Gasparini : Cailee & Alexander (Tome 1)

Chapitre 19 : Les murmures de minuit (2)

Alexander

Alerte rouge. Alerte rouge. Bordel.

_ Quoi ?

J'ai l'impression d'avoir perdu ma voix. Elle vient de dire ce que je craignais le plus.

_ Je t'aime, Alexander.

Je la soulève pour la mettre à côté de moi. Je ne peux pas garder une telle proximité physique alors qu'elle vient de larguer cette bombe. Elle ne se débat pas et prend place confortablement sur la banquette arrière. Je me tourne pour lui faire face. Mais les mots me manquent. Je suis juste sous le choc. Et je ne comprends pas pourquoi parce qu'en quelque sorte, j'ai appréhendé ce moment.

_ Avant que tu ne dises que je suis trop jeune pour aimer, je veux que tu comprennes que c'est vraiment que ce je ressens pour toi.

Je la regarde sans pouvoir déterminer l'expression qu'elle a. Il est trop risqué de mettre de la lumière. Je n'arrive pas à croire qu'on est en train d'avoir cette conversation dans le noir.

_ Qu'est-ce qui te fait croire que tu m'aimes ?

Je n'ai pas envie de la froisser et honnêtement, j'ai vraiment envie de comprendre ce qui se passe dans sa petite tête. J'ai envie de tout savoir. Quand a-t-elle commencé à "m'aimer", pourquoi, comment...

_ Je sais que tu crois que je me sers de toi juste pour avoir des relations intimes...

Elle baisse la tête et joue avec ses doigts. Les rayons de lune éclairent parcellement la moue triste qui s'affiche sur son visage.

_ Cailee, tu peux tout me dire, je ne te jugerai jamais. Tu le sais, j'espère ?

C'est la vérité ? Même si notre relation est en train de prendre une autre tournure, je suis tout de même attaché à elle et elle compte pour moi. Je l'ai vu grandir, un peu trop même. Je veux qu'elle sache que je ne la lâcherai pas. Même après tout ça.

_ Alexander, j'ai vraiment envie de toi. Mais en vérité, c'est plus fort que ça. Quand tu es revenu avec Broghan, ce matin-là, je me suis juste sentie intimidée par ta présence. Mais j'ai ressenti autre chose.

_ Quoi donc ?

_ Un coup de foudre ? Elle dit avec un petit rire de triste. Je suis désolée, je me sens ridicule.

Elle replie ses jambes sur elle-même et y enfouit sa tête.

La voir aussi gênée me donne envie de la prendre dans mes bras et de la rassurer que c'est quelque chose de normal de ressentir ça. Moi-même je ne suis pas un grand romantique mais l'amour au premier regard et toutes ces conneries, ce n'est pas du n'importe quoi. Surtout pour une fille comme Cailee qui vit avec des parents qui s'aiment autant. Elle a grandi avec ce modèle d'amour fort et passionné. Moi aussi, j'ai passé la plus grande partie de mon enfance chez les Gasparini et Lana est devenue comme une deuxième mère pour moi. Et pour être honnête, le couple Gasparini est aussi le seul modèle d'amour que j'ai pu voir de toute ma vie. Même pas chez mes propres parents.

_ Tu n'es pas ridicule. Loin de là. C'est très courageux de ta part de me dire ça.

Elle relève la tête et j'aperçois quelques perles salées sur ses joues.

_ Alexander, toutes mes pensées sont occupées par toi. J'ai toujours idéalisé l'amour et on me reprochait d'être irréaliste. J'ai bien failli le croire également car j'idéalisais quelque chose de trop beau. Mais j'ai réalisé que rien est trop beau avec toi.

Elle parle avec tant de sérieux que mon corps me démange pour me mettre un genou à terre et lui demander de m'épouser. Bordel, non ! Je me prenais pour un putain d'adulte responsable à forcer cette fille à me révéler ses sentiments alors que moi-même, je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais pas ce que je ressens. Enfin, je sais que Cailee me plaît mais je ne sais pas si je veux quelque chose avec elle. La liste des points négatifs est beaucoup trop longe : je vais devoir retourner en Angleterre pour terminer les  études, elle ne finira le lycée que dans deux ans, ses frères vont me tuer, Broghan va me tuer...