Memories

Chapitre 25

Isabella

— Depuis quand tu fumes ? je demande, étonnée, en
voyant mon amie allumer une cigarette.

Le flamme du briquet nous éclaire un court instant et défini certaines parties du visage d'Alix qui se penche en avant, brûlant ainsi le bout de sa cigarette.

J'avoue être surprise, moi qui ne l'ai jamais vue toucher à cela. Enfin, peut-être en soirée, parfois.

Elle se contente de hausser les épaules, laissant cette répugnante odeur s'installer entre nous. Elle finit par s'allonger, ignorant le froid des tuiles du toit. Je l'observe étudier les étoiles avec un air mélancolique.

— Pourquoi tu pars l'année prochaine ?

Ma bouche s'entrouvre pour contredire ses paroles, choquée de sa question moi qui ne lui ai rien dit. Je le ravise quand les mots me manquent.

Sa voix est teintée de tristesse et elle n'ose toujours pas m'adresser un regard, fixant le ciel apaisant et pourtant si vaste qu'il donne le vertige. Il effraie comme il fascine.

Je soupire et m'allonge à mon tour ennuyé par la tournure de cette soirée.

— Gaby te l'a dit, c'est ça, j'affirme car c'est une évidence.

— Elle a pas fait exprès, c'est sorti tout seul.

Une question et un million de scénarios avec s'immiscent dans mon esprit. Et l'angoisse de cette possibilité surgit en moi. J'interroge prestement, tournant mon visage vers elle :

— Victor ? Il est au courant ?

Le temps qu'elle finisse de respirer sa fumée toxique, je réfléchis à comment prévoir la réaction de mon ami.
Elle finit par hocher négativement la tête. Je pousse un léger soupire, soulagée. C'est moi qui dois lui annoncer, surtout à lui.

— Les autres sont au courant, par contre. Tu devrais le dire à Victor rapidement. Le temps qu'il s'y prépare. J'ignore sa phrase consciente de mon absence de courage actuellement.

— Comment ils ont réagi ?

Ma voix trahit mon inquiétude face à leur réaction.

— On était déçus que tu nous l'aies pas dit. Tu comptais le dire à la fin de l'année.

Elle est plus que déçue. Une pointe d'énervement qui ne lui ressemble pas est perceptible dans le son de sa voix. Je n'aime pas du tout cette situation. J'ai l'impression d'être mise au pied du mur et un tas de questions vont arriver ensuite. Questions auxquelles je ne suis pas prête d'avoir les réponses.

— Bien sûr que non, je voulais vous le dire. J'appréhendais juste un peu, je réponds sur la défensive.

En vérité, je n'en avais aucune envie. Maintenant qu'ils le savent, ça rend les choses réelles et mon départ par conséquent. Et même si j'en ai désespérément besoin et envie, les quitter c'est différent.

— Tu réponds pas à la question, Bella.

— J'en ai aucune idée, Alix, je répond auquelles, espérant qu'elle ne se vexe pas.