(je vous ai mit mes croquis de Vally Valère, histoire que vous puissiez voir comment je le perçois dans ma tête. Je suis en train d'en faire d'autres pour les autres persos si ça vous intéresse.)
Je sais pas vraiment pourquoi je n'ai pas recouvert ma soulmark par mes tatouages. La plupart des gens ne le font pas, mais pas mal de tatoueurs proposent ce genre de service. Pour les endeuillés ou les désillusionnés. Ou les anarchistes qui se refusent au destin.
De ce côté là, j'avoue que je suis presque d'accord avec eux. Imaginer que la vie est toute tracée doit avoir quelque chose de rassurant pour certains, mais moi... J'aime bien ma liberté.
Cela dit, penser qu'on peut se soustraire au destin quand il nous arrive dans la gueule... Bon courage.
Moi... J'ai juste aucun espoir de rencontrer mon autre.
Qui qu'il soit. (C'est un "il" j'imagine. Si c'était une "elle"... j'apprendrais des choses sur moi que vraiment j'aurais pas vu venir.)
Non, vraiment. Je suis "mort" au monde des vivants il y a une vingtaine d'années, les âmes-soeurs ont d'habitude... Quelques années d'écart d'âge tout au plus. Vu que j'ai l'air d'avoir la vingtaine, vingt-cinq maximum, mon cher élu, pour peu qu'il soit encore en vie, doit avoir aux alentours de la cinquantaine. Et avec les endroits que je fréquente, sans vouloir être négatif, y'a peu de chance que je croise un daron dans mes lieux de perdition avinés préférés.
Honnêtement... S'il est pas cané dans un cimetière quelconque, j'espère qu'il va bien. Qu'il ne pense pas plus à moi que je pense à lui. Et qu'il s'amuse à moitié au moins autant que moi.
Au fond des backrooms des bar fréquentés uniquement par des types qui recherchent la même chose que moi quand on se retrouve pour une petite sauterie entre adultes consentants... Peut-être que à la limite je pourrais l'y trouver.
Mais ce serait vraiment vraiment malaise, non? L'angoisse. Bon, cela dit, on sera déjà prêts à passer à la suite.
... En vrai, l'enfer d'avoir un humain comme autre. Faudrait le changer ou le voir crever de vieillesse... Nan... Je suis pas prêt pour ça. Vraiment pas.
Mais malgré tout, j'ai pas recouvert ma marque.
Peut-être parce que cette petite étoile scintillante est jolie.
Peut-être aussi parce qu'avoir la soulmark pile à l'endroit du cœur est vraiment trop rare pour que j'ai envie de l'effacer totalement.
Peut-être aussi... Et c'est pas la chose à laquelle j'aime le plus penser, parce que c'est la seule chose qui me rattache encore ou monde d'avant. Avant la nuit.
Parce que je viens bien de quelque part. J'imagine.
Les vampires ne popent pas dans l'univers dans un nuage de fumée. On a tous été des humains.
Même si pour ma part, je me souviens de rien.
Je rallume une cigarette, songeur.
D'habitude, j'évite de me laisser entraîner par ce genre de réflexions qui mènent à que dalle.
De toute façon, je n'ai aucun souvenir de ma vie d'avant.
Bones n'a pas su me dire si c'était normal. Ce qui change pas grand chose.
J'ai toujours été seul dans mon éternité noctambule. Seul avec mes crocs et mes questions.
Questions que j'ai vite abandonné.
À quoi bon se torturer.
Peut-être que mon Créateur ne voulait pas de moi.
Tant mieux. Je ne veux pas de lui non plus.
Les Créateurs vampires, selon Bones, peuvent plier leurs enfants à leur volonté. Comme des saletés de drônes contrôlés par l'esprit qui les a fait naître.
Encore un délire de vampires. Ils ont besoin de ce contrôle.
Pas moi. Pitié non.
Je les vois comme les créatures les plus tristes, sociopathes, complètement dévorés par l'immensité de leur immortalité, qui puissent exister.
Je comprends. Quand j'ai capté que je pouvais vivre mille ans, moi aussi j'ai eu deux minutes de tourni intense et de crise existentielle. (Existentielle, ahah. Pour un mort c'est hilarant.)
Ceux d'entre eux qui ne sont pas à chouiner sur leur humanité perdue en suçant le sang de pauvres bestioles pour mieux se flageller d'être des "monstres" sont tellement pénétrés de leur importance, de leur beauté, de leur magnétisme et de leur place au sommet de la chaîne alimentaire qu'ils sont cons comme des chimpanzés en période de rut.
Détestable.
Des clichés sur pattes. Même les films et bouquins des humains n'arrivent pas à toucher du doigt à quel point ces trousducs' sont prévisibles.
Parce qu'en vrai...
Je pense qu'ils sont juste seuls. Terrifiés de perdre leur puissance.
Et dégoûtés d'avoir perdu leurs autres, parfois depuis des siècles.
C'est probablement pour ça qu'ils ont inventé ce concept de "compagnon vampire". Pour remplacer ce qu'ils n'auront jamais.
Il y a un pouvoir dans notre sang.
Le sang, c'est ce qui nous maintient fonctionnel, ce qui nous empêche de nous dessécher comme de vieux cadavres.
Si un vampire échange son sang avec un humain qu'il a mordu, l'humain devient vampire, assujetti à son "parent" vamps. Un Créateur.
Par contre... Si un vampire mord un autre vampire, boit son sang, avant de se faire mordre à son tour, faisant faire au précieux liquide le tour complet de deux corps, alors... Celui qui a mordu en premier devient le maître du second qui est alors son compagnon.
Alors ouaih, ça a l'air super romantique comme ça, ils sont liés pour l'éternité, et tout, envoyez les colombes noires et les paillettes en forme de cercueils, vive les mariés.
Mais mon cul, ouaih.
Même si j'espère que c'est fait volontairement la plupart du temps, ça n'empêche pas que le compagnon est soumis à la volonté de son cher maître. Qui lui, peut se payer le luxe d'avoir en plus plusieurs petits chiots bien dressés à sa disposition.
Moi j'appelle ça un harem, personnellement. Yurk.
Ouaih, il y a des vampires pour qui ça se passe bien, qui sont très heureux dans ces espèces de couples à relation totalement déséquilibrées, mais moi, NON MERCI.
Plutôt crever. (encore).
J'écrase ma dernière cigarette dans le cendrier en me sentant partir.
La musique continue à hurler à mes oreilles, ça m'endors profondément. Le bruit coule dans mes veines aussi sûrement que le sang de mes victimes.
Je m'en nourris tout autant.
Et puis, en règle générale, je déteste le silence. Ça m'angoisse.
Mes jours sont plus beaux une fois peuplés de basses sourdes et des crachats denses de guitares distordues.
Je ne comprends pas tout de suite que je rêve.
J'ai juste l'impression d'être dehors sous la pluie.
Un sac de courses en main, qui se remplit d'ailleurs de flotte à grande vitesse.
Je ne sais pas où je suis. Pas du tout. Devant un centre commercial j'imagine. Mais je ne connais pas le quartier. Et... Comment je suis arrivé là?
Ma chemise trop large est trempée, colle à ma peau, comme mon short en jean.
Je n'ai pas froid mais ce n'est pas à proprement parler confortable. Et en plus, je n'ai même pas ma casquette pour empêcher l'eau de me rentrer dans les yeux.
C'est ultra chiant, je dois bien admettre.
Il va falloir que je retrouve mon chemin.
Grommelant un peu, je commence à marcher, décidant de me diriger au hasard dans les rues encombrées de passants que je vois alentour. Quand quelqu'un passe son bras autour de mes épaules.
"Te voilà. Je t'avais dit de ne pas partir sans moi.... Bon sang, tu es trempé. Attends."
L'inconnu me serre plus près de lui, et ouvre un grand parapluie qui nous protège tous les deux.
Immédiatement, je sens une douce chaleur m'envahir. Et un profond bien être.
J'ai beau me tourner pour le voir, je ne peux pas distinguer son visage. Il est dans l'ombre, comme barbouillé avec un gros marqueur. Mais je sais qu'il est un peu plus grand que moi. Et que je me sens... bon sang, je ne me suis jamais senti comme ça.
C'est comme si, d'un coup tout faisait sens, comme si... Comme si j'avais trouvé une réponse que je ne savais même pas que je cherchais.
"Viens," me dit-il. "Rentrons à la maison..."
Je me réveille en un sursaut, me redressant d'un bloc. Prenant instinctivement une intense respiration dont je n'ai pas besoin.
Tout mon corps tremble. Comme si j'avais vécu un choc intense. Ma poitrine me fait mal. Si mal...
Les mains mal assurées, je cherche mon paquet pour m'allumer une cigarette. C'est quand je tire dessus que je remarque l'eau sur mes joues.
Sans déconner...Je pleure?
Comment ça, je pleure?
Hébété, je m'approche de mon miroir. Pour voir de grosses larmes couler sur mes joues.
Mais... Pourquoi?
Je ne pleure jamais. Je ne savais même pas que c'était possible pour un vampire.
Ce n'est tout de même pas ce rêve qui...
C'était tellement... Commun. Tellement nul à chier. Une scène banale. Pourquoi est-ce que ça m'a autant secoué?
Mais je me sens vide.
Une part de moi a envie de revenir dans ce rêve. De retourner avec cet inconnu sans visage.
De... Je ne sais pas. De juste le suivre. D'entendre sa voix...
La musique qui hurle encore m'ancre à la réalité. Je m'y accroche. Assis sur mon lit.
C'était débile.
Je dois être plus fatigué que je ne le pensais... Ou alors c'est les trucs qu'il y avait dans le sang du violeur de tout à l'heure. À bouffer des junkies, fallait s'y attendre...
On toque à la porte. Lula entre.
"Valère, tu... Oh la vache ça pue la clope, tu veux pas aérer?"
Elle fait la grimace, grimpant par réflexe sur la chaise devant mon bureau pour ouvrir le vélux. Je me recule par instinct.
"Relax," me dit-elle en s'essuyant les mains sur une de mes chemises qui traînent. "Le soleil est couché depuis deux bonnes heures. J'ai pas encore prévu de te buter."
Sa présence est bienvenue, elle me distrait de ce rêve étrange.
"Je sais que tu me gardes juste parce que t'as besoin de moi pour le loyer." J'aime bien la faire chier. Quand je fais semblant de douter de son amitié, des fois elle me met son pied dans la gueule. Mais c'est pas comme si elle pouvait vraiment me faire mal de toute façon...
"T'as raison, ouaih," me répond-t-elle, en reniflant un petit rire nasal. "Dis, loin de moi l'idée d'interrompre tes intenses activités..." Elle passe un oeil blasé sur ma chambre où s'étalent mes diverses bandes-dessinées et livres de fantasy, boîtes de jeux vidéos, et magazines de skateboard, "mais ça t'intéresse un tuyaux pour ton prochain repas?"
"Vas-y, dis toujours..."
Je me redresse, enfile un T-shirt portant une illustrations d'ananas avec des petits yeux, et m'affale devant mon ordinateur, prenant ma manette, lançant mon application de jeux vidéo.
C'est excellent pour mes réflexes. Et puis, j'ai du temps à tuer.
"Tu vois ta salle de concert préférée?" me demande-t-elle, s'accoudant sur mes épaules, me regardant lancer le RPG dans lequel j'avance mollement, trop occupé à faire des quêtes secondaires pour tous les PNJs de la planète pour sauver le monde.
"Le Méphisto?" Je hausse un sourcil. "J'ai pas déjà nettoyé l'endroit le mois dernier? Il y a déjà des bâtards qui mettent des trucs bizarres dans les verres? On est jamais tranquille, bordel..."
J'adore le Méphisto. Ils passent les meilleurs concerts de métal de la région. La gérante de la salle est pratiquement une copine, à force de me voir traîner dans la fosse. Je paie plus mes verres, c'est pour dire.
Je vais pas là-bas pour bouffer d'habitude, purement pour la musique. C'est chez moi.
Si quelqu'un s'attaque aux gens du Méphisto, je le prend mal.
"Nan," soupire Lula, un brin de mécontentement dans sa voix. "C'est pire. Il y a des rumeurs d'agressions graves. De meurtres, même. Même si les flics humains n'ont rien pu prouver. Quelque chose n'est pas net... Et puisque tu es une sorte de justicier de la nuit, c'est une affaire pour toi."
"Meh... Appelle-moi Batman."
"T'as raison, Draculito."
"Va chier."
Je mets mon jeu en pause et regarde sur internet les prochains concerts qui auront lieu dans la salle. Grosse programmation. Tout ne m'intéresse pas, mais la semaine prochaine a cinq concerts de prévus. Je me décide.
"J'ai pas la dalle encore," je préviens Lula. "Mais j'irais demain. S'il y a un agresseur en série, il peut être long à choper. Autant s'y prendre à l'avance."
Mon amie dépose un baiser ravi sur ma joue.
"T'es cool, mec," me dit-elle. "Tu voudras que je t'accompagne?"
"Non t'inquiète," je la rassure. "Va bosser pour tes autres clients."
"Ça marche. T'abrutis pas plus, va prendre l'air de temps en temps," me signale-t-elle, commençant à partir.
"Oui maman," je réponds avec toute la mauvaise foi du monde, sans la regarder, mettant ostensiblement mon casque sur mes oreilles, me replongeant dans mon jeu. Et dans la tâche ô combien essentielle à la survie du monde d'aller cueillir douze paquerettes pour réconcilier le pêcheur avec sa femme.
Franchement, vieux, quand t'es pas capable de sortir de ta baraque pour aller ramasser des vieilles plantounes pour ta nana, tu mérites pas de la garder. Mais qui suis-je pour juger, après tout.
Je fais passer ma cigarette avec une gorgée de vodka, et en quelques minutes, j'ai déjà oublié que j'existe en faveur de ma vie de pixels.
..............
Je me réveille en sueur.
Je ne me suis pas senti m'endormir.
Il me faut quelques minutes pour sortir de mes draps qui sentent le renfermé et me diriger vers la machine à café que j'ai réussi à remettre en marche la veille.
Mes mains tremblent.
Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive?
Comment un simple rêve peut-il me mettre aussi mal? C'était qui ce type tout sec? Pourquoi je ne pouvais pas distinguer ses traits?
Et surtout... Pourquoi ma poitrine me fait aussi mal?
J'ouvre la fenêtre, mon café à la main. Regardant la mer à mes pieds.
Ce n'était rien qu'un rêve banal. Je suis trop fatigué. Trop stressé par ce qu'il me reste à accomplir.
Je prends une grande inspiration. Sentant l'air marin de l'estuaire se poser sur ma langue.
Une nouvelle nuit... Je vais ressortir.
Je ne suis pas venu dans cette ville pour rester encore et encore bredouille.
Mes questions réclament des réponses. J'approche du but.
J'ai entendu des rumeurs de crimes. Je vais les suivre. Peut-être... Peut-être que c'est le début d'une piste.
Après tout, je n'ai rien de mieux pour me guider, alors...
Et ça me distraira de ce rêve.
En tout cas... Je l'espère...(omg, serait-ce l'arivée du second larron?)
(oui. y'a pas de suspens, oui. totalement.)
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MOTHIKA - Âmes-Soeurs Nocturnes (BoyxBoy)
Vampire(TW : contenu adulte, smut, bl.) Valère est un jeune vampire qui aime autant sa vie de débauche qu'il déteste ses congénères. Il se tient très loin des autres Vampires et du tribunal Nocturne, et préfère picoler avec son meilleur copain Lycan, et L...