Chapître 3

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Le terrain de foot n'avait rien d'extraordinaire. Du sol composé de graviers, s'échappait un nuage de poussière à chaque foulée. Quatre bancs entouraient la zone. Souvent les internes s'y retrouvaient le soir avant d'aller manger au self. À chaque extrémité du terrain, l'état des filets et la peinture des poteaux de buts qui s'écaillait criait le manque d'entretien. Le terrain de foot était à quelques pas du self. Ainsi, nous avions prévu après cette partie de nous y rendre directement.

Pierre, Romain et Nicolas nous attendaient assis sur un des bancs. Nous jouerions en petit comité.

Pierre était le meilleur ami de Niels. C'était un garçon brun, à la silhouette athlétique, plutôt discret, assez taciturne et très sympathique. Cela ne me surprenait pas que Niels et lui soient si proches.

En revanche, Romain et Nicolas frisaient l'insupportable. Ils passaient leur temps à faire des blagues franchement limites. Nicolas pouvait être toléré quand Romain était absent, mais ce dernier m'exaspérait au plus haut point. Il enchaînait les blagues désagréables à l'insu des autres et se permettait de plaisanter à propos des origines sociales d'une camarade de la classe, Jeanne, qui ne lui avait rien demandé.

– Ah bah enfin vous êtes là, les gars, vous vous êtes faits désirer, on dirait, grommela Romain.

– Ouais déso, on a été un peu long, on se répartit comment en équipes, demanda Paulin.

– Je pense que ce serait bien qu'on équilibre cette fois, proposa Félix. À la dernière partie, Pierre et Niels s'étaient retrouvés dans la même équipe, ne nous laissant aucune chance de victoire.

– J'avoue, Niels et Pierre, on vous sépare cette fois, flemme de me faire encore passer dessus au rouleau-compresseur, réagit Gauthier.

 Gauthier ne se distinguait pas par sa capacité à supporter la défaite. Niels s'esclaffa. Nous échangeâmes un regard et nous sourîmes avec complicité. Le malaise était parti. On est juste de bons potes ! Rien de louche ne se tramait. Je m'étais, très certainement, fait des montagnes de très peu, et même de rien du tout. Ouf ! J'étais soulagé. J'allais pouvoir jouer l'esprit léger.
Les équipes se repartirent de la manière suivante : d'une part, Romain, Félix, Pierre et moi. D'autre part, Nicolas, Gauthier, Paulin et Niels. Nous avions une chance de gagner. La partie commença.

Je courais d'un bout à l'autre du terrain en ne touchant que rarement la balle. J'étais, certes, rapide mais assez peu agile avec un ballon. Mon équipe pouvait compter sur Pierre, et un Félix tout essoufflé qui essayait tant bien que mal de garder le rythme.

Mon attention était ailleurs. Mon regard se portait malgré moi sur Niels. Mes yeux se promenaient sur son corps, ses jambes, ses fesses, ses bras, sa bouche... Ses cheveux blonds mouillés tiraient sur le châtain clair désormais. Son regard surprit le mien. Il sourit. Je trébuchai et m'écroulai, tête la première sur le sol. Un peu déboussolé, je me relevai tout aussitôt, pour de ne pas tirer mon humiliation plus avant.

J'entendais, au loin, Romain et Nicolas se bidonner. Félix, Gauthier, Pierre et Paulin, après avoir compris que je n'avais rien de cassé, se joignirent aux éclats de rire des deux autres. Pierre et Niels vinrent à mon secours. Après s'être assuré que tout allait bien, Pierre s'éloigna et reprit position sur le terrain.

– Rien de cassé ? s'enquit Niels.

Je secouai la tête.

– T'es sûr, insista-t-il, pointant mon front du doigt.

Y a-t-il mieux dans la vie que d'embrasser des garçons ? [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant