Elfes de la Lothlorien

CHAPITRE 08｜❛ Ithroniel ❜

Les heures -les jours qui suivirent furent marquées par l'ouverture occasionnelle d'une grille, à travers laquelle les soldats déposaient sans un mot eau et nourriture. Sage n'avait pas bougé ou dit un mot depuis son arrivée. Le feu de son épaule contrastait avec le froid pénétrant de la cellule.

Malheureusement pour les mortels, les elfes n'avaient pas conscience du froid qui régnaient dans les profondeurs de Caras Galadhon.

Ce silence finit par inquiéter les elfes. Lorsque les gardes ouvrirent la porte de la cellule de Sage, ils furent accueillis par un silence lourd. La jeune femme était en boule sur le sol, pâle et affaiblie. Un elfe portant une tunique vert émeraude s'agenouilla à côté d'elle et commença à examiner ses blessures avec une expertise silencieuse. Les autres gardes, armés et vigilants, se tenaient prêts, observant chaque mouvement de Sage avec méfiance.

-Je vais lui remettre l'épaule en place, prévint l'elfe en vert -un guérisseur.

Ses doigts délicats manipulaient son bras. D'un coup sec, il força l'épaule dans son emplacement. Sage poussa un hurlement alors qu'un voile noir lui passa devant les yeux. L'elfe la lâcha et la change-peau recula à tâtons. Elle tremblait de tous ses membres.

Le guérisseur lui tendit une gourde d'eau fraîche

-Bois, ordonna-t-il. Tu en as besoin.

Sage, trop épuisée pour résister, accepta l'eau. Elle but avidement. Les forces lui revinrent. Après un moment, les elfes la forcèrent à se relever et la conduisirent dans une autre salle, plus lumineuse. Sage éblouie distingua au centre de la pièce une chaise robuste, entourée de plusieurs elfes armés.

Thalion était déjà là, debout aux côtés d'une elfe aux yeux perçants.

-Nous devons comprendre tes intentions, change-peau, annonça-t-elle avec autorité. Assieds-toi

Un garde attacha ses bras derrière la chaise. Sage n'esquissa pas un mouvement de révolte. Elle crut voir une lueur d'inquiétude passer dans les yeux du capitaine, quand il la comprit si affaiblie.

La seconde elfe tira une chaise et se positionna face à la change-peau. Ses manières étaient délicates ; malgré son apparence juvénile, sa peau fine et ses yeux éclaircis trahissaient son âge.

-Je suis Arranis. Mais les elfes m'appellent Ithroniel.

Ithroniel. La magicienne.

-Tu connais ce mot n'est-ce pas ?

Sage acquiesça. Elle parlait couramment sindarin, parmi d'autres langues des Terres du Milieu. Elle avait eu plusieurs vies pour apprendre.

-Vous êtes une magicienne.

-Je vais chercher la vérité en toi, expliqua Arannis de sa voix douce. Tout se passera bien, si tu réponds à mes questions.

Ce n'était pas la première fois que Sage subissait un interrogatoire. Mais c'était la première fois qu'il était mené par une magicienne.

- Bien, dit Arranis. Commençons.

Sage se tendit.

-Quel est ton nom ?

-Sage

-Menteuse, trancha l'elfe d'un ton doucereux. Quel est ton nom ?

Sage serra les mâchoires, refusant de répondre.

-D'où viens-tu ? poursuivit la magicienne.

Sage garda le silence, ses yeux fixés obstinément devant elle. Arannis plissa légèrement les yeux, évaluant la résistance de Sage.

-Il y a des moyens de découvrir la vérité, promis l'elfe.

Les pupilles d'Arranis se dilatèrent. Sage sentit une sensation étrange, comme si quelque chose pénétrait ses pensées. Elle lutta silencieusement contre l'intrusion mentale, ses muscles se contractant sous la pression invisible.

-Ton esprit résiste, constata Arranis avec une pointe d'admiration. Mais je perçois quelque chose... une magie ancienne en toi.

Elle pénétra plus profondément dans l'esprit de Sage. La change-peau se concentra, pour repousser cet ennemi invisible. Elle pouvait sentir la présence de la magicienne instillée aux frontières de sa conscience, s'introduisant dans ses pensées.

Brusquement, quelque chose céda. Un flot d'image envahit Arranis, puis la tête de Sage bascula sur le côté. Un filet de sang coulait sur son visage. La magicienne se leva et vérifia les signes vitaux de la prisonnière.

-Elle a résisté, regretta la magicienne.

Sage frémit. Elle avait la tête penchée en avant, le teint pâle, le souffle court.

-Ramenez-la à sa cellule, ordonna le capitaine. Cette entrevue est terminée.

Les gardes soulevèrent de force leur prisonnière et l'entraînèrent vers sa cellule. Le capitaine était resté immobile tout au long de cet entretien, le dos droit, le regard dur.

En passant à côté de Thalion, Sage marqua une pause.

-Je ne suis pas votre ennemie, dit-elle d'une voix basse.

Puis les gardes l'entraînèrent dans l'obscurité.