Florilège de douleurs

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Trois jours se sont déroulés depuis mon arrivée à Washington. J'étais assez débordé par les nombreuses réunions, mais je trouvais suffisamment le temps d'échanger quelques messages avec Jordan.
Ce soir, nous avions un repas avec les ministres et Président états uniens, afin de clarifier certaines choses à propos de nombreuses thématiques sur lesquelles nous étions en désaccord.

Pendant cette soirée, M.Darmanin me lâchait des regards insistants, dérangeants, ce qui me mettaient mal à l'aise. J'essayai d'éviter tout contact avec lui mais je sentais en permanence son regard posé sur moi.
Le repas fini, je m'excusai pour rejoindre les toilettes. Je me passai de l'eau sur le visage rempli de sueur à cause de la température à Washington.

J'entendis le claquement de la porte. C'était Darmanin.

Je le regardai dans le miroir, en me fixant toujours avec ce regard insistant. Il prit enfin la parole.
- Gabriel, t'as quoi ce soir ?
Surpris, je ne savais quoi répondre. Que me voulait il ? Je n'en avais aucune idée. Il reprit voyant qu'aucun mot ne sortait de mes cordes vocales.

- depuis le début de la soirée tu me dévisages, t'as un problème ? Dit il avec un ton agressif. Mais Darmanin ne me faisait pas peur, malgré qu'il essayait de me prendre de haut.

- du tout, rétorquai- je, c'est plutôt toi qui doit avoir un soucis avec moi visiblement vu tous tes regards insistants et menaçants que tu me lances. La guerre était déclarée.

- ah ouais il te fait peur mon regard ? dit il avec un ton pervers tout en s'approchant de moi, me plaquant contre le mur.
Je le repoussai automatiquement, ne voulant pas être aussi proche d'un pervers comme lui.

- casse toi et laisse moi tranquille.
- je ne te laisserai jamais tranquille, toi et ton Jordan.
Jordan, dès que j'entendis son nom je réagis.

- ose seulement t'en prendre à lui j'te ferai bouffer le sol et je prendrai ta tête pour essuyer mes vitres. Disais je en lui lançant un regard noir, tout en bousculant son épaule pour m'en aller. Mais l'enfer n'était pas fini, il venait seulement de commencer.

Il me prit mon bras droit, et me tabaissait. Il s'en suivait des coups de poings dans le visage, dans le ventre, tout en me balançant toutes sortes d'injures.
- t'es qu'une sale merde va te faire voir toi et ton Jordan, sale pd ! toujours en me frappant.

Je n'avais aucune force, il était beaucoup plus fort et musclé que moi alors je me laissai faire, comme j'ai toujours fait. Ce moment me rappelait mon harcèlement petit, lorsqu'on me frappait au point d'en perdre la vue, lorsqu'on m'étranglait au point d'en perdre le souffle. Tout d'un coup, j'étais redevenu le petit enfant, le petit "pd" comme tout le monde m'appelait.

- ce n'est que le début Gabriel, je vais encore plus te nuir. Puis lorsque je pensais l'enfer fini, il m'attrapa par le col de ma chemise, me plaqua à nouveau contre le mur et m'attrappa mes mains d'une poignée forte, empêchant mon sang de circuler. Il me prit la tête, et m'embrassa. Je le rejetai instantanément avec un coup de tête, mais je savais qu'il était déjà trop tard.

- pourquoi ? Putain pourquoi ! Pourquoi tu me fais subir ça ! Qu'est ce que je t'ai fait !?

- je regrettai de ne pas t'avoir fait assez subir à l'école. Qu'est ce que t'es con de ne pas m'avoir reconnu sale pd. Je te suivrai toute ta vie, depuis ton enfance jusqu'à ta mort je te hanterai.

Il récupéra son téléphone posé contre le rebord du lavabo et partit, me laissant le corps couvert de bleus, le visage rempli de sang, l'esprit embrouillé. Tous les souvenirs de mon harcèlement subi à l'époque me revenaient, un florilège de souvenirs me brisant instantanément. Brisant mon cœur que j'avais réussi à reconstruire, je voyais tout détruit sous mes yeux.
Je rassemblais toutes les pièces du puzzle, et je compris enfin. Son regard m'était pourtant familier, mais je ne savais pas d'où. Il me suivait pendant tout ce temps, je craignai chaque jour de revoir mon harceleur de primaire, mais il était enfaîte si proche de moi. Comme mon agresseur.

J'essayai en vain de me lever, mes jambes complètement défoncés par les coups. Je tenais à peine debout. Je vis sur mon téléphone plus de 10 appels manqués de Jordan, plus de 99+ notifications.
J'ouvris ses messages.

"T'es sérieux ? Tu me trompes comme ça ? "

"Gabriel répond moi"

"Je sais que tu m'ignores"

"Pourquoi m'avoir fait tant de promesses pour que tout tombe à l'eau ?"

La panique prit le dessus, j'étais perdu, je ne savais pas de quoi il parlait. J'ouvris les réseaux et Darmanin avait posté un nouveau post.

Une photo de nous deux entrain de s'embrasser.

Il avait corrigé tous mes bleus, tous mon sang se répandant sur mon front, avec comme description :

" alors pas trop jaloux Jordan ?"

J'étais dévasté. Je tapai le numéro de Jordan, l'appelant en vain, au bout de la 17e fois il décrocha enfin.

- Jordan je... je peux.. tout expliquer... écoute moi..juste une sec.. j'étais tellement pris par la douleur compressant mon cœur, que je n'arrivais pas à aller au bout de mes phrases.

- c'est ça joue bien le comédien, tu t'es bien servi de moi. Tu as eu ce que tu voulais au moins ? Va te faire voir Gabriel ! Prononcer d'un ton sec arrachant les bouts restant de mon cœur.

- Jordan je.. aucune réponse. Il avait raccroché.

J'explosai, criai de douleur, me frappai pour exprimer ma douleur, mais ce n'était pas suffisant pour l'exprimer entièrement. Ma santé mentale s'était vivement amélioré depuis ma rencontre avec Jordan, mais la rechute était meurtrière.

N'aie je pas donner assez aux gens ? N'aie je pas assez souffert ? Pourquoi moi ?

Je courus dehors, essayant d'extérioriser mais je n'y arrivai toujours pas.
Je me trouvais en ville, un physique désastreux, des centaines de regards posés sur moi, un passage piéton, des centaines de voitures.
Je traversai, les yeux remplis de larmes, brouillant ma vision. Et là,

Plus rien.

LA LUMIÈRE D'UNE VIE ( Attal X Bardella )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant