Chapitre 25: Dimanche matin

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Dimanche , un jour de calme, de repos, un jour de ménage aussi. Six heure du matin et déjà, Perséphone était réveillée dans son lit. Rémi et Appolon l'avaient abandonné dans la nuit pour aller se coucher sur le canapé ou à ses pieds, elle ne savait pas encore. Dehors, la lune entamait la partie descendante de sa course. Peu de gens se levaient si tôt. Les boulangers, quelques pâtissiers, des livreurs mais pas plus de monde. Au moins, elle aurait le temps de faire ce qu'elle souhaitait. La blonde soupira en se levant de son lit. Il n'y avait que Appolon, le pot de colle, couché sur l'une de ses couvertures. Elle se traina jusque dans la salle de bain et soupira en voyant son reflet. Ses cernes semblaient un peu creusées et bleus, comme tous les jours, malgré ses heures de sommeil.

- J'ai vraiment la tête ailleurs, s'exaspéra Camille Apolline en enfilant une tenue de sport. Se doucher avant de transpirer, qu'est-ce que c'est utile !

Après un rapide échauffement, la blonde renonça à aller courir, il faisait nuit et ses chiens bien que réveillés, clignaient lentement des yeux ou plutôt les ouvraient très lentement. Elle se résolut à faire les exercices militaires qu'elle même avait mis en place à la fin de la guerre pour les militaires de profession, en se maudissant pour cette torture matinale. La longue douche chaude la relaxa. Devant son armoire, elle aussi mal rangée, faute à ses absences prolongées, son choix se porta sur une jupe et un fin pull beige. Ses ensembles étaient soit dépareillés soit sales soit blancs, ce qui était trop dangereux pour faire le ménage. En enfilant une paire de ballerine, elle constata avec horreur qu'il n'était que sept heures trente.

- Je vais devoir me laver les cheveux ce soir, ils sont gras au possible , soupira la femme en faisant un chignon avec une pince.

 Les premiers rayons du soleil commençaient à peine à se montrer et le chauffage quasiment inexistant fut éteint. Elle alla dans le salon et renonça à écouter la radio. Elle allait essayer de déconnecter du travail aujourd'hui. Elle récupéra la liste des taches du chien et la posa dans son bureau, là où elle put. Une fois qu'elle lui aurait expliqué le ménage qu'il aura à faire, elle pourrait se concentrer sur autre chose, de tous aussi palpitant. Deux punitions du chien attendaient; ça irait de pair avec son programme. Qui a dit que le message se résumait uniquement à la maison. Elle fit couler un café, qu'elle posa sur la table du salon. Toute la maison devait être nettoyer et rangée. Son bureau, devenu champ de bataille, était plein de feuilles et de dossier mélangés sur tout et n'importe quoi. Cela passait par des papiers militaires, les actes de propriétés des chiens, des dossiers du centre, aux factures de rénovation, les dossiers du conseil et à la liste de course: elle devait vraiment le ranger. Son café bu, elle partit lancer une machine à laver de vêtements. Elle enleva toutes les housses de cousins du salon ainsi que les couvertures et les emmena dans la lingerie. Le soleil se levait et ses chiens la collaient.

- Allez le chien, il est huit heures tu te réveilles, clama Perséphone en entrant dans la pièce.

L'homme gémit en réponse face au bruit. Les rideaux furent tirés et la fenêtre ouverte. Elle ouvrit le sac de plastique et de l'aire rentra progressivement. En enlevant le bâillon, elle remarqua la flaque de bave à ses pieds. Il s'écroula au sol lorsque le plastique noir ne le soutint plus.

- Et bien tu es efficace ce matin.

Le chien laissa choir sa tête aux pieds de sa maitresse.

- Allez suis moi, on a du pain sur la planche.

Maximilien se mit à quatre pattes en grimaçant. La nuit avait été longue. Ses genoux lui servaient d'appui depuis trop longtemps. Ils craquaient au moindre mouvement et sa nuque le tirait. Il ne voulait qu'une chose, s'étirer de tout son long et se baigner dans de l'eau chaude. Malheureusement ce n'était pas dans le programme de sa maitresse. Il se traina au salon et attendit. Les deux chiens vinrent le renifler et le bousculer mais il ne réagit pas.

- Au pied.

Elle ne pouvait pas le laisser tranquille. La blonde avait préparé les gamelles de ses trois chiens et les attendaient pour commencer à petit déjeuner. Avec lenteur, il parvint aux pieds de sa maitresse et attendit sa gamelle, encore une fois composée d'une bouillie  qu'il supposa infame. Il se coucha au sol alors que les deux autres se jetaient comme des affamés sur leur gamelle. L'homme lapa longuement l'eau avant de s'attaquer à son petit déjeuner. C'était fade, gluant mais moins infect qu'à l'accoutumée. Il avala sa gamelle lentement tandis que sa propriétaire mangeait quelques fruits et buvait son deuxième café. Elle se releva et alla dans l'entrée.

- Aller, dehors! les appela t elle.

A peine le nez mis dehors qu'il eut froid. Il était nu comme un vers et  tôt le matin en octobre, il peu faire froid.

 - Le chien tu me suis et tu fais ce que tu as à faire ! informa la militaire en s'avançant dans la pelouse.

Maximilien remarqua que la maison était entourée d'une clôture dotée de plusieurs portails qu'il avait franchi la veille sans s'en rendre compte. Il se dépêcha de rattraper sa propriétaire puis trouva un arbre sur lequel il put s'appuyer. Rémi courrait après Appolon qui tenait une branche trouvée dans le jardin mais bien vite il sa désintéressa et vint vers l'humain suivant la femme.

- Rémi, arrête d'embêter le monde ! Le chien, on rentre. Tu es exceptionnellement autorisé à te lever lorsque tu en auras besoin, annonça la militaire dans une autre pièce.

Elle revint un collier et la combinaison de la veille en main. Il se retrouva rapidement habillé pour son plus grand bonheur.

 Ne tente pas de t'enfuir, tu le regretterai amèrement,  prévint elle en lui enfilant un deuxième collier, doté de deux aiguilles s'enfonçant dans la peau. Tu vas faire dans une cocotte un bœuf bourguignon puis la vaisselle le nettoyage du plan de travail, du sol ,du four et de la table. Si tu as un problème, tu viens me voir

Sans plus de cérémonie, la femme ouvrit toutes les fenêtres de la maison pour aérer. Elle étendit la machine et en relança une, en déballant sa valise. Maximilien, dans la cuisine, commença à sa relever mais revint bien vite au sol. Son dos était douloureux. En s'accrochant au plan de travail, il réussit à se lever et marcha doucement pour  s'habituer à rester debout, comme avant. En soupirant, il prit le classeur et tout ce qui était nécessaire à la réalisation de la recette. L'huile chaude sautait dans la cocotte lorsque qu'il fit dorer la viande. Avec soulagement,  il posa le couvercle sans s'être brulé. Là, le ménage lui tendit les bras. Il ne lui restait que ça à faire. Sa maitresse passait de temps à autre poser de la vaisselle ou relancer une machine à laver. Soudain, l'animal se stoppa et se précipita à la porte du bureau. Il se mit à quatre pattes et se posta au pieds de sa maitresse.

- Oui, tu peux parler.

- Veuillez me pardonner.

- De ?

- J'ai... oublié de vous parler, essaya de dire Maximilien trouvant que sa phrase n'avait aucun sens.

- C'est bien, tu t'en es souvenu avant l'heure de tes punitions d'hier. Je vais être magnanime et ne pas compter cette faute. Si tu as fini le ménage de la cuisine, tu fais les vitres du salon de la cuisine et de la pièce où tu dors. Et penses à remuer le bourguignon !

Le destin de perdantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant