Éphémère

Chapitre 50 :

Sofiane :

Mes paupières s'ouvrent petit à petit, mes yeux essaient de s'habituer à la lumière qui traverse mes volets. Je tâte la place à côté de moi, à la recherche de celle avec qui j'ai passé la nuit. Et je me rends compte qu'elle est vide, elle a disparu. Je me relève à toute vitesse, non la soirée d'hier ne peut pas être un rêve. Je balaye ma chambre du regard, à la recherche de Yasmina, mais à la place, je trouve sur mon bureau un sachet avec un post-it dessus. Je me lève du lit et m'approche de ce paquet mystère, je tire sur le post-it pour pouvoir y lire le message qui m'est destiné.

" Merci pour hier soir, tu m'as énormément aidé Sofiane.
Désolée d'être partie ce matin, mais Yanis m'a envoyé un message pour me dire que je pouvais rendre visite à mon père.
Je t'ai acheté des croissants pour le petit déj.
Écris-moi dès que t'es réveillé.
Yaya."

Je ne peux m'empêcher de sourire face à son attention, je suis à la fois soulagé et heureux de savoir que tout ça n'était pas un rêve. Yasmina est bel et bien revenue, on s'est enfin retrouvé après plus de trois semaines sans se voir ni se parler. Sa présence m'a manqué, plus que ce que j'avais pensé, la revoir et m'être expliqué avec elle m'a fait du bien. Je ne lui ai certes pas tout déballé, mais je lui ai au moins expliqué mes sentiments vis-à-vis de sa réaction. Elle a été compréhensive, plus que ce que j'avais pensé. Et même si je lui en voulais énormément, ses excuses et ses aveux ont eu mon coeur.
Elle est bien la première à s'excuser de son comportement envers moi, et je me rends compte que tout ce que j'attendais, c'était des excuses.
De vraies excuses.
Et qu'est-ce que ça fait du bien de savoir qu'elle est sincère, que ses intentions n'étaient pas mauvaises, que sa réaction était juste une accumulation de mauvaises choses. J'ai très vite compris que j'avais joué un rôle important pour qu'elle réagisse de la sorte, je l'ai blessé, je lui ai fais croire que j'ai joué avec elle, alors que son ex avait fait exactement la même chose. Je l'ai faite pleurer, alors que je m'étais juré de ne plus jamais la revoir comme ça et de la protéger de tout ce qui pouvait lui faire du mal. Mais finalement, j'étais devenu le mal dont je devais la protéger. Je suis devenu celui qui lui fait du mal parce que je lui cache tous mes secrets, toutes mes peurs et mon passé. Et si j'avais su que mon passé aurait un rôle important sur elle, je n'aurais jamais accepté son plan, elle ne sait qu'un seul détail de mon passé. Et pourtant, celle-ci à causé une énorme dispute entre nous, elle est repartie avec le cœur brisé et moi avec les fantômes de mon passé qui ont refait surface.
J'étais déterminé à tout lui raconter, à lui avouer mes erreurs et la vérité sur Zaira, mais je n'ai pas pu. Sa réaction m'a rappelé celle de Nina, comment j'aurais pû tout lui expliquer sans qu'elle s'énerve et m'accuse ? J'ai eu peur, je l'avoue, j'ai eu peur de la perdre et de la voir me hurler mes erreurs en plein visage.
Je trouverais bien un jour pour tout lui avouer, maintenant que nous avons eu une discussion, j'ai pu avoir son ressenti sur la situation.
Je le jure de tout lui dire, mais je dois juste trouver le bon moment.
J'ouvre le sachet sur lequel était collé le post-it, il y a cinq croissants dedans. Je souris et récupère mon téléphone qui était sur ma table de chevet pour lui envoyer un message. Quand je déverrouille mon téléphone, l'heure affiche 15 heures 38, j'ai dormi tout ce temps ? La boîte de somnifère sur la table de chevet me rappelle les cachets que je me suis enfilé avant de dormir, trois cachets au lieu d'un seul. Plus le temps passe, plus les médicaments font de moins en moins effets sur moi. Je soupire en me rendant compte que je retombe petit à petit, un sentiment de culpabilité pèse sur mon cœur. Je me suis juré de ne plus rechuter, j'ai juré à ma famille, à Dieu, que je ne recommencerais plus. Mais sans eux, sans médicaments, je n'arrive pas à guérir. J'ai l'impression que mon état empire au fil des jours et du temps qui passe, j'ai l'impression que seuls eux peuvent m'aider, me sauver. Yasmina m'aide beaucoup, rien qu'avec sa présence, je n'ai pas besoin d'anti-dépresseur. Mais quand la nuit tombe, impossible de trouver le sommeil, même avec Yasmina à mes côtés, je n'y arrivais pas. Les fantômes de mon passé revenaient, et je ne pouvais rien y faire. Alors j'ai pris trois cachets, plus que ce que je devrais, mais mon corps en avait besoin. J'espère que Yasmina n'a rien remarqué, même si je pense qu'elle se doute de quelque chose. J'ai compris qu'elle savait que ma santé mentale était instable, et je regrette qu'elle le sache. Je ne veux pas qu'elle me voit comme son père, je ne veux pas être un poids en plus pour elle. La pauvre doit déjà s'occuper de son père, elle n'a pas besoin d'un problème en plus.
Mon téléphone vibre dans ma main, ce qui me sort de mes pensées. J'ignore les différentes notifications de mes amis, mes yeux cherchent celle de Yasmina, et je la trouve très vite.