Le mercenaire était muet comme une carpe alors que nous traversions Rahona. Pour la première fois depuis longtemps, le silence me pesait. Nous étions partis depuis à peine une demi-heure mais cela me paraissait déjà une éternité.Neyfran me suivait de près, son corps frêle frôlant souvent le mien au détour de nos changements direction. J'avais une vague idée de vers où nous nous dirigions et si mes craintes se confirmaient ce ne serait pas de bon augure pour la suite. Pour nous deux. Rien qu'en y pensant, des frissons me secouaient de la tête au pied.
Toutes les hypothèses avaient son lot d'inconvénients. C'était le moins que l'on puisse dire quand traverser le Okhenrhun était ce qui me préoccupait le moins. Rejoindre Heshima, par contre, me donnait des sueurs froides.
Quoi qu'il en soit, aucune des deux n'était une bonne idée quand nous n'étions que deux. Sans ajouter que mes aptitudes au combat équivalaient à celles d'un enfant de dix ans...
Je n'avais aucune idée du type de magie auquel il appartenait. Mais quelque chose me disait qu'elle ne serait pas suffisante pour tuer n'importe quelle Créature au dessus du type III.
Je ne ressentais pas assez d'ondes émanant de lui pour que sa magie soit autre chose que du type Apèl, ce qui était quelque peu inquiétant considérant notre situation. Les Apèls étaient ceux dont le type était le plus faible tandis que les autres maitrisaient des magies uniques et puissantes. Il serait facile de désarmer un Apèl dès lors qu'ils avaient besoin d'appeler leur pouvoir depuis une source non loin d'eux. S'ils appelaient la lumière alors ils étaient impuissants dans les ténèbres. Ils ne pouvaient rien produire depuis leur propre corps, un point qui leur était difficile à accepter quand tous les autres types n'avaient pas à se confronter à un tel inconvénient.
J'avais tout de même encore de l'espoir. Les Clans d'en Bas réglementaient qui pouvait entrer dans le Okhenrhun et j'osais présumer qu'ils ne me considéraient pas comme étant éligible à un tel honneur. D'autant plus qu'ils exigeaient la présentation d'une autorisation de notre Chef de Clan ou de la carte Weeder.
Le problème, qui n'en était pas un pour moi loin de là, était que je n'avais plus de Chef de Clan depuis des années et, aux dernières nouvelles, je n'avais jamais passé les examens nécessaires à l'obtention du certificat Weeder, qui était, par ailleurs, le plus difficile à acquérir du fait de l'entraînement intensif dispensé par le Centre. La plupart des candidats abandonnaient dans les trois premiers mois alors que ledit certificat était octroyé au bout de cinq ans.
Par conséquent, il y en avait peu, environ deux cent cinquante toute région confondue. Et pourtant, plus que jamais, nous avions besoin d'eux. De nombreuses Créatures qui habitaient ces terres nous étaient encore inconnues. Un constat encore plus alarmant quand il était de notoriété commune que nous n'avions aucune foutue idée de leur nombre, ou de leurs faiblesses, si tant est qu'elles en aient une. Heureusement pour nous, malgré les difficultés, des téméraires décidaient de tenter de les identifier et de protéger les Grandes Villes en les combattant. C'était là le devoir d'un Weeder. Si nous n'avions pas subi de grosses pertes à l'intérieur des remparts depuis des années, c'était bien grâce à eux.
Il serait pourtant mentir que de dire que personne ne mourrait, dans le Okhenrhun. Tous les mois, des Weeders et Scholars disparaissaient.
Ce qui se tapissait dans son obscurité, nous avait toujours effrayé. Le danger qu'il renfermait n'était pas une légende et les décennies d'histoires transmises par nos ancêtres nous avaient assez enseigné pour nous couper toute envie de nous y aventurer. Et cela ne changera pas de sitôt, la peur que les Créatures instillent chez les membres des Clans était viscérale.
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La voie du sang [EN COURS]
FantasyDepuis trois ans, Sadie ne cessait de fuir son passé qu'elle tentait désespérément d'oublier. Plus le temps s'écoulait et plus sa vie lui échappait. Elle se contentait de survivre en enfouissant son chagrin dans son cœur noircit qu'elle ne sentait p...