Forgotten Memory

L

Faith

Cela fait précisément une semaine et cinq jours depuis que j'ai découvert ces photos dans la boîte aux lettres. Chaque jour qui s'écoule semble une nouvelle menace, et chaque nuit passée, je remercie l'univers de m'avoir épargné cette souffrance pour un jour de plus.

Aujourd'hui encore, en ce dimanche 9 février, j'espère ardemment que cette journée se déroulera comme les onze précédentes. Peut-être en sera-t-il ainsi, peut-être pas.

Je suis éveillée depuis quatre heures maintenant. Depuis onze jours, mes nuits sont écourtées, particulièrement les jours de cours. Je me suis levée à quatorze heures et couchée aux environs de six heures du matin.

Je n'ai plus eu de véritable conversation avec Alban depuis sa dernière visite, lorsqu'il m'a apporté la lettre trouvée chez Ethan. J'ai l'impression qu'il s'éloigne, ce qui m'effraie plus que je ne voudrais l'admettre. Même durant les cours d'histoire, il évite de croiser mon regard. Peut-être est-il honteux depuis qu'il s'est battu avec Julian sous mes yeux. Ou peut-être m'a-t-il encore menti et, quand je lui ai dit que Larry était venu déposer ces photos, il a compris les risques.

Assise face à mon bureau, je m'amuse à noircir les pages de mon carnet au lieu de réviser pour l'examen de mathématiques de demain.

Ariana m'avait suggéré qu'il serait "sympa" de se voir ce week-end. J'ai dû inventer le plus absurde des mensonges, prétextant un week-end entre filles avec ma "belle-mère", que je ne considère même pas comme telle. D'ailleurs, Sara n'est pas là non plus. Elle s'absente rarement, son travail d'avocate indépendante ne nécessitant pas de fréquents déplacements. Papa, lui, est en voyage d'affaires depuis mercredi, toujours pris par cette affaire à Washington, apparemment complexe.

Bien qu'il soit censé rentrer aujourd'hui, je prie secrètement pour que cette affaire se complique et qu'il soit retardé de quelques jours.

Mais bon. Pour cela, il faudrait déjà que la chance soit de mon côté. Et puis, finalement, si j'ai la chance aujourd'hui, je ne l'aurai peut-être pas demain. Et si je l'ai demain, je ne l'aurai probablement pas le jour suivant, et ainsi de suite. Ce qui est certain, c'est que le moment tant redouté finira par arriver.

Je contemple la page sous mes yeux se remplir de mots et de phrases qui perdent peu à peu de leur cohérence. Les trois premières lignes parlent de Larry, les cinq suivantes de mon père, deux évoquent Ariana et ma rancœur si elle ne m'avertissait pas quand son frère allait ruiner ma vie, et les dix dernières, Alban. Alban est omniprésent, envahissant mes pensées à chaque instant.

Exaspérée, je dépose mon stylo sur le bureau et saisis mon téléphone. Je fixe l'écran pendant un long moment, cherchant à comprendre l'utilité de cet appareil. Finalement, je le repose et reprends mon stylo, espérant que l'inspiration vienne comme par enchantement.

Soudain, la porte s'ouvre avec fracas, claquant contre le mur. Une enveloppe vole à travers la pièce et atterrit brusquement sur mon bureau, m'arrachant un sursaut. Mon cœur s'emballe.

Je relève la tête précipitamment, les yeux écarquillés.

C'est papa.

Il semble que le jour tant redouté soit arrivé.

Je sors les photos de l'enveloppe déjà ouverte, mes mains tremblantes. Elles sont identiques à celles de la dernière fois. Alban et moi y figurons sur chacune d'elles.

Je garde la tête baissée, incapable de soutenir son regard.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demande-t-il d'une voix dure.

Mes yeux s'embuent, les photos ne cessant de trembler entre mes doigts.

— Quelles sont ces photos répugnantes, Faith ?