La tempête mangeait le ciel, morceau par morceau, affamée, comme si la bretagne était soudainement devenue sa proie.
C'était la saison des orages qui se levait doucement.La brume les empêchait de voir à plus de quelques pas, cependant, Léo eut déjà dompté tous les vices que la forêt d'Huelgoat renfermée. Elle savait que les branches ressemblaient à des griffes, que les chemins glissaient au point de les entraîner en un battement de cil dans la rivière d'Argent, et qu'il ne faisait pas bon de se tenir sous un arbre lorsque le tonerre grondait.
Elle ne comprit pas pourquoi son oncle avait insisté aussi ardemment pour partir à la chasse, certe, à ce moment-ci ils n'étaient surplombés que par quelques pauvres nuages ; toutefois, chacun fut averti que le temps ici changeait aussi vite que les humeurs.
Comme si leur malchance ne se targuait pas déjà suffisamment de sa grandeur, les hommes les eurent devancé depuis peut-être une heure. Elles étaient abandonnées au bon vouloir des intempéries.Agathe grognait si fort que Léo put l'entendre à travers la violence du vent, elle trouva cela hypocrite, c'est elle qui préférait s'attarder sur le moindre bruit au dessus de leur tête. Elle ne recoltait que les fruits de ses caprices ; bien qu'elle n'oserait jamais le prononcer de vive voix.
Elle avait peur de la colère qui habitait trop souvent la brune, il valait mieux se taire et espérer qu'Arthur ou Paul daignent remarquer leur absence.- Avance plus vite! Maugréait la demoiselle dans son dos.
- J'ai peur de trébucher sur ma robe ou sur une racine, s'exlamait Lénore !
Agathe la bouscula, prenant la tête de file sans dire le moindre mots. Elle devait cesser de la contratier avant que sa cousine décide de se débarrasser d'elle avec une balle bien placée.
La plus vieille se moquait souvent de cette idée, rappelant à la cadette qu'il serait aisé l'une pour l'autre de s'étriper et de faire croire en un accident.
Cette plaisanterie ne la fit guère s'amuser.L'autre faillit tomber, alors Léo se dépêcha d'attraper son épaule pour la stabiliser. Le brune ne fit que se dégager de la poigne tout en lançant un regard furieux dans sa direction. Ses cheveux noirs furent allourdis par la pluie, ils tombaient sur son visage furieux comme des algues d'encres. Les manches de sa chemise blanche, normalement amples, embrassaient sa peau en laissant apparaitre la nuance rose de ses seins. Léo jeta une oeillade brève, non pas par une perversité mal placée, mais par une curiosité innocente. Il fut rare de voir exposer ces courbes au grand air, elle n'en avait jamais vu en dehors de la sienne et de celle de Régina.
Néanmoins, aussi courte que fut l'attention, cela n'échappa pas à Agathe qui la poussa d'un air agité.- Tu as enfin décidé de ne plus dissimuler ta nature lubrique?
- Je te demande pardon ? Demandait-elle avec toute la maturité qu'elle put rassembler à son jeune âge.
L'écho de la foudre résonnait un peu plus loin, couvrant une insulte qui s'extirper d'entre ses lèvres.
- Et bien, est-ce que cela est vraiment important ? Repondit Lénore à son attaque.
- Évidemment, tu ne peux pas t'attendre à ce que cela soit accepté alors que tu habites sous mon toit ?
- Agathe, je t'aime. Cela n'a rien de pervers ou de malsain, c'est pur. Je t'aime d'une manière chaste et sincère.
Une autre insulte franchit les lèvres de la brune et cette fois-ci Lénore put l'entendre distinctement. Cela lui importait peu, elle savait de quoi son amour était fait. Elle connaissait les briques de chaque sentiment dont elle eut construit son coeur au fil des années. Chaque mot grossier, toutes les gifles et la plus infime des aigreurs ne firent que rajouter du ciment à une maison fébrile.
Lénore aimait Agathe, et ce, même en connaissant chaque facette de son horrible âme. Elle l'aimait dans sa violence et son mépris, elle l'aimait dans son intelligence immoral et sa protection, elle l'aimait car elle l'aimait inconditionnellement.
Lénore aimait simplement Agathe. Lénore aimait simplement une mauvaise personne.
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Une Cuillère De Caviar Et De Sang (Alastor X Oc)
Fanfic1930, Si un mariage est souvent heureux, il y en a bien d'autres dont l'annonce chagrine. Le mariage est un combat, De rhétorique, De platitudes faussements cordiales, De pleurs et de colères, De lettres et d'encres, De richesse et de pauvret...