13.1: HAYDEN

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Onze ans auparavant.

Ma relation avec Iris n'a jamais été définie. Tout ce que je sais, c'est qu'elle devient petit à petit une obsession.Je ne suis pas fait pour recevoir.
Je suis conçu pour donner. Anastasia l'a compris, et c'est pour cela qu'elle veut toujours de moi. C'est la raison pour laquelle la prostitution me réussit, et que mes clients, après avoir goûté à mes tactiques, reviennent sans cesse pour demander plus. Je suis un donneur, et tant que ma partenaire se réjouit de ce que je lui fais, cela me suffit.

J'ai été entraîné pour bander et éjaculer sur commande. Je peux aussi feindre un orgasme de façon incroyablement réaliste tant que la personne avec qui je baise semble se soucier que j'aie ma part aussi.

Dirais-je que je n'ai jamais apprécié le sexe ? Seigneur, non ! J'aime suffisamment le sexe pour en faire aimer les autres. Cependant, comme je l'ai dit, je suis un donneur. Je me satisfais du simple fait que ma partenaire soit comblée. J'ai même sucé des bites, et l'extase que je leur procure me satisfait amplement pour aimer ce que je leur fais. Le fait qu'il y ait un prix dessus y contribue peut-être aussi.

Pourtant, depuis un moment, je me sens comme un étranger dans mon propre corps. Depuis que des mains hésitantes, longues et moites se sont posées sur ma chair, me faisant éjaculer en quelques secondes comme un puceau, je me rappelle sans cesse de cette sensation. La bouffée de chaleur froide qui a envahi tout mon corps, l'instant de paralysie alors que mes yeux semblaient se retourner dans ma tête, l'électrochoc qui m'a secoué...Je revis chaque instant ce court moment de désir, d'échange, d'impatience, mais surtout l'instant même où j'ai lâché prise pour m'en remettre à ses mains.Je déteste ce qui m'arrive.

Je ne suis pas un romantique et me moquerais bien de ces histoires à l'eau de rose où les personnages n'arrivent pas à se passer l'un de l'autre après un baiser. J'ai connu l'amour tôt par rapport à toute ma génération, et je l'ai connu dans les bras d'une experte. Mais jamais je ne me suis senti aussi perdu, à anticiper un autre coup avec quelqu'un.Je suis de plus en plus conscient de la présence de Laperle, de chacun de ses gestes, de son rire, de son habitude à se mordre la lèvre en baissant légèrement la tête quand elle est embarrassée ou timide, de sa démarche...

Un rire me secoue. Je deviens de plus en plus ridicule.

Je me reconcentre sur le portrait d'Anastasia et en redéfinis les contours. Elle va être contente.Je suis fier de ce portrait. Anastasia me fixe de ses grands yeux admiratifs comme elle le fait après un post-orgasme qui l'a laissée pantelante. Je lui ai donné des traits jeunes et rendu son sourire plus brillant.Je la connais assez pour deviner qu'approcher de la quarantaine l'effraie. Je le vois dans sa façon de s'habiller, dans sa manie à imiter des personnes plus jeunes qu'elle, dans son obsession pour Iris, dans son obsession à cacher ses rides sous un maquillage abondant... Des choses que je trouve immatures, mais je ne lui en veux pas. Je comprends que c'est sa manière à elle de garder emprisonnée sa jeunesse envolée et de la revivre.J'espère que ce portrait va lui ramener sa bonne humeur.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 10 ⏰

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