CHAPITRE 12|❛ Le sang, les cendres ❜

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Ils sortirent de la grotte. Le paysage était méconnaissable, les arbres calcinés dressant leurs branches nues comme des spectres silencieux.

-Le vent souffle à l'Est, observa Sage

Son regard s'était porté sur le champ calciné Le feu avait tracé une ligne destructrice à travers la forêt. Thalion acquiesça lentement, observant les dégâts avec une expression sombre.

-Nous l'appelons, le Galahel, le vent des montagnes. Il a poussé l'incendie à l'Est, vers la Lothlorien. Nous devrons remonter vers l'Ouest.

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Il ne leur fallut que quelques heures pour trouver leur premier cadavre.

C'était un elfe. La suie collait à son visage, esquissant sur son visage des ombres grimaçantes. Thalion s'agenouilla à côté du corps, et ferma les paupières du défunt avec délicatesse.

-Le temps n'est pas encore venu de pleurer nos morts, murmura-t-il. Nai i Valar tiruvar lyë. Man síluva lassi. Si le linnathon.

Il resta encore quelques instants auprès du corps affaissé. Sage se tint respectueusement à l'écart, respectant la douleur de l'elfe. Puis tous deux reprirent continuèrent à remonter la langue de feu.

Ils rencontrèrent de plus en plus de corps en décomposition alors qu'ils remontaient l'incendie. L'expression de Thalion s'assombrissait encore plus, si cela était possible.

Ses pensées se tournaient parfois vers Sage. La change-peau avait adopté la forme plus endurante d'un Elfe sylvestre aux yeux clairs. Elle s'était appropriée sans difficulté cette grâce particulière, propre à la race des elfes. C'était la troisième fois que Thalion observait les pouvoirs de la change-peau ; il était toujours troublé par les capacités de Sage à faire sienne la peau d'autrui.

Alors qu'il se faisait cette réflexion, Sage, se prit le pied dans une racine. Thalion esquissa un sourire mesquin ; ce n'était décidément pas une elfe.

-Ça t'amuse ? grommela Sage qui avait surpris son rictus.

-L'ennemi est tombé.

-Je t'ai déjà dit que je n'étais pas l'ennemi.

-Ce serais plus facile si tu n'avais pas prédit l'incendie de mon foyer.

-Ce serait plus facile si tu ne m'avais pas jeté dans une cellule.

-Tu as attaqué mes hommes

-Ils n'étaient pas franchement amicaux.

-Ton visage n'inspire pas spécialement confiance, remarqua le capitaine. Ou plutôt devrais-je dire, tes visages.

-Attention à toi. Tu ne voudrais pas m'avoir comme ennemie...

Thalion prit un air grave et porta la main à son glaive.

-Qu'as-tu dit ?

Sage lui lança un regard prudent.

-Rien.

-Ne me menace pas.

-Oui capitaine.

Thalion ouvrit la bouche avant de réaliser que la change-peau se moquait de lui.

-Arrête ça.

-Oui capitaine.

L'elfe soupira. La route serait longue.

Le duo retrouva son sérieux quand ils tombèrent au détour d'un chemin sur un charnier. Des troncs calcinés s'étaient effondrés sur ses semblables ; les rameaux avaient piégé les elfes dans un enfer brûlant.

Thalion songeait que ces elfes ne rejoindraient jamais les terres immortelles ; leurs yeux ne verraient jamais les lumières de Valinor. C'était terriblement injuste. Ces elfes n'avaient pas eu le droit de choisir la manière dont ils allaient mourir. Ils avaient été piégés comme des bêtes. Comme des mortels.

À la suite de cet incident, les deux compagnons n'échangèrent plus un mot

Elfes de la LothlorienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant