Chapitre 6

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Kael me réveilla brusquement, posant une main ferme sur mon épaule.

– Debout. La tempête est passée. Nous devons reprendre la route, dit-il d'une voix rauque.

Je m'assis, clignant des yeux pour chasser le sommeil. Roger était déjà debout, rassemblant nos affaires avec une efficacité surprenante. Je me levai, réajustant ma cape et vérifiant que ma dague était bien accrochée à ma ceinture. Kael, toujours aussi vigilant, ouvrit la porte de notre chambre et jeta un coup d'œil dans le couloir avant de nous faire signe de le suivre.

Nous descendîmes les escaliers en silence, évitant de réveiller les autres occupants de l'auberge. Le patron de l'auberge dormait à son comptoir, ronflant légèrement. Kael ouvrit la porte d'entrée, et nous sortîmes dans les rues encore humides de la ville. L'air était frais et chargé de l'odeur de la pluie récente. Le silence pesant de la nuit éternelle enveloppait tout.

Nous avançâmes prudemment dans les ruelles désertes, nos pas résonnant sur les pavés mouillés. La ville semblait encore plus lugubre avec cette obscurité incessante, les ombres se mouvant dans chaque recoin. Je sentais mon cœur battre plus fort, mais la présence rassurante de Kael et Roger à mes côtés m'aidait à garder mon calme.

Après quelques minutes de marche, nous atteignîmes enfin l'écurie. Kael ouvrit la porte avec précaution, scrutant l'intérieur avant de nous laisser entrer. Le majestueux Sleipnir, était debout dans son box, ses six pattes bougeant légèrement comme s'il était impatient de reprendre la route. À côté de lui, la jument alezane mâchonnait tranquillement du foin, visiblement indifférente à notre arrivée.

Kael s'approcha d'Ombre, le caressant doucement pour le calmer avant de le préparer pour le voyage.

– Nous devons faire vite, murmura-t-il. La route jusqu'à Morag est encore longue.

Roger s'occupa de la jument alezane pendant que je préparais mes affaires pour être prête à partir rapidement. Une fois les chevaux sellés et prêts, nous sortîmes de l'écurie et Kael m'attrapa pour me hisser sur l'étalon noir. Il grimpa de nouveau habilement derrière moi et je pouffais faiblement de rire en voyant le barde s'y reprendre à trois fois avant de réussir à monter sur la jument peu coopérative. Lorsqu'il fut installé nous nous mirent en route.

Alors que nous chevauchions dans les rues humides, je sentis la tension diminuer légèrement. Le calme après la tempête était presque apaisant, malgré l'obscurité omniprésente. Roger, toujours de bonne humeur malgré les circonstances, lança une plaisanterie pour détendre l'atmosphère.

– Vous savez, cette nuit sans fin à au moins un avantage : on ne risque pas de prendre un coup de soleil !

Je souris malgré moi, appréciant sa tentative de légèreté. Kael, quant à lui, restait concentré sur notre destination, ses yeux scrutant l'horizon pour repérer d'éventuels dangers.

Nous quittâmes finalement le village, Ombre et la jument alezane avançant d'un pas rapide sur le chemin boueux. Après quelques heures de chevauchée silencieuse, les ennuis recommencèrent sous la forme d'un pont en ruine que nous devions traverser pour continuer notre route. La corde et le bois étaient anciens et mal entretenus, les planches pourries menaçant de céder à chaque pas. Mettant pied à terre, Kael traversa en premier, testant chaque planche avec précaution et trainant les montures derrière lui.

– Faites attention où vous mettez les pieds, prévint-il en arrivant de l'autre côté. Le courant de ce fleuve est particulièrement puissant.

Je le savais sans avoir besoin de le voir, entendant le grondement des eaux furieuses devant nous. Je m'engageai sur le pont, mon cœur battant la chamade à chaque craquement sinistre sous mes pieds. À mi-chemin, une planche céda sous moi, et ma jambe passa à travers, me faisant chuter avec un petit cri. Je me rattrapai aux autres morceaux de bois. Kael attrapa mon poignet, me tirant en sécurité de l'autre côté.

Un Royaume Sans Aube - RomantasyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant