FATE

PROLOGUE.

Des flammes.

Les flammes brûlaient toute la forêt qui entourait Sooha.
Des cris de peur et de désolation résonnaient dans ses oreilles. Elle essaya de les faire taire, elle serra les poings de tout son être pour chasser ses horribles bruits de sa tête. Son cœur tambourinait plus que de raison, sa tête menaçait d'exploser. Devant elle, des silhouettes indescriptibles se déplaçaient dans tous les sens, comme des âmes en peine cherchant une échappatoire. Le feu se répandait à perte de vue et une odeur de bois carbonisé lui brûlait l'intérieur, elle sentait que sa dernière heure avait presque sonné, qu'elle mourait, sans aucun doute, bercée dans les flammes de cet enfer interminable. Son souffle se coupa et ses yeux devinrent flous, il n'y avait personne autour d'elle, et pourtant, elle ressentait de la souffrance, beaucoup de souffrance. Mais lorsque deux yeux d'un jaune éclatant lui transperça le regard,

Elle se réveilla en sursaut.

Les cauchemars de Sooha étaient de plus en plus fréquents, surtout depuis qu'elle avait décidé de revenir chez sa mère à Riverfield. Mais surtout, ils devenaient de plus en plus réalistes, presque indissociables de la réalité, à condition qu'elle ne se réveille pas.

- Encore.. dit-elle, en essayant de reprendre sa respiration.

Ce qui devenait étrange pour elle, c'était que plus elle faisait ses cauchemars, plus les sensations qu'elle ressentait à son réveil étaient décuplées. L'odeur du bois brûlé imprégnait ses narines, et elle avait l'impression que ses mains sentaient aussi le bois carbonisé.

Ce matin-là, était un matin parfait pour prendre un bon café matcha sur la terrasse. Le soleil était présent, ce qui annonçait que la journée ne pouvait pas être si mauvaise, si l'on oublie la mésaventure précédente.
Malheureusement, malgré cette chaude journée d'été, elle ne pensait qu'à ce qu'elle avait vu, encore une fois, dans son cauchemar, en essayant d'y comprendre le sens. Les deux yeux d'un or brillants qui était apparu pour la première fois avant qu'elle ne se réveille ne sortaient pas de sa tête.

Après s'être préparée à grande vitesse, elle emporta avec elle son matcha, celui avec lequel elle passait tous ses matins depuis un long moment maintenant, et sortie pour attraper le premier train de ville qui la conduirait à sa mère. Cela faisait quelques années maintenant que Sooha n'était pas revenue chez elle, elle vivait chez son père au nord du pays avant de s'installer toute seule dans un petit appartement non loin de Riverfield. C'était pour elle un bonheur de retrouver sa mère, et revenir dans cette ville vieille de 300 ans la rendait quelque peu nostalgique.

Elle courut aussi vite que possible, car le dernier train qui l'amènerait au cœur de Riverfield partait dans 5 minutes, il lui fallait déjà 9 minutes à pied pour y arriver, et elle ne pouvait, mais surtout ne voulait pas manquer celui-ci.

Après une course intensive jusqu'à la gare de Nagahara, elle était à bout de souffle, mais, fort heureusement, le train était encore sur le quai. À bord, elle slaloma entre les nombreuses personnes présentes qui rendaient l'air du train irrespirable, elle se faufila et trouva un endroit où se poser, avec une barre libre pour se tenir en cas de bousculade. Elle avait une sainte horreur de l'odeur que peuvent avoir les gens de bon matin dans les transports, et fut prise de maux de tête, et d'envie de vomir. Il n'était que 10 heures 30 et pourtant, elle avait déjà l'impression d'avoir vécue une journée entière.
Les pensées qui lui venaient durant le début du trajet étaient toujours celles de ce matin, son cauchemar. Ses écouteurs dans les oreilles, elle écoutait ses musiques préférées, elle était friande de ses musiques qui lui donnaient l'impression d'avoir une place importante dans ce monde. Ces chansons qui vous projettent au rang de princesse, de chevalier, de héros, de quelqu'un. À travers la fenêtre, le paysage défilait, il y était question de prairies à perte de vue, tout illuminée par les frais rayons du soleil. Sooha préférait l'automne, mais ces moments réconfortants de l'été étaient précieux pour elle.

Elle fut très vite sortie de ses rêveries, quand un coup de frein du train la propulsa contre les personnes installées derrière elle. Sooha sentit une main lui attraper l'épaule et se retourna brusquement dans la peur d'avoir blessé quelqu'un.
Dans son élan, elle se retourna et se retrouva face à face avec un jeune homme, les deux se fixèrent dans un silence palpable, un silence qui n'en était pas un au vu du brouhaha que le coup de frein avait provoqué. Sooha ne baissa pas les yeux, elle était comme hypnotisée par ce regard doré, presque semblable à celui de son cauchemar. Le jeune homme la fixa d'un air étonné et à la fois pétrifié. Elle sentait sa main ferme se resserrer sur son épaule. Il baissa la tête subitement, puis retira sa main de son épaule en mettant fin à ce regard incessant.
Sooha sentit son cœur battre très fort, elle essaya de le faire taire en prenant une inspiration silencieuse.
- Est-ce que tout va bien ? Vous n'avez rien ? demanda t'elle, délicatement, si je vous ai blessée je..
- Non, tout va bien, merci. Coupa le jeune homme inconnu.
Sa voix était forte et à la fois douce, tout comme l'apparence qu'il dégageait.
Elle sentait que son ton était froid et distant, mais elle était certaine que ce visage ne lui était pas inconnu..
Le garçon avait la tête baissée, ce qui lui laissa assez de temps pour scruter chaque détail de sa personne. Il était grand et fin, les cheveux noirs comme l'ébène, et il portait un uniforme, semblable à celui d'une école, mais une école inconnue. Il était d'une beauté inquiétante et envoûtante. Mais ce qui la perturbait, c'étaient ses yeux, personne n'a des yeux aussi dorés, excepté dans ses rêves. Elle avait surtout l'impression d'avoir trop pensé à son stupide rêve toute la matinée.
- Je.. êtes-vous sûr que tout va bien ?
Sans mesurer son geste, d'un coup de pouce, elle leva le menton du jeune homme, là, elle aperçut à nouveau ses deux grands yeux jaunes qui pétillaient d'une lueur qu'on aurait appelé stupéfaction.
- Waw..
Ce furent les seuls mots qui lui sortirent de sa bouche, avant que le mystérieux garçon ne descende du train précipitamment et disparaisse d'un coup. Sooha ne descendait que 2 arrêts plus loin. Elle pensa dans son for intérieur, qu'elle ne le reverrait plus jamais.

Le train se vida petit à petit jusqu'à l'arrêt de Sooha. Elle pensait encore à ce jeune homme, à la sensation qu'elle avait ressentie en ayant ses yeux plongés dans les siens.. Cette drôle de lueur qu'elle n'avait encore jamais vue auparavant. Peut-être n'avait-elle jamais regardé quelqu'un d'aussi près avec autant d'attention.
Elle se leva pour descendre du train, mais son pied glissa sur un morceau de papier coincé dans l'escalier. Un papier qui ressemblait à une lettre d'une ancienne époque. Sooha s'abaissa pour la ramasser, et elle se rendit compte assez vite que ce papier appartenait à ce jeune homme inconnu qui avait filé sans crier gare. Elle avait reconnu l'emblème qui ornait la lettre par un cachet. « L'académie Decelis ». La même que celle brodée sur la veste de son uniforme.

Pour elle, ce jeune homme était déjà loin, et cette lettre ne lui serait pas rendue, alors, elle décida de la garder. Elle la serrait entre ses mains et une fois descendue du train, elle s'assit sur un banc, et l'ouvrit.

L'enveloppe était fermée par un sceau délicat et d'une couleur rouge vive, semblable à celle du sang. Les gravures étaient précises et minutieuses, on pouvait y déceler des formes étranges qui donnaient une dimension tout aussi étrange à cette lettre.
À l'intérieur, un papier, sur lequel était gravé « Vous êtes solennellement invité à notre Bloody Birthday » avec un nom, signé « Heli ».
Sooha parcouru la lettre avec soin, Bloody Birthday ? Elle n'en avait jamais entendu parler. Et elle songeait à ce prénom en fin de page, était-ce celui de ce garçon ? C'était assez joli. Mais ce qui était certain, c'est que plus ses yeux parcouraient cette lettre, plus ce jeune homme devenait un mystère pour elle. Elle se questionnait sur son identité, sur sa vie, et sur tous les mystères qui le reliait à cette enveloppe.
Une adresse figurait en dessous. Sans doute l'adresse du lieu de la fête, tant est que c'en soit une.
Une adresse qu'elle ne connaissait pas, évidemment.

Un rictus se dessinait sous le coin des lèvres de Sooha. Avant de se parler à elle-même à voix haute, en tapotant la lettre sur sa main.

- Merci pour l'invitation, l'inconnu..

Sooha avait déjà eu bien des idées en tête, parfois cela ne la menait nulle part, mais cette fois, elle s'apprêtait à toucher du doigt quelque chose dont elle ignorait encore les conséquences. Mais ce qui était sûr, c'est qu'elle n'était pas prête pour ce qui l'attendait.