𝗖𝗼𝘀𝗺𝗼𝘀 | 𝗦𝗮𝗶𝗻𝘁 𝗦𝗲𝗶𝘆𝗮 𝗧𝗟𝗖

I

Le Sanctuaire était à couper le souffle, de nuit. Les torches qui brulaient à l'entrée des divers temples qui abritaient les Chevaliers, les gardes, ainsi que ceux qui s'entrainaient pour avoir la chance de gagner une armure. Pour Diane, perchée sur le toit de la Maison du Scorpion, c'était là une vue à la fois familière et nouvelle. Familière, parce qu'elle était Chevalier du Scorpion et que le Sanctuaire était sa maison. Nouvelle, parce que la vue qui s'offrait à elle était celle du Sanctuaire plus de 200 ans avant elle.

Transportée du jour au lendemain du XXIème siècle au XVIIIème, il y avait déjà six mois, la jeune femme avait toujours du mal à se faire à son nouvel environnement. Pourquoi elle était arrivée là et comment, personne ne le savait ou n'avait ne serait-ce qu'une idée. Même le Grand Pope n'avait pu lui fournir une réponse. « Peut-être est-ce là l'œuvre des Dieux... » avait-il dit. Elle s'en était contentée. Ce n'était pas comme si un autre choix qu'accepter s'offrait à elle, après tout.

Néanmoins, elle ne pouvait pas nier qu'elle se plaisait à vivre ici, maintenant. Bien qu'elle avait toujours du mal avec certaines choses, elle était bien entourée par les Chevaliers d'or de cette époque. En tant que Chevalier du Scorpion, elle partageait la maison éponyme avec Kardia, le Scorpion de cette l'époque. Elle passait donc beaucoup de temps avec Dégel du Verseau qui passait un temps considérable avec Kardia.

Manigoldo du Cancer n'était jamais très loin non plus. Il avait un humour particulier et jouait parfois au Casanova, mais Diane aimait passer du temps avec lui. En revanche, elle évitait El Cid du Capricorne. Ce n'était pas qu'elle ne l'aimait pas, mais par les Dieux, qu'il était rigide ! Manigoldo avait dit que c'était « un truc de Chevalier du Capricorne d'avoir un balais dans l'cul. » Elle avait rit mais pas démenti : la Capricorne de son époque était pareille.

Et puis il y avait Sisyphe du Sagittaire. Par où commencer, concernant Sisyphe ? Diane ne savait même pas. Il était littéralement le chevalier en armure d'or qui venait vous sauver dès que vous criiez à l'aide. Grand, yeux bleus, blond presque roux et d'une gentillesse et dévotion incomparable, il apparaissait comme un rêve devenu réalité pour une petite fille aimant les contes de fée, de princesses et de chevaliers. Ou alors juste Diane, à vous d'en décider.

Dès qu'il mettait un pied près d'elle, son cosmos se mettait à faire n'impose quoi. Il la réchauffait et la refroidissait en même temps, il l'apaisait autant qu'il la perturbait. Et quand il y avait contact, c'était comme si deux univers s'entrechoquaient pour venir se fondre l'un dans l'autre. Diane s'était déjà faite la réflexion alors qu'elle s'était perdue dans son regard le temps d'un instant : elle y avait vu l'immensité de l'univers, des milliards d'étoiles, et 80 constellations qui brillaient plus que tout le reste.

La jeune femme souffla longuement alors que son regard se levait vers le ciel étoilé. Néanmoins, quand elle venait observer la voûte célèste tapissée de diamants, ce n'était pas pour retrouver ce cosmos qu'elle avait vu dans les yeux du Sagittaire, mais pour se rappeler que quelque part dans cette immensité, quelqu'un avait les réponses à ses questions. Pourquoi l'avait-on amenée là ? Pourquoi elle ? Pourquoi seule ? Comment rentrer et quand ? Toutes ces questions ne faisaient que s'entrechoquer dans son esprit, encore et encore tandis que le temps passait, encore et encore, et que son espoir de rentrer chez elle diminuait, encore et encore.

Allait-elle finir sa vie ici, coincée au XVIIIème siècle ? Allait-elle devoir participer à la Guerre Sainte qui s'annonçait ? Diane connaissait ses leçons d'histoire, elle connaissait chaque Guerre Sainte sur le bout des doigts, et celle-ci ne faisait pas exception. Qui mourrait, qui vivait, qui succédait à qui, et surtout qui gagnait... tout ça, la Scorpion d'or le savait. Elle était un danger, autant pour le Sanctuaire que pour les forces d'Hadès. Sa présence en elle-même était un danger, et son futur en serait sûrement changé quand elle reviendrais. Si elle revenait.