Wild Grey Ocean - [Roman en cours]

11 - Terrified - Ruben

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Les genoux repliés contre mon torse et la capuche de mon hoodie rabattue sur la tête, je scrute l'horizon où quelques kitesurfeurs se laissent porter par le vent généreux du jour. J'admire quelques figures aériennes, tout comme d'autres personnes éparpillées sur la plage. Le temps n'est pas particulièrement au beau fixe aujourd'hui. Le soleil joue à cache-cache, le ciel est grisâtre, mais c'est un temps tout de même plutôt idéal pour les aventuriers de la glisse, dont je ne fais tristement plus partie.

Mon ventre gronde et me sors de ma contemplation. Je décide de retourner à mon Van dans la foulée. Je m'installe tranquillement sur le matelas, casque sur les oreilles, tupperware de salade de riz en main. Au bout d'un moment, mon regard se perd vers la porte latérale ouverte et je cligne des yeux. Louise est à quelques pas de moi, semblant... attendre ?

Mon cœur manque un battement en voyant ses beaux cheveux virevolter autour de son visage et de la tenue qu'elle porte qui la rend si belle : une robe fleurie avec un pull en maille beige par-dessus, complétée par ses habituels Vans aux pieds. Elle me porte un regard assez doux, mais elle ose à peine sourire, comme si elle était tiraillée entre deux émotions contradictoires.

Je retire mon casque, repose mes lunettes, puis me courbe près d'elle.

— Louise. Ça fait longtemps que tu es là ?

— Non.   

Un silence s'installe, pendant lequel on se dévisage discrètement.

— Je ne pensais pas que tu viendrais.

— Tu m'as dit où te trouver, dit-elle en haussant les épaules. Tiens, au fait, je ne te l'ai jamais rendu.

Elle me tend un sac en papier kraft et je reconnais mon polaire que je lui avais prêté lorsque nous nous étions retrouvés à l'atelier. Ce jour où j'ai sacrément merdé !

— Ruben ?

Je relève mes yeux vers elle.

— Est-ce que ta proposition tient toujours ?

Est-ce que j'ai proposé quelque chose ?

— Je suis prête à t'écouter, si toi tu te sens prêt à me parler, ajoute-t-elle doucement.

Oh. Bien sûr. J'avale ma salive et lui propose de venir prendre place à côté de moi sur le matelas. Je comprends directement à son expression que ma proposition ne la tente pas vraiment, alors je sors la rejoindre. Je m'adosse contre la porte latérale ouverte, pendant que je ne la quitte pas des yeux. Son visage est détendu. Elle a l'air plus apaisée et reposée qu'hier.

— Que veux-tu savoir, Louise ?

Elle cille, les lèvres faiblement ouvertes, puis ses yeux s'agitent un peu partout autour d'elle, en proie à diverses réflexions. Je penche légèrement ma tête sur le côté, prêt à me lancer, mais elle me devance.