Les Échos du Passé

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Les jours passaient, mais l'ombre de mon passé continuait de me hanter. Les souvenirs de mon enfance se mêlaient à ma réalité actuelle, créant un tourbillon d'émotions qui menaçait de m'engloutir. Les murs de ma maison, autrefois un sanctuaire, s'étaient transformés en prisons, emprisonnant les souvenirs douloureux d'un père violent et des cris qui résonnaient encore dans ma tête.

Je me souviens d'une soirée particulière. La maison était plongée dans l'obscurité, à l'exception de la lumière tamisée de la lampe dans le salon. Mon père était rentré tard, son humeur imprévisible changeant comme le vent. Je tremblais chaque fois qu'il ouvrait la porte, m'attendant au pire. Ce soir-là, il avait été particulièrement colérique, s'attaquant à tout ce qui était sur son passage. Je me souvins d'avoir entendu la vaisselle se briser, des cris déchirants qui résonnaient dans mes oreilles, et l'odeur d'alcool qui emplissait l'air.

Dans ma chambre, j'avais essayé de me faire toute petite, en espérant que les murs m'avalent. J'avais alors commencé à développer des stratégies pour faire face à cette douleur qui me consumait. Une de mes échappatoires était l'écriture. J'écrivais dans mon journal, griffonnant mes pensées et mes peurs sur des pages déchirées. C'était mon seul moyen de me libérer, de donner une voix à la douleur que je n'osais pas exprimer à haute voix.

Mais le plus dur, c'était lorsque la nuit tombait. L'obscurité se répandait comme un poison dans ma tête, amplifiant chaque cri, chaque souvenir de violence. C'était là que l'insomnie me rattrapait. Je restais éveillée, le cœur battant, écoutant les bruits de la maison, attendant que la tempête passe.

Ces pensées me hantèrent encore alors que je me retrouvais dans ma chambre, seule, avec la lumière de la lune filtrant à travers les rideaux. Je regardai par la fenêtre, observant les étoiles qui scintillaient dans le ciel, un océan de paix loin de ma réalité. Je savais que je ne pouvais pas fuir mes démons, mais je rêvais de trouver un refuge, un endroit où la douleur ne pouvait pas m'atteindre.

L'école devenait également un champ de bataille. Même si je faisais des efforts pour cacher ma tristesse, je ressentais le poids des regards curieux, des murmures derrière mon dos. Je pensais à ce garçon, celui que j'avais rencontré dans le parc. Ses mots, « chacun de nous a ses propres batailles à mener », résonnaient dans ma tête. Je me demandais s'il avait raison. Peut-être que tout le monde portait une douleur cachée, invisible aux yeux des autres.

Mais malgré mes tentatives de me connecter avec lui, la peur m'en empêchait. J'étais convaincue que je ne méritais pas d'être heureuse. Mes pensées tourbillonnaient sans fin, me plongeant dans une spirale de dépression. Chaque jour devenait un combat, et je me sentais de plus en plus fatiguée de lutter.

La solitude était devenue ma compagne la plus fidèle. Elle m'enveloppait comme une couverture, me protégeant des blessures extérieures mais m'étouffant en même temps. Je ne savais plus comment créer des liens, comment m'ouvrir aux autres sans craindre d'être rejetée. La confiance était un luxe que je ne pouvais pas me permettre.

Un jour, alors que je rentrais chez moi, j'aperçus le garçon assis sur un banc, seul. Mon cœur fit un bond. Devrais-je lui parler à nouveau ? J'hésitai un instant, mais les souvenirs des heures passées à penser à lui me poussèrent à avancer. Je pris une profonde inspiration et me dirigeai vers lui.

« Salut, » dis-je, essayant de cacher ma nervosité.

Il leva les yeux et un sourire timide se dessina sur son visage. « Salut, je ne m'attendais pas à te voir ici. »

Nous échangions quelques mots, mais je sentais la tension dans l'air. Il y avait quelque chose que je voulais lui dire, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. La peur de l'abandon m'envahissait à chaque fois que je pensais à lui. Comment pourrais-je lui expliquer mon passé, les cicatrices invisibles que je portais ? Je craignais qu'il ne comprenne pas, qu'il ne veuille plus de moi une fois qu'il découvrirait qui j'étais vraiment.

Finalement, je le laissai partir, luttant contre les larmes qui menaçaient de couler. À ce moment-là, je réalisai à quel point ma vie était devenue une série de choix, des choix que je faisais pour éviter d'être blessée. Mais à quel prix ? Chaque jour qui passait était un rappel de ma douleur, et je commençais à me demander si je pourrais un jour échapper à cette vie qui me semblait si sombre.

Dans la solitude de ma chambre, je pris à nouveau mon journal et écrivis, encore et encore, des mots qui coulaient comme une rivière tumultueuse. Les pages se remplirent de mes peurs, de mes rêves perdus et de l'espoir que je m'accrochais désespérément. J'écrivais sur mon père, sur la violence, sur les nuits sans sommeil, sur le besoin de fuir.

Mais une partie de moi savait que je devais commencer à affronter mes démons. La douleur ne disparaîtrait pas d'elle-même. Je ne pouvais plus rester cachée dans l'ombre. C'était le moment de trouver le courage de me battre, de briser le cycle de la peur. Mais comment le ferais-je, alors que le passé continuait de me hanter comme un écho incessant ?

La lutte ne faisait que commencer.

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