelque chose enfoui au fond d'elle, et si elle veut t'en parler, elle t'en parlera, mais sinon il faudra que tu sois patient.

Je hochai doucement la tête.

-A bientôt, Nils.

Elle déposa un baiser sur ma joue et s'en alla.

Le soir, dans mon lit, je repensai à ses paroles, elle avait raison, comme toujours. Cette fille était incroyable, elle trouvait toujours les bons mots. Je revoyai Clémence, heureuse, après sa discussion avec Emma. Et je m'endormis sur ces belles images.

Parler ou se taire..., que choisir ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant