— Arrête de bouder, Kenaï. C'est insupportable, grommela Ménès.Depuis que nous les avions rejoints, à seulement une dizaine de mètres de l'orée de l'Okhenrhun, Ménès et Kenaï n'avaient cessé de s'envoyer des pics aussi mordants qu'ils étaient véhéments. Ils ne savaient pas communiquer autrement qu'à base de raillerie ou de tacles.
Malgré les tensions apparentes, leur groupe était soudé. D'après les informations que j'avais pu glaner si et là, ils s'étaient côtoyés pendant de nombreuses années à l'Académie. Une bonne nouvelle sauf peut-être quand on savait que Ménès et Kenaï ne pouvaient pas se voir en peinture depuis tout ce temps. J'espérais au moins qu'ils parviendraient à s'entendre pendant l'exercice de leur fonction. Histoire qu'on ne meure pas parce que deux têtes de mule refusaient de s'adresser la parole.
Un peu hypocrite de ma part quand collaborer avec Ash me dégoutait autant que de vider les latrines...
Kenaï releva la tête dans un mouvement qui se voulait dédaigneux tout en rejoignant Crispin de l'autre côté du groupe. Il ignora royalement la dernière remarque de Mènes comme si elle n'était qu'un vulgaire insecte gravitant autour de lui. Il replaça son bandeau au-dessus de ses sourcils et tira d'un coup sec sur la bretelle de son sac à dos pour le remonter.
Personne ne parla pendant un moment. Kenaï semblait particulièrement de mauvaise humeur. Le trajet s'annonçait jovial.
Génial.
Une boussole en main, Crispin gardait ses yeux rivés sur l'aiguille qui indiquait le nord. D'après Ménès, nous étions à trois jours de marche de Juwel en prenant en compte nos heures de sommeil. Autrement dit, nous n'allions pas pouvoir nous ravitailler ni nous protéger pendant la journée faute d'accès à une des villes protégées. Les nuits allaient être éprouvantes dans l'Okhenrhun mais elles le seront d'autant plus si nous ne pouvions pas nous reposer convenablement dans un endroit sécurisé le jour.
Kenaï avait pris soin de le rappeler à Crispin mais Ash s'était fait un plaisir de le rabrouer en lui indiquant que le temps était plus précieux que ses manies de petit bourgeois de la haute. Il n'avait pas apprécié, d'où sa mine renfrogné.
J'avais espéré grapiller davantage de détails concernant les attaques à Juwel au détour de leurs conversations mais personne ne les avait mentionnées depuis ma discussion avec Crispin.
A croire que j'étais la seule à m'en préoccuper. Soit ils étaient trop confiants soit ils étaient inconscients. Ou les deux.
Probablement les deux.
Ce que je pouvais regretter d'avoir refusé l'abonnement aux journaux des Chaytons... Si je l'avais fait, je n'aurais pas été aussi démunie. Même s'ils n'auraient certainement pas fait mention de ce qui m'intéressait, les informations me manquaient et l'ignorance était menaçante. Il fallait que je trouve un moyen de me procurer des éléments plus tangibles et vite. Plus j'y réfléchissais et plus des attaques à Juwel me semblait suspect.
Des attaques de quoi exactement ?
Des Créatures, d'accord. Mais s'il s'agissait des Créatures communes, elles devraient être facilement mise hors d'état de nuire. On avait, par exemple, l'habitude de croiser des Sindano, des Créatures de type II de très petite taille à la peau lisse et imberbe qui se nourrissaient du sang de nos semblables.
Il était évident que d'autres bien plus dangereuses s'approchaient parfois mais rien d'insurmontable. On avait entendu parler d'une invasion de Ninfibou à Kulmi il y a quelques années. Ca avait fait la une dans tout le continent. Ils n'étaient que de type IV et pourtant cela avait suffi à affoler toute la communauté. Une chasse avait été organisée pour s'assurer de « la purge » de l'espèce. On avait tout de même dénombré quinze civils morts.
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La voie du sang [EN COURS]
FantasyDepuis trois ans, Sadie ne cessait de fuir son passé qu'elle tentait désespérément d'oublier. Plus le temps s'écoulait et plus sa vie lui échappait. Elle se contentait de survivre en enfouissant son chagrin dans son cœur noircit qu'elle ne sentait p...