03. Juste la paix.

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 Noah

7 mai 2023.

Mon père m'appelle depuis le salon pour la troisième fois au moins. Les basses de la musique résonnent déjà sur tous les murs de ma chambre et pourtant je suis quand même tenté d'augmenter encore le volume.

Avant que j'aie le temps de le faire ma mère se pointe sur le seuil de ma porte avec un air mis- sévère mi- compatissant. Elle sait que la mort de mon meilleur pote m'a énormément affecté et qu'elle continue encore après onze jours maintenant, à me tourmenter. Mathias était un mec incroyable, l'une des seules personnes avec qui je pouvais être moi-même.

À cause de la richesse de mes parents, en particulier celle de mon père, je suis toujours obligé de me donner un genre, de faire bonne figure devant les autres. Parfois j'ai juste envie de tout envoyer balader, d'extérioriser, de faire ce que je veux, d'être moi. Avec Mathias c'était possible.

Je me souviendrai toujours de ce soir où je m'étais encore engueulé avec mes parents pour les mêmes raisons que d'habitude, sauf que cette fois, c'était la goutte de trop.

J'ai juste envoyé un simple message à Mathias qui disait : « J'en ai marre mec ».

Il m'a donné rendez-vous près la plage qui se trouve à dix minutes à peine de chez moi sans même me poser une seule question.

 Il était tard, le soleil se coucher et laisser apparaître des couleurs dans le ciel, Mathias est arrivé avec un petit sac rempli d'assiettes. Il me les a tendus et m'a dit : « vas-y mec, fracasse-les ».

C'est ce que j'ai faits.

À chaque assiette explosée, j'expliquais un peu plus à mon ami ce qui c'était passé, et ce que j'en pensais. À la fin, ma rage était redescendue et Mathias connaissait toute l'histoire.

Il ne parlait jamais vraiment dans ses moments-là, il écoutait juste. Mais la sensation de pouvoir se confier sans être jugé est tellement agréable que je ne le remercierai jamais assez pour ça.

Je sors de mes pensées et me rappelle que ma mère est toujours sur le bas de ma porte.

- Noah, ton père t'appelle depuis plus de cinq minutes maintenant, j'en ai marre de l'entendre brailler alors s'il te plaît descend tout de suite.

Mes parents ont toujours été comme ça, ils passent plus leur temps à se gueuler dessus ou à marmonner sur l'un et l'autres qu'à s'échanger des mots doux. Si c'est à ça que ressemble l'amour éternel, non merci je passe mon tour.

Je lui fais un signe que j'arrive et pars enfiler un t-shirt. Je prends le premier qui me vient, après tout on est dimanche je ne vais pas me casser la tête à avoir un bon outfit, un maillot noir est donc l'heureux élu.

Je rejoins mon père qui voulait juste que je l'aide à charger la voiture d'ordures qui doivent partir à la déchetterie.

***

20h.

Le moment que je redoute tous les soirs depuis la mort de Mathias est arrivé : le repas.

Je déteste ce moment car c'est l'un des seuls où je me retrouve face à face avec mes deux parents. En plus je suis sûr qu'ils vont continuer à essayer de me convaincre de faire des choses que je n'ai plus le désir de faire.

Au menu ce soir c'est barbecue, mon père pose sur la table la viande qui sort tout droit des braises et je me sers quelques merguez, brochettes de dinde et je prends du pain au passage. C'est ma mère qui rompt le silence en première, l'air de rien.

Une promesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant