Black Mafia

~ Prologue ~

A tous ceux qui subviennent aux besoins de leurs parents avant les leurs.

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Fleur

Le réveil sonne pour m'avertir qu'une nouvelle journée de travail commence. Je me lève avec difficulté à cause de mes nombreuses blessures sur mon corps qui n'ont pas encore cicatrisé depuis la dernière dispute avec ma mère.

Je me dirige vers ma salle de bain pour me maquiller, afin d'être un minimum présentable pour ma journée en tant que serveuse dans ce même restaurant depuis maintenant cinq ans.

J'ai arrêté l'école dès que j'ai pu, c'est-à-dire à mes 16 ans, pour subvenir aux besoins de ma mère alcoolique et aux miens. J'ai très vite trouvé un travail, même si je travaillais déjà avant mes 16 ans avec des petits boulots par-ci par-là. Je travaillais dès que je n'avais pas cours pour pouvoir payer la nourriture, les factures et les bouteilles d'alcool de ma mère.

Ma mère a commencé à boire après le départ de mon père, quand j'avais 6 ans. Elle m'a toujours fait comprendre que c'était ma faute s'il était parti. Elle a ensuite arrêté de travailler et est tombée en dépression très vite.

J'ai dû apprendre à vivre seule, ce qui n'est pas facile quand on a seulement 6 ans. J'ai malheureusement dû grandir plus vite que les autres. Je n'ai jamais réussi à me faire des amis à cause de ma différence physique et mentale. Ma seule amie a elle aussi disparu mais cette fois-ci à mes 17ans.

Peut-être que je n'ai jamais mérité mieux, ça doit être écrit quelque part, je sais pas où.

Il y en a qui sont faits pour vivre en rigolant, moi je n'ai jamais passé un seul jour de ma vie sans me faire avoir... Tout ce qu'on m'a promis, j'y ai toujours cru, mais je n'ai jamais réussi à rien, ni à servir à quelque chose, ni à compter pour quelqu'un, ni à être heureuse.

Je pense que le plus dur, c'était de réussir à ne pas me faire prendre par les services sociaux. Je n'ai jamais laissé ma mère seule plus de deux jours.

En me regardant dans le miroir, je n'aperçois que du dégoût envers moi-même. Une grosse tâche ronde blanche enveloppant mon œil, et mon sourcil droit est visible. Je m'applique une couche de fond de teint afin qu'on ne voit plus qu'une seule couleur sur mon visage, je me mets du mascara pour camoufler mes cils blancs du même côté droit et je dessine mes sourcils pour que leur couleur soit identique, et non blanche et brune.

J'ai une maladie de peau : le vitiligo. Cette maladie se caractérise par l'apparition de taches blanches sur la peau, on parle de dépigmentation. J'ai donc plusieurs tâches blanches sur mon corps que je cache grâce à des tee-shirts à manches longues ou des pulls. J'ai commencé à avoir des taches blanches sur mes bras à l'âge de 3 ans, et plus je grandissais, plus des taches apparaissaient sur différentes parties de mon corps.

J'ai évidemment eu de nombreuses remarques sur ce « problème », ça m'a donnée un énorme complexe... Mon père me répétait sans cesse quand je lui disais que tout le monde à l'école me trouvait moche :

« La beauté commencera au moment où tu décideras d'être toi-même »

J'enfile un pull noir, un pantalon mom de la même couleur, ainsi que quelques bijoux dorés et des samba noirs.

Je descends les escaliers en béton de ma maison. Ma mère est, comme d'habitude, dans son fauteuil en face de la télé avec des dizaines de bouteilles d'alcool vides autour d'elle...

Je les ramasse pour les jeter quand ma mère me frappe brutalement. Je suis projetée sur la petite table en face du fauteuil, et mon bras heurte les bouteilles restantes sur la table qui se fracassent par terre.