𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟔 | 𝐑𝐨𝐬𝐞

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— Il fallait me le dire plutôt que t'envisageais de me kidnapper.

  — Qui te l'a dit ? Je comptais t'attirer loin des autres pour te vendre sur le marché noir.

    Je lève les yeux au ciel en pouffant, mais je suis obligée d'accélérer la cadence lorsqu'il emboite le pas encore plus rapidement.

  — Ça ne m'étonnerait même pas, soufflé-je en croisant les bras sur ma poitrine.

    Les mains fourrées dans les poches de son survêtement, Elijah me jette un regard par-dessus son épaule sans cacher le petit rictus amusé qui nait sur ses lèvres en traversant un couloir du T.A dont je ne connaissais pas l'existence. Devant la porte qui y donne accès, il est écrit que c'est interdit au public. Et je me demande bien ce qu'il cache derrière l'une de ces nombreuses portes closes.

    Il s'arrête net devant une porte, si bien que je manque de lui foncer dedans. Il observe longuement le sol, l'esprit ailleurs et les sourcils froncés. L'espace d'un instant, je pense qu'il s'apprête à faire demi-tour. Mais au lieu de ça, il sort une clé de sa poche et l'enfonce lentement dans la serrure avant de la faire tourner et d'ouvrir la porte. Je me hisse sur la pointe des pieds pour jeter un œil à l'intérieur de la pièce. Je m'attendais à découvrir un cadavre étalé au sol ou une énième salle d'entraînement, mais je suis surprise en remarquant qu'il fait tout noir là-dedans.

  — T'en fais pas, je ne vais pas te manger, ricane-t-il en s'avançant doucement.

    Je jette un œil à ses cheveux noirs dans lesquels il passe négligemment sa main en me jetant un regard en biais par-dessus son épaule avant de sourire malicieusement. Je frissonne inconsciemment lorsqu'il rajoute :

  — Enfin, pas tout de suite.

    Puis il se désintéresse de moi et appuie sur l'interrupteur juste à côté de l'entrée. Des lumières bleues prennent un instant à s'actionner, elles clignotent à plusieurs reprises et j'en profite pour pénétrer dans la pièce à mon tour. Mais lorsqu'elles fonctionnent normalement, mon souffle se coupe et ma voix s'étrangle dans ma gorge. Je me fige en survolant la salle du regard, le cœur gonflé d'admiration et l'esprit mis sur pause. Dans mon dos, Elijah retient son souffle en attendant une réaction de ma part, mais je ne bouge pas d'un centimètre face à ce qui se trouve devant moi.

    Je m'avance au centre de la pièce en l'entendant fermer la porte à clé, mais le bruit de la serrure me parait si lointain tant je suis obnubilée par toutes ces œuvres aussi magnifiques qu'hypnotisantes. Des néons azur suspendus au plafond illuminent toutes les peintures suspendues aux murs en approfondissant les traits sombres ainsi que les ombres des tableaux. Ma bouche s'entrouvre, je n'ai pas les mots face à autant de talent. Je regrette même d'avoir un jour osé toucher à un crayon.

    Je tourne sur moi-même, toutes ces œuvres sont tellement belles qu'elles pourraient facilement être exposées dans un musée ou une galerie d'art. Je n'en attendais pas moins de lui, je sentais qu'il était doué pour tout ce qui est manuel. Mais j'avoue qu'autant de précision et de détail me laissent sans voix.

    Elles sont sombres, elles incarnent toutes un sentiment et on comprend sans difficulté que le peintre qui se cache derrière avait énormément à dire, les messages sont flagrants. Et je trouve ça tellement fascinant.

  — C'est...

    Je cherche mes mots, les yeux rivés sur une peinture qui attire particulièrement mon regard.

  — Tu... enfin... c'est... tu n'aimes pas ?

    Je m'approche du tableau et tends doucement le bras pour l'effleurer du bout des doigts, les lèvres mi-closes.

𝐋𝐈𝐀𝐑 𝐓𝟏 { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant