Chapitre XI

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May

« Il est souvent plus difficile de transformer une amitié en une histoire d'amour durable que de bâtir une nouvelle relation depuis le début. » Je commence à y croire, Cole. Chaque jour, cette citation me hante comme un spectre invisible, assombrissant mes pensées et m'étreignant le cœur.

Je me demande, sans fin, si notre amitié d'avant aurait changé quelque chose. Si nous n'avions pas été amis au lycée, si nous nous étions rencontrés sous d'autres circonstances, aurions-nous pu bâtir quelque chose de solide, de vrai, de sincère ? La question tourne en boucle dans mon esprit, un tourbillon incessant qui me plonge dans des abîmes de doute.

Et si nous nous étions mariés sans le lien d'amitié préalable ? Sans les souvenirs partagés, les rires complices, les secrets échangés dans les couloirs de l'école ? Aurions-nous été capables de construire quelque chose de profond et de durable, ou notre relation se serait-elle effondrée sous le poids des attentes non dites et des non-dits ?

Je me demande si j'aurais pu t'aimer pleinement si nous avions commencé sur une page blanche. Sans la familiarité troublante de notre passé, sans les réminiscences de nos années de jeunesse qui continuent à influencer chaque mot, chaque geste. Peut-être que le poids de notre histoire commune a trop alourdi le fil de notre relation, rendant chaque pas en avant plus difficile, plus incertain.

Je nage dans un océan sans réponse, un vaste vide qui me serre la poitrine et me prend à la gorge. Chaque question laissée sans réponse est un poids de plus, une ancre qui me tire vers le fond. L'étreinte de cette angoisse est implacable, serrant ma gorge encore et encore, m'étouffant lentement, me privant d'air, de clarté. Il me semble que chaque souffle est une lutte, chaque pensée une épreuve.

Il est parfois difficile de discerner la ligne entre ce qui aurait pu être et ce qui est, entre les rêves et la réalité. Ces interrogations incessantes me poussent dans une spirale de regrets et de peurs, où je me perds dans la profondeur de mes propres sentiments. Et au milieu de ce tumulte intérieur, je me demande si nous avons fait les bons choix ou si nous sommes condamnés à vivre dans l'ombre de ce que nous aurions pu être.

Alors, je reste là, flottant dans ce tourbillon de doute, l'esprit embrouillé, le cœur lourd, cherchant désespérément des réponses qui semblent aussi insaisissables que les vagues qui m'entourent.

Voici ma deuxième raison. Nous avions trop en commun, trop de souvenirs, nous étions dans une illusion de lycéen. Nous ne sommes plus les mêmes, mais nous l'avons réalisé trop tard.

May.

Deuxième raison. Courte, mais légitime. Je posai mon carnet, plongée dans le noir de ma boutique, regardant l'horloge dont le tic tac incessant à raison de moi.

22h40

Trois heures que j'étais assise ici après avoir fermé. Trois heures, assise derrière mon bureau, les yeux rivés sur ce morceau de papier qui semblait se moquer de moi. J'arrachai feuille après feuille, la frustration se mêlant à une tristesse écrasante. Chaque mot que j'écrivais semblait trahir mes émotions, chaque phrase paraissait fade et insuffisante. Je recommençai encore et encore, cette stupide lettre, incapable de capturer l'essence de ce que je ressentais. Mes mains tremblaient à chaque nouveau brouillon, comme si elles avaient leur propre vie, dictée par un tourbillon de sentiments désordonnés.

Enfin, épuisée par la lutte contre mes propres pensées, je soupirai, rassemblant ce qui me restait de force pour sortir de ma boutique. Les murs, empreints des échos de mes hésitations, semblaient m'accompagner dans ma décision. Je glissai la lettre dans la boîte aux lettres, une dernière fois, espérant que les mots enfin inscrits trouveraient le chemin vers la compréhension.

The Heart Has Its ReasonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant