02. Conseil avisé ?

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    Théa

Cela fait maintenant dix jours que mon frère est décédé ; honnêtement je n'en ai pas l'impression. C'est comme si c'était hier. Les images de son enterrement tournent sans cesse en boucle dans ma tête.

 Je vois son cercueil mis en terre à chaque fois que je ferme les yeux pour m'endormir, me rappelant que la chambre à côté de la mienne est à présent dépourvu de sa présence.

Ma mère insiste pour que je vois une psychologue. C'est ce que mon père et elle ont fait, ils ont pris rendez-vous avec Madame Couse. (En effet, la mère de Lily est une psychologue). L'absence de leur fils dans la maison est trop pénible pour eux – ce que je comprends parfaitement, car même si je ne l'avoue pas, il me manque énormément à moi aussi. Tout paraît vide sans lui.

Le plus étrange, mais aussi le plus douloureux, c'est que chaque coin de la maison, ou chacune de nos habitudes, nous rappelle mon frère. Comme si son esprit était là, avec nous, mais pas son corps.   

 Mes parents voient bien que la mort de mon jumeau m'affecte plus que je ne le montre. Je me lève tard dans la matinée, je ne vais plus au lycée, ma mine est affreuse et les seules couleurs qui apparaissent sur mon teint livide sont celles de mes cernes. Je passe la journée à grignoter devant ma série, et n'adresse quasiment plus la parole aux autres. Seul le strict minimum sort de ma bouche.

En bref, je me renferme sur moi-même...

Ce rendez-vous avec la psychologue, ma mère y tient énormément, c'est pour ça qu'aujourd'hui, j'ai enfin accepté de m'y rendre.

Je n'aime pas trop me confier, mais comme je connais la psychologue ce sera un peu plus facile pour moi que si j'avais dû me confier à une parfaite inconnue. 

C'est pour cela que j'ai accepté cette entrevue, et aussi parce que ça fait plaisir à ma mère. En ces temps durs je pourrais tout faire pour qu'un maigre sourire déforme ses lèvres.

***

Me voilà devant la porte du cabinet. La façade est chic, des pierres blanches recouvre le mur, une grande porte en verre et positionnée au milieu de celui-ci, et une plaque en laiton est accrochée juste à côté.

Maria Couse

Psychologue

 Je pénètre à l'intérieur du bâtiment et me rends à l'accueil qui se trouve juste en face de la porte que je viens de franchir. Je m'identifie auprès de la secrétaire puis elle m'invite à patienter en salle d'attente.

Je traverse donc un petit couloir au bout duquel se trouve ladite salle d'attente. Je m'installe sur un fauteuil noir plutôt confortable, patientant sagement.

Autour de moi, la plupart des murs blancs sont vides, un seul est recouvert d'affiches et de brochures publicitaires. 

Un homme qui doit avoir la trentaine se trouve à ma gauche, et une femme, elle, plutôt âgée se trouve en face de moi, à part ces deux présences, la salle est déserte. On pourrait entendre les mouches volées - enfin si la climatisation ne faisait pas autant de bruit.

J'attends encore une dizaine de minutes avant que la secrétaire me fasse signe que c'est à mon tour.

Madame Couse m'accueille quand je rentre dans la salle.

- Bonjour Théa, comment vas-tu ?

- Bien merci, et vous ?

Je réponds au tac au tac, je ne veux laisser aucune faille. 

Une promesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant