GARDEN

45- Silence

1h15 

Nuit noire. Ils arrivent à l'hôpital, en silence, Ji-ho se gare. Un dernier regard vers Bastien pour puiser un peu de courage et recommencer : l'entrée dans le hall, les couloirs, se faufiler dans la chambre. Tout est similaire mais il n'est plus seul et ça change tout.

Ji-ho s'est interdit de lui parler, de la toucher, il évite presque de la regarder. Il ne perd pas de temps : il prend le câble dans sa main... inspire deux longues secondes et débranche.

Il reste debout le regard dans le vide. 2 minutes plus tard, l'alarme s'enclenche stoppée aussi sec par l'appui sur le fameux bouton en haut à droite. Il s'assoit, dans le silence, regardant la ligne de fréquence cardiaque.

Il pourrait rester là, à attendre, en écoutant le rythme régulier de son précieux cœur, toute la nuit.

Seulement voilà, il change. Son cœur à lui y répond en écho, il s'emballe. L'idée de revenir en arrière ne lui vient pas à l'esprit mais il a bien conscience qu'elle va s'en aller. C'est imminent.

Soudain les bips sont très très rapprochés. Il sent une urgence. Il arrête de l'ignorer. Il s'approche, se tient au dessus d'elle, prends son visage dans ses mains, la regarde, l'embrasse, pleure, ...

- Ji-ho : tu vas tellement nous manquer...

Les bips sont cette fois de plus en plus lents. Il regarde sur le moniteur la fréquence qui monte de moins en moins haut... Tout doucement, ce sera ses derniers mots à lui aussi :

Je t'aime.

Il pose ses lèvres tremblantes sur les siennes, le visage trempé...

Puis plus rien. Ligne plate. L'intégralité du corps de Ji-ho se contracte de douleur, il serre les draps à en déchirer le tissu. Si l'âme d'Agathe s'est élevée à ce moment, alors elle n'a eu d'autre choix que de passer à travers. Tout est terminé.

 Il tient bon en se remémorant Bastien qui l'attend. Il rebranche l'oxygène. S'en va.

Son corps sort de l'hôpital comme s'il n'était plus commandé par son cerveau. L'air frais dehors le saisit. Bastien voit une ombre s'avancer lentement vers la voiture. Il sort.

Ji-ho s'arrête à 2 mètres de lui. Il hoche la tête vers le bas.

Bastien s'élance dans ses bras et craque complètement. Ils vont rester comme ça un moment. Il a réussi, il lui est infiniment reconnaissant.

 Ji-ho finira par raccompagner Bastien chez Agathe.

- Bastien : viens. Rentre pas chez toi, viens. On va nous appeler demain. On fait toujours équipe.

Ji-ho se laisse faire. À une seule condition : dormir sur le canapé. Pas dans ce lit. Plus jamais.

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Le lendemain

- Infirmière : Allo ? Bonjour, monsieur Jeon ?

- Ji-ho : Oui.

- Infirmière : C'est l'hôpital. Vous vous doutiez que ça arriverait tôt ou tard, je suis désolée de vous informer que Madame Aurèle est décédée cette nuit.