18. Le chasseur

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Double Dark - Wildhood

Il y a quelque chose chez Maddie qui vraiment, mais alors vraiment, me casse les couilles. C'est cette manière qu'elle a d'inspecter ses ongles d'un air hautain quand je lui parle, un peu comme une version théâtralisée d'elle-même. Le monstre en moi lui ferait bouffer des asticots six pieds sous Terre, à cette connasse.

Or la vraie Madelyn, c'est cette nana qui dépose les armes au pas de sa porte pour s'allonger sur son lit et fixer le vide les larmes aux yeux. C'est cette nana qui chiale sous la douche parce qu'elle refuse que le reste du monde entrevoie ses failles. C'est celle qui se cache derrière ses larges sourires déments pour porter le fardeau de ses démons sans éveiller les soupçons.

C'est elle, la vraie Madelyn, celle qui intrigue non pas le monstre, mais l'humain en moi.

— MADDIE ! nous interrompt une voix de baryton depuis le rez-de-chaussée.

Le visage de ma ravisseuse se décompose comme si elle venait de se prendre une claque.

— Oh non...

L'irruption de son frangin la dépouille de tous ses faux-semblants. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte dans un cri muet, elle paraît soudain vulnérable, apeurée.

Elle est elle.

— Merde, merde, merde... murmure-t-elle en tournant sur elle-même.

Elle exécute cette petite danse décousue deux fois avant de grimper les escaliers.

— Hé, attends, détache-moi !

Elle continue son ascension sans un regard en arrière. Elle laisse toutefois la porte de la cave entrebâillée, laissant porter leur conversation jusqu'à mes oreilles.

— Rob ? chantonne faussement la blonde. Je pensais pas te revoir si tôt. Qu'est-ce qui t'amène ?

— Ils sont où, tes gardes ? gronde l'autre enculé d'une voix courroucée.

— Je sais pas, peut-être dehors ?

— Fais pas la conne avec moi, j'suis pas d'humeur pour tes p'tits jeux.

— Mais je ne joue pas, je...

Un bruit sourd retentit. Quoi qu'il se passe là-haut, elle ne termine pas sa phrase.

— J't'ai donné le bénéfice du doute, hier, Maddie. J'pensais qu't'étais mon alliée, qu'je pouvais t'faire confiance. Mais j'commence à comprendre qu'en fait, toi aussi t'as décidé d'me chier à la gueule !

— Mais de quoi tu parles, putain ?

— Du message qu'j'ai reçu à six heures c'matin ! D'abord Ronnie, et maintenant c'est Tobias qui s'vante d'te baiser !

— Mais c'est faux !

— ALORS IL EST OÙ CET ENCULÉ ?

— J'EN SAIS RIEN, PUTAIN ! LÂCHE-MOI !

Un autre bruit sourd éclate. Je tire sur ma corde pour me libérer, mais Steven l'a serrée comme un connard.

— Quoi, tu vas pas essayer d'me mentir droit dans les yeux c'te fois ? raille Rob d'un air moqueur. Tu vas pas m'dire qu'ils t'ont attaquée et que tout c'que tu pouvais faire pour te défendre, c'était d'leur offrir TON PUTAIN DE CUL ?

— Non, parce que c'est pas arrivé !

— Sale mytho que t'es ! Chaque fois que j'donne du mou à ta laisse, tu m'le fais regretter. Alors maintenant tu vas parler. Ils t'ont ralliée à leur cause pour me ruiner, c'est ça ?

Ravagés (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant