Sous les coups [BxB]

~ XXIV ~

~ JAYDEN ~

Mercredi, 19h49, Février.

La télévision nous rabâche pour la deuxième fois que Caleb Marshall est sortit de prison. Pour nous, ce n'est qu'un nom de plus parmi d'autres. Un connard qui a eu de la chance de trouver un bon avocat et sortir de taule. Pourtant, à voir le visage d'Austin qui se décompose, je comprends. Je comprends que cet homme n'aurait pas dû revoir la lumière du jour.

Il a lâché ce qu'il avait dans les mains. Ses dents se sont serrées à les entendre grincer. Il s'est mit à trembler de haine... et de peur.

— Austin, appel Taylor qui commence à paniquer. Qui... qui c'est ?

Mes parents écoutent attentivement. Ma grand-mère est tiraillée entre la curiosité et l'inquiétude, tout comme moi. Austin n'avait pas eu une réaction si grave lorsque Vynn était revenu pour lui. Non... à ce moment là il ressentait davantage de peine. Là, c'est à un autre niveau.

Son téléphone vibre. Aussi étonnant que ce soit, Austin vient de recevoir un message. Il met quelques minutes à avoir le courage de le sortir de sa poche pour prendre en compte ce fait. Il parait si lointain que je me demande s'il sait qu'il est encore chez moi. Il est totalement déconnecté de la réalité.

Ce qu'il lit le fait serrer les poings, puis il se frotte frénétiquement les cheveux. Il ne parvient pas à comprendre ce qu'il ressent. Il est complètement dépassé par cet afflux d'émotions nouvelles qui l'assaillent. Il est tellement perdu...

— S'il te plaît Austin..., Taylor se met à pleurer. Dit moi qui mon père a fait sortir de prison ?

La pauvre me fait de mal au cœur. Elle commence à penser que c'est de sa faute si Austin pète un câble. Je ne savais pas que son connard de père était capable de prendre la défense d'un criminel. La coïncidence pour qu'Austin le connaisse est trop grosse pour que ce soit un pur hasard. Il l'a fait exprès, c'est certain. Il parait en savoir plus que nous à l'heure actuelle. J'aimerai, moi aussi, connaître la nature de la relation entre Austin et ce Caleb...

— Je..., il se pince les lèvres et se lève. Il n'aurait pas dû être libéré. C'est tout.

Il file immédiatement à l'étage. Je le suis sans réfléchir, pas désireux de rester avec ma famille qui tente de sauver l'ambiance. Ma place est auprès de lui. Je veux l'aider. Je veux qu'il me parle. Je cours dans les escaliers à sa suite, et pénètre dans ma chambre, avant de la fermer à clé moi-même.

Il se dirige dans le coin où il a rangé vite fait ses affaires, puis fait le tour de la pièce pour être sûr de ne rien oublier. L'idiot. Ses chaussures sont en bas. Il jure en se rendant compte de son erreur et essaye de passer à côté de moi comme si je n'existais pas. Je lui attrape le bras et le plaque contre la porte. Il est hors de question qu'il fuit à nouveau.

— Dit moi Austin... Dit moi qui il est...

Je caresse sa joue, vainement. Je veux qu'il reste. Qu'il ne me quitte jamais. Est-ce une utopie que de le vouloir à mes côtés ?

— Un monstre. C'est un putain de monstre.

— Qu'a-t-il fait ?

Il hésite à me répondre. Des larmes voilent ses yeux, sans qu'aucune ne coulent. Il se retient délibérément. Il ne veut plus se montrer faible. Il finit par prendre ma nuque dans sa main calleuse, pour poser son front contre le mien. La deuxième vient se poser dans le creux de mon dos, de façon possessive et désespérée.