@consolingarmand (2/3)

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What about us - Duomo

Suivant Armand jusqu'au bâtiment, je m'étonne qu'on ne se dirige pas vers la porte centrale, mais vers une autre, plus discrète, installée sur le côté. Je ne l'avais même pas remarquée derrière le lierre qui envahit ce pan de mur.

Bien que rattachée à l'immeuble principal, cette partie latérale ne comporte qu'un unique étage et semble plutôt modeste en comparaison. On dirait une annexe.

Ma surprise est alors des plus totales quand Armand pousse le battant métallique, et qu'à la place d'un appartement ordinaire, je découvre un immense loft.

Immense, eu égard au clapier dans lequel je vis.

Vivais*.

Mais quand même ! Un loft. En plein Paris ! J'en suis stupéfaite. Éblouie. De l'entrée où je me tiens, j'aperçois de larges baies vitrées qui font penser à un atelier d'artiste avec leurs montants noirs. Elles ouvrent sur un jardinet clôturé par des bambous hauts de deux mètres. J'ignore dans quel arrondissement nous nous trouvons – la faute à mon inattention – mais ça ne change rien au fait qu'au prix du mètre carré dans la capitale, ça doit coûter un braquage. Et non des moindres.

Assurément, pas le casse de la bijouterie du coin – ou de celle qui se vante à la TV de vendre de l'or 18 carats. Plutôt le casse du siècle, du genre « grand joaillier de la place Vendôme ».

À l'intérieur, tout ce qui m'entoure a l'air extrêmement précieux et exclusif : le mobilier design, le poêle en fonte suspendu, la lampe qui forme un grand arceau au-dessus du canapé, et même le tapis qui semble tissé main et qui n'a rien à voir avec lui que j'avais acheté pour cinquante euros dans un magasin de déco discount...

Sans parler de l'ilot central en marbre sur lequel se tient fièrement une grosse boule de poils.

Inquisiteur, l'animal me fixe de ses grands orbes bleus. Il possède un pelage touffu, crème et gris, qui semble incroyablement doux. Seul le bout des pattes est d'un blanc immaculé. On dirait qu'il porte des petits gants, ou des moufles, c'est adorable.

Même le chat à l'air hors de prix...

D'un air snob, il bondit sur le sol en béton ciré et vient se frotter contre les jambes d'Armand en miaulant.

— Je te présente mon fils, Silver, dit-il en prenant la peluche dans les bras et en la retournant sur le dos comme un bébé.

Le chat ne moufte pas et se met même à ronronner de contentement.

— Il est célèbre comme son papa. Cent cinquante mille abonnés sur Insta, annonce-t-il fièrement.

Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

— Bien plus que je n'en aurai jamais ! blagué-je.

— Ne jamais dire jamais, qui sait...

Je hausse les épaules, car cela m'est égal. Ce n'est pas quelque chose que je désire ; l'anonymat me convient.

— Ce n'est pas trop compliqué de le laisser quand tu pars plusieurs jours ? Il doit s'ennuyer.

— De nous deux, c'est moi le plus malheureux. Lui, il a sa pet sitter qui passe le voir deux fois par jour pour le nourrir et jouer avec lui ! Elle en est folle.

— Je peux la comprendre.

Attirée par la panse exposée, je m'approche pour la caresser. Silver ne lance pas la patte pour griffer ni ne mord, mais il tourne quand même la tête pour me surveiller d'un œil suspicieux. Des fois que je lui jouerais un vilain tour.

Ciel, Amour et TurbulencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant