« Mais non, Sucrette ne remarqua rien. Rien de chez rien. Et pour cause, elle se contentait de fixer un énorme paquet de vulgaires croquettes, au lieu de porter son attention là où elle était méritée, c'était-à-dire sur lui.
C'en était aussi innoce...
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Encore quelques mètres et... pfiou.
Sucrette y était enfin arrivée. Elle poussa un long soupir, qui aurait pu tout aussi bien être d'aise que de désespoir, en se laissant choir sur le banc d'arrêt de bus qu'elle avait finalement atteint sous cette chaleur écrasante. Le mois de juin était maintenant bien entamé - il faisait beau, il faisait chaud. Une chose plutôt agréable en somme... sauf lorsque vous vous coltiniez depuis plus de 800 mètres un paquet de 10kg de Brambles, comme c'était le cas pour elle actuellement. Le peu d'ombre qu'offrait l'aubette était ainsi bien agréable.
Sucrette poussa un second soupir en étirant un peu ses jambes, ses doigts se posant sur une épaule afin de soulager un peu la douleur qui s'était installée à cause du périple de la matinée. Taki avait plutôt intérêt à se montrer reconnaissante à son retour... Elle ne se risquerait pas toutes les semaines à se luxer la clavicule de cette manière pour ses beaux yeux noirs. (Ou même son cacardement incessant...)
La jeune femme se leva pour se diriger vers l'affiche des horaires de bus. Parce que nous étions aujourd'hui un Samedi, le prochain bus qui lui permettrait d'enfin rentrer chez elle passerait dans...
« 17 minutes ?, » s'écria-t-elle, les yeux exhorbités, avant de se laisser tomber de nouveau sur le banc métallique devenu bien vite inconfortable.
17 minutes.
17 longues minutes à attendre sous ce soleil étouffant. 17 longues minutes à dépérir sous cette chaleur qu'elle ne supporterait plus longtemps.
... Mais aussi, 17 minutes à pouvoir avancer un peu plus dans la quête de son nouveau jeu mobile préféré ?
Sucrette extirpa son téléphone portable de sa petite besace fleurie... et lâcha un nouveau soupir laconique en remarquant qu'il n'avait plus de batterie.
« Un vrai modèle de grâce et de délicatesse... »
Une voix grave se fit entendre à sa droite, chose qui fit sursauter Sucrette qui tourna la tête en plissant les paupières. En plus d'avoir oublié de charger son téléphone, il avait fallu que ses lunettes de soleil chéries soient sagement restées sur le plan de travail où elle avait petit-déjeuné quelques heures plus tôt... Ce qui fit qu'au moment où Sucrette tomba nez-à-nez avec Jason, une expression particulièrement distinguée était arborée sur son visage : les sourcils froncés, le nez retroussé, les yeux éblouis... Et, surtout, le corps toujours avachi sur ce maudit banc.
Jason Mendal.
Il était probablement la dernière personne sur terre qu'elle aurait pu s'attendre à croiser à un abri-bus, un samedi matin, à 10h47... Mais Sucrette ne rêvait pourtant pas : le pdg de Golddreamz, rival ultime de sa propre boîte se trouvait réellement à côté d'elle, son rictus moqueur habituel scotché sur ses lèvres tandis qu'il l'observait élegamment affaissée dans l'abri-bus, à maugréer toute seule. Depuis combien de temps exactement était-il là ?
