Les Gens Heureux

Chapitre n°24

Chanson du chapitre n°24 : Alec Benjamin - Devil Doesn't Bargain.

Chapitre n°24 :

« Père Noël ».

1er décembre 2023 – 15h00.

« La vérité, murmurai-je. La vérité, c'est que derrière ce masque, je ne suis rien ».

                                                                                                    Indigo, Sous le souffle d'un nouveau Printemps.

    -À moi aussi, tu m'enverras de jolies cartes postales, Cal ? demanda froidement Luc en se rapprochant de nous. Ce serait très aimable de ta part, d'autant plus que j'ai l'étrange impression que tu comptais partir sans m'en parler et me faire croire, malgré tout, que tu me prenais en compte dans tes décisions, ce qui serait fort déplacé de ta part, n'est-ce pas ? Ha ha. Enfin, Cal, mais à quoi joues-tu, bordel ?!

    Je ne savais pas ce qu'il y avait de pire entre le désespoir qui suintait de sa voix ou l'expression de son regard : glaciale, impassible, vide. Pris de court, Calem avait les yeux écarquillés et tremblait légèrement. Lucien fronça les sourcils.

    -Bah alors, tu as perdu ta langue ? le provoqua-t-il avec colère. Tu sais, tu n'as plus besoin de me cacher la vérité, maintenant.

    -L-Luc, qu'est-ce que tu as entendu, exactement ? lui demanda Cal en bredouillant, complétement paniqué.

    Lucien partit d'un rire sans joie, affligé.

    -Ah parce qu'en plus ce n'est pas tout ? s'écria-t-il avant de se mordre les lèvres. Décidément, je devrais oublier mon téléphone dans le bureau d'Albert plus souvent. Au moins, comme ça, je n'aurais pas l'air con en découvrant que mon meilleur ami souhaite me cacher son départ pour le Japon. J'ai juste entendu que pour nous protéger, tu voulais tout quitter en laissant ceux que tu aimes derrière toi pour aller vivre à l'autre bout de la planète, rien de plus. Ah, et, bien-sûr, votre fabuleuse discussion sur les cartes postales avec Merry. Très passionnante, d'ailleurs, je n'ai presque pas eu envie de m'endormir.

    Je serrai les poings. Lucien était plein de rage et de douleur. Il était comme une peluche dont les coutures étaient sur le point de se rompre pour dévoiler une montagne de coton déchiré. Il avait entendu tellement de choses...Comment Cal et moi avions fait pour ne pas avoir remarqué sa présence ? Et, en même temps, il avait raté l'essentiel, le cœur des propos de Cal. Je redoutai la suite car, déjà, Lucien reprit, ne laissant aucun moyen à ce dernier de dire quoi que ce soit.

    -Pour ta gouverne, sache qu'il n'est pas très juste de vouloir décider à la place de quelqu'un, cracha-t-il, ses mots comme du venin. Je suis quand même assez grand pour savoir ce qui est le mieux pour moi, tu sais. Ce n'est pas parce que je passe mon temps à amuser la galerie que je ne sais pas réfléchir par moi-même ou être sérieux quand il le faut.

    -Évidemment, Luc. Ce n'est pas ce que je voulais laisser sous-entendre ! retorqua Cal en haussant le ton à son tour.

    Visiblement, il semblait avoir retrouvé son sang-froid et commençait à perdre patience lui aussi.

    -Ah bon ? répliqua un Lucien dubitatif. Excuse-moi, mais ça y ressemblait pas mal quand même. Tu sais, si je compte aussi peu pour toi, tu n'avais qu'à me le dire en face, au lieu de tout faire dans mon dos...

    -OK. Stop. Je ne te laisserai pas continuer à déblatérer des conneries pareilles, alors, maintenant, tu vas la fermer et te contenter de m'écouter, c'est clair ?! lui ordonna Calem si violemment qu'il nous figea sur place de stupeur, Luc et moi. Merry ?