Chapitre 11

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Je passe la semaine suivante à chercher la perle rare sur le Net. Je veux avant tout atteindre cet objectif avant d'appeler toute la famille.

Vic passe me voir.

— Salut ma vieille ! Tu nous fais l'Hermite ou quoi ? Tu ne bosses pas aujourd'hui ? Moi qui pensais me casser le coude en venant ?

— Te casser le nez tu veux dire...

— Oui si tu veux, grogne-t-elle.

— Je suis en vacances.

De plus en plus facile. Surprise malgré tout de si bien y arriver.

Elle s'avance vers mon bureau, enfoui sous une tonne de feuilles détaillant des villas plus belles les unes que les autres.

— Qu'est-ce que c'est que tout ça ? Tu prévois un petit voyage ? Ouh là là ! Mais tu as décidé de vivre dans le grand luxe dis-moi ! s'exclame-t-elle une feuille dans la main. Regarde ces prix ! C'est énorme ! Tu as gagné au loto ? Ingrate ! Tu aurais pu m'en parler !

— Bientôt tu en profiteras. Panique pas.

— Attends... c'est quoi ce plan ?

— Un retour aux sources. Un élan de nostalgie.

Elle me sonde et je lis dans ses yeux l'étonnement. Je sais bien qu'elle attend une explication de ma part. Je rassemble mes documents, l'air de rien. Elle est au bord de la crise de nerfs. J'ai toujours adoré faire ça avec Vic. Pourquoi ? Parce que ça la mettait hors d'elle. La patience est loin d'être son atout principal et j'aime en jouer. De temps en temps. Bon ! C'est vrai... pour être honnête, très souvent.

Allez ! Dix secondes et elle explose.

1, 2, 3, 4... 8, 9...

— Kris ! Arrête ça. Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Tu es libre en juillet ?

— J'ai un stage sur la protection de l'environnement. Pourquoi ?

— Eh bien je pense que tu vas devoir l'annuler. Les arbres et les p'tites fleurs vont devoir se passer de toi.

Ah zut ! Ça me fait penser que dans la précipitation de mon projet, je n'en ai pas informé ma cancérologue. Je colle un post-it juste entre les deux yeux de la « Grosse Bertha » ; « demander permission de me barrer ».

— Quoi ?

— OK ! En quelques mots, vacances et tout ce qui va avec ; balades, farniente, cocktails, soirées festives, baignades... (puisque j'avais bien l'intention de trouver un logement avec une superbe piscine)

— Ah oui là je signe. Et il est où ce paradis ?

— Rien de déterminé encore. J'y travaille.

— Et cette proposition ne s'adresse qu'à moi ?

— Tu crains de vivre en collectivité ?

— Tu plaisantes ! Je crains surtout pour les personnes qui vont devoir me supporter. Mais explique-moi pourquoi tu parles de nostalgie ?

— Tu te souviens de mes vacances tous les ans en famille ? Eh bien je remets ça à l'ordre du jour.

Elle se vautre dans mon canapé en pouffant. Là, tout de suite, je suis morte de trouille. Son manque d'enthousiasme ne me surprend pas. Je sais combien il est dur pour elle ne serait-ce qu'une journée avec sa propre famille, alors la mienne... Si elle savait l'importance qu'a ce projet pour moi. Je ne peux pas faire ça sans elle. Si elle refuse, je suis prête à tout abandonner. Je pourrais lui dire la vérité et lui avouer mes motivations entre « comment s'est passée ta journée ? » et « tu veux un thé ? ». Quoiqu'à mon avis, je ferais bien de sortir un whisky après une telle révélation.

— OK... Je vois que ça ne t'emballe pas.

— Hein ?

— C'est bon ! Ne cherche pas dans ta petite cervelle de moineau quelles excuses tu pourrais me donner.

— Mais de quoi tu parles ? s'énerve-t-elle.

Elle se lève et fait les cent pas dans mon salon. Je la vois calculer sur ses doigts. Intriguée, je lui demande.

— Mais qu'est-ce que tu fabriques ?

Elle s'arrête, me fixe comme si je venais tout juste d'apparaître.

— Deux ! Tu imagines ? Seulement deux !

— Mais deux quoi ? je lui crie, assez agacée de ne pas comprendre.

— Deux valises ! Je n'ai que deux valises ! -Elle se rassoit complètement désespérée-. Ça n'ira jamais ! Entre mes livres... mes huiles essentielles et mon diffuseur. Tu sais très bien que je ne peux pas m'en passer ! Et tu me connais... Si je n'ai pas mon dressing à porter de mains, je suis comme un chameau sans ses deux bosses, un Mojito sans son rhum... un clown sans son nez rouge... comme...

Je lui saute au cou en laissant aller mes larmes mais cette fois, celles du bonheur. C'est ce qu'on appelle être ballotté dans un ascenseur émotionnel.

— Vic ! On s'en fout des valises !

Elle me répond en me berçant.

— Et elle croit que c'est si simple que ça... Hé ! Calme-toi ! Ça te tient à cœur dis-moi !

Je me dégage d'elle précipitamment et me dirige vers ma chambre. Elle me demande où je vais.

— On va la choisircette valise ?


Une année...le reste d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant