12' - Chapitre 12

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Je retournai dans mon immeuble, ma crise avait assez duré. J'en ai marre de me comporter de cette façon, et pourtant, c'est la seule manière que j'ai trouvée.
Fuir : c'est l'unique chose que je sais faire.
Néanmoins, j'en ai par-dessus la tête. Finalement, c'est sans doute mieux que Lee Know m'ait dit les choses aussi clairement. J'avais besoin de me faire secouer visiblement. Alors, je rentre chez moi. On va dire que je commence ma nouvelle résolution comme ça. Toutefois, je me laisse une marge d'erreur : certaines fois, j'aurai peut-être le droit de fuir sans culpabiliser.

Si jamais la culpabilité te lâche un peu.

J'ai poussé la porte et tous les gars étaient encore là. Ils se sont tournés vers moi et m'ont souri, sauf Lee Know. Il devrait fuir un peu plus, lui, à mon avis. Ça ne lui ferait pas de mal. J'ai brandi fièrement des sacs plastiques remplis de bols de nouilles instantanées et de bières.

Certaines choses ne changent pas, et d'autres ne doivent pas changer.

— Tout va bien ? adressais-je à Felix.

— Maintenant que tout le monde est là, bien sûr que ça va, Chan.

Il me gratifie d'un énorme sourire, l'un de ceux qui m'avaient manqué lorsque j'errais seul dans les rues. Et après avoir fait bouillir de l'eau que j'ai ramené jusqu'à ma table basse, tous les gars se sont servis et on a continué la soirée comme ça. Je devais être sortie une trentaine de minutes et pourtant, j'ai l'impression qu'aucune discussion n'a eu lieu lorsque j'étais absent.

— Tu nous régales, Chan.

— C'est des nouilles instantanées, Han... ai-je répondu.

— Justement ! il s'est appuyé contre mon épaule pour rigoler.

On venait de commencer à parler, l'atmosphère se détendant peu à peu avant que l'on ne frappe à la porte. C'était tellement discret que je me demande même si la personne n'a pas toqué plusieurs fois avant que l'on ne l'entende. Je me relève pour aller ouvrir lorsque je tombe sur Chun-hei. Elle est terrifiante, je crois que c'est à peine si je la reconnaissais en fait. Et, c'est l'odeur de l'essence ça non ?

— Oh mon Dieu... Je me suis écarté du passage pour qu'elle puisse accéder à l'intérieur de l'appartement, vas-y entre...  en la laissant se déplacer, j'ai remarqué qu'elle boitait atrocement. Chaque pas paraît être un effort incommensurable pour elle.

Comment a-t-elle réussi à atteindre mon appartement dans cet état ? Mon regard se baisse naturellement vers ses jambes qui paraissent entièrement lacérées, l'une plus que l'autre. Alors que des gouttes d'un liquide foncé s'échouent sur mon sol. C'est définitivement de l'essence.

Malgré ses manches longues et épaisses, on peut apercevoir d'immenses traînées de sang abstraites sur ses bras. C'est un F que je vois là ? Elle baisse complètement la tête, son visage rivé au sol, presque comme si elle était honteuse, peut-être qu'elle portait un immense poids sur elle. Ses épaules étaient tendus bien qu'elle n'avait pratiquement aucune force pour se tenir encore droite.

Les garçons ont vu toute la scène, eux aussi, et aucun n'a essayé de parler. Seul Changbin s'est relevé, je crois, il ne devait pas y croire. Moi non plus, d'ailleurs. Mes yeux étaient posés sur elle. Quel enfer venait-elle de vivre ? À présent, elle était juste à côté de moi, je m'empressai de fermer la porte, visiblement trop violemment, provoquant un sursaut à Chun-hei.

— Oh, excuse-moi.

Elle était tellement à cran que même si elle m'avait insulté, je n'aurais rien dit. Je me suis de nouveau approché d'elle. Je voulais qu'elle me dise que faire. Elle paraît épuisée, et cette foutue odeur commence à me dégoûter.

No-noisy [Bang Chan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant