10. Dave

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"Je la déposais doucement, mon Ange inerte sur le lit. À cet instant, l'espoir ne tenait qu'à un fil, entre les mains de l'infirmière."



















Le soleil brûlait encore haut dans le ciel lorsque nous atteignîmes l'infirmerie près de la plage. Malaïka, toujours inconsciente, reposait dans mes bras. Chaque pas me paraissait plus lourd que le précédent, mon esprit tourmenté par une peur que je ne pouvais laisser paraître devant Yohan et le frère de Malaïka.

L'infirmerie se trouvait à seulement quelques centaines de mètres, mais cela me semblait une éternité. Lorsque nous arrivâmes enfin, je poussais la porte avec fracas, sans me soucier du bruit ou des regards.

Monsieur ? Que se passe-t-il ? s'exclama l'infirmière, sursautant en me voyant entrer ainsi.

C'est ma femme ! Elle a fait un malaise sur la plage.

Ma voix était ferme, mais le tremblement à l'intérieur de moi était bien réel. Le visage de Malaïka, pâle et inerte, me hantait.

Déposez-la sur le lit ! Ordonna l'infirmière en se précipitant vers nous.

Elle attrapa un stéthoscope et un tensiomètre. Ses gestes étaient rapides, précis. Une professionnelle dans le feu de l'action.

Je déposais doucement mon Ange sur le lit. Sa tête retomba sur l'oreiller, et je me reculais à contrecœur pour laisser l'infirmière faire son travail.

Yohan, reste près de moi. Murmurai-je, en posant une main protectrice sur son épaule.

Il s'accrochait à moi, ses petits doigts crispés dans le tissu de ma culotte , ses yeux remplis de peur. Ce regard me brisait le cœur. Je ne savais pas quoi lui dire pour le rassurer. Je ne savais même pas si j'étais capable de me rassurer moi-même.

Son pouls est faible, mais stable. Constata l'infirmière tout en enroulant le brassard du tensiomètre autour de son bras .

Elle tourna une molette, écoutant attentivement les battements de son cœur.

A-t-elle des antécédents médicaux ?

Je secouais la tête.

Non, pas à ma connaissance. Mais elle est enceinte. C'est peut-être lié ?

L'infirmière acquiesça d'un signe de tête rapide tout en ajustant la tension.

Ça pourrait expliquer son malaise. Il est possible qu'elle soit déshydratée ou qu'elle ait simplement eu un coup de fatigue. Je vais lui administrer un peu de sérum physiologique pour la réhydrater.

Je me mordis la lèvre. Les minutes qui s'écoulaient me paraissaient des heures. Le frère de Malaïka se tenait silencieux, appuyé contre le mur, observant la scène avec anxiété.

Ça va aller, non ? Interroge Yohan.

Je me penchais vers lui, l'attirant dans mes bras.

Elle va aller bien, mon garçon, ne t'inquiète pas. Elle est forte.

Mais à l'intérieur, je n'étais pas aussi sûr. Je craignais le pire. Les promesses que je venais de faire à Malaïka, quelques instants avant ce drame, résonnaient dans ma tête. Je dois la protéger.

L'infirmière installa un cathéter et plaça une poche de solution saline sur un support à roulettes. Le liquide commença à couler doucement dans le bras de Malaïka, et je retins mon souffle, espérant voir un changement, un signe qu'elle allait s'en remettre.

Yohan s'approcha timidement, posant sa petite main sur celle de sa mère.

Maman, réveille-toi. Chuchote -t-il.

Il lui faut du repos maintenant. Dit calmement l'infirmière en se tournant vers nous. Restez avec elle, mais laissez-la dormir. Elle va s'en remettre.

Je la remerciais d'un hochement de tête, trop pris par mes pensées pour prononcer des mots. Je pris place sur la chaise près du lit, tenant fermement la main de mon épouse , refusant de la lâcher.

✨✨

Je sens une pression légère sur ma main, un signe discret que Malaïka tente de se réveiller. Ses paupières battent légèrement, ses mouvements sont faibles mais empreints d'une volonté farouche. À côté d'elle, Yohan, qui s'était assoupi contre sa poitrine, bouge doucement avant de se réveiller en sursaut.

Malaïka, tout va bien ? Lui demandai-je en caressant doucement son visage.

Elle fronce les sourcils, comme si elle essayait de comprendre ce qui s'est passé. Son regard est encore brumeux, mais je sais qu'elle se bat pour recouvrer ses esprits.

Salam. Murmure-t-elle. Que s'est-il passé ? Pourquoi je me sens tellement faible... j'ai perdu connaissance ?

Elle s'appuie légèrement contre l'oreiller derrière elle, son corps sous la couverture blanche et propre qui recouvre l'infirmerie. Ses longs cheveux, légèrement décoiffés, tombent en cascade autour de son visage, contrastant avec la pâleur de sa peau.

— Oui, tu as perdu connaissance à la plage. Répondis-je en prenant une grande inspiration.

Mon pouce caressait doucement le dos de sa main.

Ses yeux se ferment un instant, son souffle saccadé témoignant de sa fatigue. Puis, soudain, elle me fixe intensément, comme si une pensée subite l'avait percutée.

Salam, il y avait mon frère sur la plage, n'est-ce pas ? Je n'ai pas rêvé ?

Ses pupilles cherchent une vérité qu'elle redoute. À cet instant, mon corps se raidi. Je sens ma mâchoire se contracter, mes muscles tendus sous le poids de cette vérité que je devrais lui avouer.

Oui, il était là. Avouai-je finalement, ma voix un peu rauque.

Son visage se fige, et elle détourne le regard, perdue dans ses pensées. Elle semble parcourir un souvenir douloureux, et je ressens un besoin ardent de la réconforter, de lui épargner plus de souffrance.

Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Vous vous êtes battus ? Demanda-t-elle.

Je baisse les yeux un instant, serrant doucement sa main, hésitant à lui donner tous les détails.

Il y a eu une altercation entre nous. Lui expliquai-je enfin, laissant une part de l'histoire dans l'ombre.

Yohan, assis à côté d'elle, lui prend la main.

Maman, tu vas bien maintenant ?

Malaïka se tourne vers lui, un faible sourire se dessinant sur ses lèvres.

Oui, mon chéri, je vais bien maintenant. Lui chuchote t-elle en lui caressant tendrement les cheveux.

Je la vois faussement rassurée, et je sais qu'elle ne tardera pas à me poser plus de questions sur ce qu'il s'est réellement passé entre son frère et moi. Mais pour l'instant, le simple fait de la voir éveillée et de pouvoir échanger quelques mots avec elle suffit à apaiser mon cœur.

Je me penche doucement vers elle, effleurant son front de mes lèvres.

Repose-toi, Malaïka. Nous en parlerons plus tard.

MALAÏKA, MON ANGE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant