From Hâte To Love

Chapitre 15 : Incertitude

Luna 

Il ne me faut que quelques minutes pour dénicher une place de parking, un des avantages indéniables d'étudier sur le campus. Je saisis mon mug rempli de café dans le porte-gobelet de ma voiture et sors pour attendre Maelle à l'entrée de l'université. À peine quelques secondes s'écoulent avant qu'un rugissement de Ferrari ne déchire l'air, provoquant quelques sursauts et des regards curieux alentour.

Je reconnais la voiture. Elle s'approche avec une lenteur délibérée, s'arrêtant à quelques mètres de moi. Ben et ma meilleure amie en descendent. Alors qu'ils se dirigent vers moi, le reste du groupe d'Alex les intercepte. Ce dernier se retourne, m'adresse un sourire qui fait battre mon cœur avec une intensité troublante, ses yeux détaillant mon apparence de haut en bas. Je réalise soudain à quel point il est séduisant dans son costume. La coupe ajustée de son pantalon met en valeur sa silhouette élancée, les manches de sa chemise retroussées laissent entrevoir ses bras musclés. Je frémis en pensant à ces mêmes bras qui m'avaient enveloppée le soir précédent pour me rassurer, me réconforter. Mais aujourd'hui, il semble perdu, détaché de la réalité, son regard vagabondant ailleurs.

Je m'avance pour retrouver Maelle, prenant place à ses côtés tout en adressant un signe de la main au groupe. Mon regard se perd un instant sur Alex, une curiosité mêlée d'intimidation me submerge.

« Vous avez entendu la nouvelle ? » demande Liam avec un enthousiasme feint. « Madame Lorquet, notre professeure de maths, ne donnera pas cours avant Noël. Il n'y aura pas de remplaçant, Monsieur Colin et Madame Simone vont mélanger les classes. »

« C'est dommage, c'est l'une des rares profs que j'apprécie, » rétorque Arthur en haussant les épaules.

« Parle pour toi, moi elle me détestait, je suis plutôt heureux qu'elle ne soit pas là, » se moque Liam.

« Ce n'est pas étonnant qu'elle ne t'aimait pas, tu arrivais toujours en retard à ses cours et, la plupart du temps, tu étais trop défoncé pour écouter, » répond Arthur avec un ricanement qui me fait sourire en dépit de moi. « D'ailleurs, tu as l'air sobre aujourd'hui, qu'est-ce qui t'arrive, tu es malade ? »

Arthur pose sa main sur le front de Liam avec le faux sérieux d'un médecin. Liam repousse sa main d'une tape désinvolte et se redresse fièrement.

« J'ai mûri, » déclare-t-il, une arrogance nouvelle dans sa voix.

Le groupe éclate de rire, et je ne peux m'empêcher de sourire, bien que mon esprit soit encore préoccupé par le message de Zack. Je me sens tiraillée entre l'amusement de l'instant et l'inquiétude qui m'envahit.

« Toi, Liam, tu as mûri ? » ironise Alex, mimant le geste d'essuyer une larme. « Je n'y crois pas vraiment. »

Liam lève son majeur en sa direction et s'éloigne vers l'entrée de l'université.

« Il va où ? » demande Maylin, qui vient d'arriver.

« Il va en classe, forcément, pour éviter le retard, » glisse une voix à côté de moi.

Maelle me jette un regard perplexe, la confusion dans ses yeux me rappelle la nécessité de rester concentrée.

« Je t'expliquerai. Allons-y, si on ne veut pas se faire étrangler par Madame Smiss, » dis-je en lui faisant un clin d'œil.

« Ça ne change pas, » rétorque-t-elle, un éclat de rire dans la voix. « J'ai toujours eu l'impression qu'elle ne souhaitait qu'une chose, nous étriper. Je ne l'ai jamais vue sourire. »

Nous nous dirigeons vers l'amphithéâtre. À peine assise, mon téléphone vibre dans ma poche. Intriguée, je déverrouille l'écran et découvre un message d'un numéro privé.

« Bonjour Luna, j'aime beaucoup ton chemisier blanc, il s'accorde bien avec ta mini-jupe brune. PS : J'ai hâte de te voir mercredi. »

Une bouffée d'anxiété me saisit. Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi me parle-t-il de mercredi ? Je lève les yeux pour croiser le regard inquiet de Maelle.

« Luna ? C'est Zack qui t'a envoyé ça ? » demande-t-elle.

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot, craignant que ma voix tremble. Pourquoi ce message suscite-t-il en moi un tourbillon d'émotions contradictoires, tantôt l'excitation, tantôt l'angoisse ?

« La place est libre ? » demande une voix grave derrière moi, faisant grimper des frissons le long de ma colonne vertébrale. Je relève la tête pour voir Lucas, il se tient à distance, esquivant mon regard. Je n'ai pas le temps de répondre qu'Alex, comme un chien de garde, le tire brusquement en arrière, provoquant un mouvement des étudiants aux alentours.

« Je n'ai pas été assez clair samedi ? » demande Alex, sa voix emplie de menace. « Ne t'avais-je pas dit que si tu t'approchais à nouveau d'elle, tu risquerais un œil au beurre noir et un nez cassé ? »

C'est avec une horreur glaciale que je remarque le bleu qui colore l'œil de Lucas. Il semble pourtant déterminé à ne pas céder.

« Je voulais juste m'excuser pour mon comportement, » dit-il, défiant Alex du regard tout en se collant à lui. « Mais je tiens à te rappeler, Alexandre, que je n'ai aucun compte à te rendre. Dégage. »

« Peut-être que tu es le plus vieux, mais ça ne te donne pas le droit de tout faire. Il y a des limites à ne jamais franchir, comme celle de tenter de violer quelqu'un, » clame Alex, penchant son visage près de celui de Lucas, qui blêmit à ces paroles.

« Tu n'oserais pas, » murmure Lucas, sa voix vacillante trahissant une peur croissante.

« C'est bien mal me connaître. Maintenant, pousse-toi avant que je ne te mette une autre droite. »

Alex, se redressant, se tourne vers moi, un demi-sourire accroché sur ses lèvres.

« Salut petite lune, je n'ai pas eu le temps de le dire plus tôt, mais tu es ravissante. La place est libre ? » demande-t-il en désignant celle à mes côtés.

« Non, désolée, j'attends quelqu'un. »

« Ah oui ? Et qui est ce quelqu'un ? » s'interroge-t-il, prenant place malgré tout, comme un chat qui se faufile sur le canapé.

La voix de la directrice, Madame Smiss, résonne sur la scène alors qu'elle demande le silence. Je me tourne, ignorant Alex, concentrée sur son discours habituel sur l'importance des études. Les minutes passent, mon estomac se tord d'angoisse et de frustration. Quand les lumières se rallument, nous nous dirigeons vers nos classes respectives.

Dans le grand amphithéâtre où je dois prendre cours de mathématiques, l'agitation des étudiants me déstabilise. Je descends les marches et m'installe au milieu, quand une voix familière attire mon attention, m'incitant à lever les yeux. Ses yeux d'un brun presque noir se posent sur moi, et un sourire arrogant éclaire son visage.

« Eh bien, petite lune, il semble que nous allons passer un trimestre ensemble, » dit Alex, amusé.

Mon cœur se serre. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Je souffle d'agacement en me dirigeant à l'opposé de lui. Pourquoi le destin doit-il se moquer de moi de cette manière ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ?